Le Parti Communiste français actuel et la culture
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le véritable problème du Parti Communiste français n'a pas été tant idéologique que culturel. La question culturelle a été la boîte de Pandore du libéralisme au sein du PCF : sous prétexte de s'ouvrir aux artistes dans les années 1950, il y a eu toute une vague de libéralisme et de relativisme.
Ce fut le culte de Pablo Picasso, avec Louis Aragon aux premières loges, et une hégémonie d'autant plus grande sur les artistes qu'on était là dans un paternalisme bourgeois et libéral, totalement à l'opposé des principes du réalisme socialiste.
Si les marxistes-léninistes quittant le PCF dans les années 1960 ont dénoncé cet esprit libéral, ils n'ont eux-mêmes jamais bataillé sur le plan culturel, abandonnant tout simplement le terrain.
Pour comprendre le sens de cela, voyons ce qu'a dit Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, dans un discours intitulé « Restons Charlie ». Voici en effet des thèses totalement idéalistes sur le plan culturel :
« Restons ce pays où une presse libre et impertinente peut secouer les consciences et les préjugés. »
Parler de presse libre en France est tout à fait erroné. Pour produire un journal il faut le déclarer, envoyer des copies à différents organismes (ministère, préfecture, bibliothèque nationale…) ce qui est bien compliqué déjà. Mais ce n'est rien bien entendu comparé à la question du financement, ainsi que de la diffusion puisque celle-ci est faite par un organisme national imposant des conditions très difficiles.
Sans l'aide annuelle de l’État de pratiquement sept millions d'euros, L'Humanité ne pourrait pas être publiée ; en 2013, l’État a également fait sauter une dette de quatre millions d'euros...
« Restons ce pays de dessinateurs, de bibliothèques, de musées, de cinémas, de scènes et d'arts vivants. Restons ce pays qui a poussé son attention à la culture jusqu'à inventer un statut du travail, celui des intermittents, qui garantisse la création du spectacle vivant. »
Tout le monde sait que le prix des musées a terriblement augmenté ces dernières années, et que les grandes expositions relèvent du sensationnalisme pratiquement guignolesque, comme ces œuvres de l'art contemporain exposés à Versailles, les expositions de David Bowie, Jeff Koons, etc.
Il y a en France également un peu plus de 2000 cinémas, plus d'une centaine de moins qu'il y a dix ans, et tout le monde sait que le cinéma d'auteur s'est fait anéantir par l'esprit de corruption d'un côté, les blockbusters de l'autre.
Quant au statut des intermittents, il a été créé afin d'aider une industrie à employer des personnes de manière facile, en contournant le principe des contrats de travail. L'industrie des médias et de la « culture » a utilisé cela en fraudant massivement, faisant en sorte que l’État rémunère en pratique ses salariés.
« Avec la liberté de parler sans tabou de sexe et d'amour, de ne jamais transiger sur la liberté des femmes de disposer de leur corps. »
On retrouve ici l'esprit libéral libertaire propre à la bourgeoisie urbaine se targuant d'être de gauche, alors qu'en réalité elle est sans morale, aux mœurs décadentes, masquant sa dépravation derrière la « liberté »
« dans les rues on a parlé police, justice, on a parlé école, culture. C'est dire qu'on a parlé services publics. Des services publics qui font, eux aussi, aussi le ciment de notre République. Des services publics aujourd'hui menacés de mort par les politiques d'austérité. Rester Charlie, c'est donner un nouvel élan aux services publics, renforcer leur efficacité, étendre leur champs d'action. »
L'école, la culture, la justice, la police : tout cela est une forme qui a un contenu. La grande trahison du PCF est justement d'avoir, comme Jean Jaurès, nié la question du contenu, pour ne parler que de la forme, contribuant de ce fait à moderniser l’État capitaliste, tout en prétendant le réformer de manière « révolutionnaire ».
Tout policier connaît cette contradiction qu'il se veut au service du peuple, mais que ses ordres sont pris par en haut, de manière absolument non démocratique, et lui-même devient un rouage d'une machinerie coupée du peuple, finalement méprisée voire haïe. C'est pareil pour les professeurs, les juges, etc.
La plupart s'en accommodent et préfèrent rester prisonniers d'une logique élitiste, anti-populaire. Mais cela pose précisément la question du contenu démocratique, et de cela le PCF ne parle, car il n'a pas de programme culturel, contrairement à nous, qui affirmons que l'exigence de notre temps, c'est le réalisme socialiste, qui affirme la réelle culture du peuple, son histoire, son exigence démocratique de décider des orientations de la société.