Existentialisme et pessimisme - 1re partie : introduction
Submitted by Anonyme (non vérifié)L'idéologie de la bourgeoisie développée reflète nécessairement le pessimisme d'une classe condamnée par l'histoire. Pour cette raison, la bourgeoisie a développé toute une réflexion sur l'existence, s'exprimant dans l'approche de la vie par l'existentialisme, en philosophie par la phénoménologie, dans les arts et les lettres par l'art contemporain et le « nouveau roman ».
Cette putréfaction de la bourgeoisie en tant que classe contamine nécessairement, de par les formidables moyens de celle-ci tant intellectuellement que matériellement, l'ensemble de la société. Cela est particulièrement flagrant lorsqu'on regarde tel ou tel scénario d'une superproduction cinématographique, ou bien les attitudes générales qui existent sur internet.
L'individualisme se conjugue avec le libéralisme et le cynisme ; les attitudes méprisantes et hautaines s'expriment dans un flux continu, propre à des egos façonnés par la bourgeoisie en décomposition. Tout est dans la posture et la quête d'intégration dans un processus d'accumulation capitaliste, y compris les rapports personnels et les relations sentimentales.
Il serait toutefois erroné de confondre l'existentialisme et le pessimisme avec l'autre grande expression de la bourgeoisie s'effondrant en tant que classe : l'irrationalisme romantique et fasciste. Cette dernière forme relève de la bourgeoisie la plus agressive, celle des monopoles. Elle se présente comme une rébellion, comme une aventure, comme une action.
Le courant de l'existentialisme et du pessimisme est une critique passive, visant à neutraliser toutes les révoltes en les confinant dans la posture sans conséquences et dans l'expressionnisme. L'irrationalisme romantique et fasciste vise au contraire à mobiliser dans le sens de la bourgeoisie impérialiste, au moyen d'une « révolte contre le monde moderne ».
S'il y a ainsi des ponts entre l'existentialisme et le pessimisme d'un côté, l'irrationalisme romantique et fasciste de l'autre, qui sont très nombreux et inévitables, s'ils se nourrissent l'un l'autre, il y a suffisamment de nuances et de différences pour que les deux courants coexistent comme deux faces de la même pièce de la bourgeoisie en putréfaction.
Chaque courant est d'ailleurs obnubilé par l'autre et on lit aisément qu'il considère l'autre comme son ennemi ; c'est la raison du « jeu » provocateur entre d'un côté les « femen » les « post-modernes » favorables au queer et de l'autre les « conservateurs révolutionnaires ». Tout cela est censé former un tourbillon happant toutes les initiatives et empêchant l'affirmation du matérialisme dialectique.
Ce serait d'ailleurs une très grande absurdité que de ne pas voir les énormes ressources matérielles dont disposent ces courants. L'existentialisme et le pessimisme, en l'occurrence, sont professés dans toutes les universités de notre pays, sans oublier les lycées et les collèges. La figure du professeur de philosophie aigri, qui relativise et qui pratique le cynisme, tout en s'imaginant « radical » dans sa « critique » du style de vie moderne, est à ce titre exemplaire, typique, forcément connue de tous.
Dans la seconde partie des années 1940 et dans les années 1950, le Parti Communiste français avait tout à fait compris la menace de l'existentialisme, qu'il a immédiatement combattu. Mais avec le triomphe du révisionnisme en son sein, l'affrontement était vain et voué à l'échec. L'abandon de Staline signifiait l'abandon du matérialisme dialectique, par ailleurs déjà peu maîtrisé réellement.
L'existentialisme put donc se diffuser, porté par des intellectuels soutenus directement par la bourgeoisie, puisqu'il s'agit de professeurs d'université, de l'Ecole Normale Supérieure, largement médiatisé par la presse de l'époque, qui au-delà de les encenser, les a présentés comme la principale actualité intellectuelle.
Cela est, dans les faits, valables jusqu'à aujourd'hui ; l'existentialisme et le pessimisme ont contaminé largement les masses, et en particulier l'extrême-gauche et la gauche, qui conçoivent leur projet comme une sorte de « moindre mal », ayant adopté l'anticommunisme d'Albert Camus et Jean-Paul Sartre, rejetant catégoriquement la conception d'une science prolétarienne, au profit du soutien à la « révolte ».
En ce sens, sans juste compréhension et rejet de l'existentialisme et du pessimisme, comprendre le matérialisme dialectique et le défendre n'est pas possible.