28 fév 2012

Discours de Marine Le Pen à Chateauroux : le fascisme et les chasseurs

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Hier, Marine Le Pen a prononcé à Châteauroux un discours sur la ruralité. Un site spécialement consacré à la ruralité (ruralite2012.com) a même été lancé vendredi dernier. Au cours de son allocution, Marine Le Pen a évoqué spécifiquement sa vision de la chasse et des chasseurs :

« J'aimerais vous dire quelques mots sur la chasse que le parisianisme présente trop souvent comme s'opposant à la nature.

 

Or qui connaît mieux la faune et la flore, qui est plus respectueux de celles-ci que celui qui va par des chemins où plus personne ne va, exerçant ainsi une surveillance tranquille ? Qui est plus attaché à la préservation des espèces et à leur nécessaire régulation que ceux qui restent charnellement attachés à cette tradition ancrée dans l'origine de l'homme ? [...]

 

Quelques pays nordiques ont interdit la chasse de toute une série d'espèces... et puis évidemment ces espèces se sont multipliées et sont devenues – du fait de leur importance - nuisibles […] Il y a quelques temps, il y avait tellement de sangliers dans la région parisienne qu'ils ont dû payer des fonctionnaires pour venir les tirer.

 

Nous voyons bien qu'il faut faire confiance à ceux qui ne gèrent pas notre faune à coups de statistiques mais qui la vivent au quotidien et qui sont aussi les transmetteurs, le relais de connaissances ancestrales sur les cycles et les équilibres de la nature. Vous savez, moi je suis très attachée à la protection animale et je n'oublie pas aussi que les chasseurs sont aussi des amoureux des animaux, des amoureux de leur chien déjà. »

 

Pour commencer, en tant que matérialistes fondent leur analyse dans la pratique, nous ne pouvons que relever de celle qui se présente comme « attachée à la protection animale » alors qu'elle défend les abattoirs et va même jusqu'à poser tout sourire au milieu de carcasses (cf. notre article « Marine Le Pen, la viande halal, l'agro business »). De même pour les chasseurs, artificiellement par Marine Le Pen promus au rang d'amoureux de la nature alors que leur activité consiste à les tuer ! Au passage, le grand nombre de sangliers en région parisienne est principalement dû à la pratique massive de l'agrainage, consistant à nourrir les animaux dans leur milieu naturel, par les chasseurs eux-mêmes pour leur « loisir » barbare !

 

Ce piétinement de la réalité caractéristique des fascisme (par essence anti-matérialiste) transpire de l'ensemble du passage retranscrit ci-dessus.

 

En fait, Marine Le Pen s'inscrit dans la droite ligne du culte que la bourgeoisie française voue aux ingénieurs. Elle ne parle ainsi pas d'une nature mais plutôt d'ingénierie de la nature. Marine Le Pen ne considère que l'être humain appartient à la nature mais qui lui fait face. Ainsi, selon sa vision des choses, la nature est susceptible de menacer "l'espace vital" de l'être humain. Ce dernier serait donc légitime dans sa tâche de régulation de la nature qui, sinon, prendrait le dessus et l'envahirait. Le thème des animaux envahisseurs est d'ailleurs un thème classique du cinéma hollywoodien anti-communiste des années 50 ou des classiques Les oiseaux et Les dents de la mer.

 

Pour nous communistes, il n'existe pas d'« espèces nuisibles », selon l'expression consacrée par la bourgeoisie et évidemment reprise par Marine Le Pen. En effet, il ne peut exister d'« espèce nuisible » dans la biosphère. Notre planète, la Terre, est un vaste organisme vivant qui réunit toutes les formes de vie en son sein. Toutes les espèces sont donc interconnectés entre elles car elles représentent toutes des formes différentes d'une même matière en mouvement. En tant que biosphère, notre planète maintient les conditions de la vie et l'équilibre naturel entre toutes les espèces.

 

Au contraire, pour les fascistes, la nature est un cadre patriarcal animée par une lutte pour la survie entre prédateurs et proies. Dans cette vision social-darwiniste de la nature, les forts triomphent et les faibles sont éliminés. Toujours sous cet angle fasciste, l'être humain doit se faire respecter et se faire sa place.

 

Les fascistes comme Marine Le Pen sont donc incapables de comprendre la biosphère dans son ensemble, ils ne voient qu'une lutte particulière et patriarcale au niveau de chaque espèce séparée les unes des autres, selon leur approche déformée / anti-matérialiste de la réalité.

 

Pourtant, il existe bien un équilibre dans la nature, un équilibre essentiel à la vie. Par exemple, aucune espèce de prédateur n'extermine une espèce de proie. Les deux sont en vérité interdépendantes l'une de l'autre.

 

En outre, des espèces abusivement appelées « nuisibles » prospèrent hors de leur milieu naturel précisément en raison du bouleversement imposé par le mode de production capitaliste sur l'environnement et qui se manifeste notamment par le réchauffement climatique. Il arrive ainsi aujourd'hui que des espèces inhabituelles se répandent dans certaines régions où elles n'existaient pas auparavant. Toutefois, elles n'ont pas « envahi » un territoire, elles y ont été poussées par le réchauffement climatique résultant du mode de production capitaliste (il existe aussi parfois par le commerce irresponsable d'animaux « exotiques » utilisées comme NAC – nouveaux animaux de compagnie – comme les tortues de Floride).

 

Les êtres humains ont la particularité d'être les seuls animaux à être à la fois les produits de la nature et de leur propre travail. A l'inverse de cette approche scientifique, on remarque que Marine Le Pen considère de manière erronée la chasse comme « une tradition ancrée dans l'origine de l'homme ». Nous avons droit ici à une vision purement romantique, qui plus est renforcée par des envolées lyriques qui entendent se détacher de la réalité matérialiste (l'expression « charnellement attachés » par exemple).

 

D'un point de vue matérialiste, la chasse est une activité correspondante à un mode de production dans l'histoire mais en aucun cas une « tradition » irrémédiablement attachée à la « nature humaine » ni liée « aux origines » de l'être humain. A l'inverse, pour Marine Le Pen, l'être humain n'appartient pas à la nature et n'en est pas une production. D'ailleurs, selon elle, toute la vie commence avec l'être humain et celui-ci a pour mission de restreindre une nature « débordante » et possiblement « nuisible »...

 

En vérité, c'est le mouvement perpétuel de la matière lui-même qui va dans le sens de la vie, une vie préservée sous toutes ses formes dans la biosphère. L'être humain n'est qu'une forme de vie apparue très récemment dans l'histoire de notre univers. Les communistes doivent toujours garder en tête le calendrier de Carl Sagan dans lequel l'âge de l'univers est ramené sur une période d'un an et où l'être humain moderne apparaît le 31 décembre, 6 minutes avant minuit...

 

 

La préservation de la chasse est incompatible avec la l'exigence de civilisation. La tâche civilisationnelle de notre époque repose dans la juste compréhension de la biosphère du matérialisme dialectique qui régit les lois de l'univers. Le capitalisme n'est pas viable, notre planète est meurtrie par l'exploitation écocidaire qu'elle subit. La vie a besoin du communisme !

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