Marine Le Pen, la viande halal, l'agro business
Submitted by Anonyme (non vérifié)Marine Le Pen a affirmé que toute la viande disponible en Ile-de-France est halal et ce à l'insu du consommateur.
Cette sortie médiatique de Marine Le Pen illustre à quel point le fascisme est un mouvement réactionnaire qui, dialectiquement, représente un saut qualitatif du capitalisme. La question que soulève Marine Le Pen est éminemment moderne... mais posée dans une perspective contraire à l'édification d'un haut degré de civilisation.
Marine Le Pen joue ici habilement sur l'exigence populaire de retrouver un rapport apaisé avec la nature, dont font partie les animaux.
D'ailleurs, Marine Le Pen ne parle pas des animaux, des animaux en vie. Elle ne s'intéresse qu'au produit mort que l'on en tire, c'est-à-dire la viande. Marine Le Pen illustre ainsi toute la dimension populiste du fascisme, puisque seules les questions de la « tromperie du consommateur » et de « l'infiltration de traditions étrangères » sont importantes à ses yeux.
Être communiste signifie de toujours garder l'ambition de se positionner en tant qu'avant-garde. Cet esprit d'avant-garde ne peut se fonder que l'analyse matérialiste du réel.
Marine Le Pen essaie de substituer son approche populiste à la réalité. En vérité, l'abattage rituel musulman, exigeant notamment que l'animal ne soit pas étourdi, est d'une brutalité insupportable au même titre que ce que fait subir quotidiennement le mode de production capitaliste aux animaux.
Ainsi, la question de l'étourdissement des animaux est une hypocrisie totale. En vérité, dans le cadre d'un abattage non halal, l'ouvrier chargé de tuer les animaux applique sur leur tête des pinces électriques qui envoient une décharge (les pistolets percuteurs produisent un effet très similaire). Les animaux s'effondrent alors au sol et sont pris de convulsions violentes. Leurs yeux se révulsent et ils bavent abondamment. Tout cela est évidemment prévu par l'industrie de la viande qui appelle cette phase de convulsions la « phase clonique » (on voit ici une expression de la volonté froide de rationalisation de la bourgeoisie).
C'est pendant les convulsions que l'ouvrier égorge l'animal suspendu mécaniquement par les pieds pour faciliter l'écoulement abondant du sang. Ainsi, l'abattage halal ne change strictement rien si ce n'est que l'animal n'est pas pris de terribles convulsions avant d'être égorgé. Dans tous les cas de figure, les animaux meurent dans la souffrance, une souffrance bien visible et indéniable.
La réalité est que les animaux ne sont pas de la « viande sur pattes » mais des êtres vivants qui ont droit au respect.
La réalité est que les animaux sont élevés dans des conditions ignobles dans des fermes-usines ultra polluantes et ensuite abattus à la chaîne, que ce soit selon le rituel musulman ou pas.
Le capitalisme n'a aucune considération pour le vivant qu'il traite comme une vulgaire marchandise accroissant son profit. Les animaux d'élevage ne naissent pas, ils sont produits ; ils ne meurent pas, ils sont abattus et transformés.
La réalité sordide du capitalisme est celle de l'exacerbation de la contradiction entre les villes et les campagnes et, par conséquent, de la dénaturation de l'être humain.
La question à se poser n'est donc pas celle de la méthode d'abattage, de toute façon barbare, mais de notre rapport à la nature. Cette question est liée à la reconnaissance de l'être humain en tant qu'animal vivant au sein de la biosphère et de la nécessité de faire reculer les villes dénaturées du capitalisme. Cette prise conscience porteuse de la civilisation du futur est déjà bien présente sur notre site Voie Lactée et prendra forme concrètement avec la révolution socialiste.
Mais dès aujourd'hui, la révolution culturelle porteuse d'un nouveau rapport à la nature s'inscrit au coeur des pratiques quotidiennes, et notamment la façon de s'alimenter. Le fait de manger, au-delà de la nécessité physiologique, constitue aussi une réalité sensorielle de la vie de tous les jours.
Le goût est un élément de cette réalité sensorielle, mais pas l'élément unique. Cette réalité sensorielle englobe aussi la biosphère dont les humains sont une composante à part entière. La réalité sensorielle nous conduit donc à prendre en considération ce que nous mangeons dans sa globalité. Ainsi, la viande n'est pas un produit abstrait à considérer comme « bon » ou « pas bon ». Non, la viande est le cadavre bien concret d'un animal vivant.
Voilà ce que dicte la réalité et ce dont ne peut s'extraire abstraitement le goût.
En France, l'idéologie dominante de la bourgeoisie célèbre justement de manière réactionnaire les produits du terroir pour dénaturer la réalité de leur production. Sous cet éclairage anti-matérialiste, le goût est uniquement une affaire romantique, une jouissance quasi mystique « qu'il faut vivre, mais qui ne s'explique pas ». En France, la propagande bourgeoisie contourne la réalité sensorielle et invente au contraire une évasion sensorielle, un « trip » voluptueux. Ce rapport dénaturé, romantique et addictif à la nourriture se vit dans la grande cuisine bourgeoise hors de prix tout autant que dans la production de masse.
L'industrie agro-alimentaire surcharge ainsi ses produits d'acides gras saturés, de sucre, de sel, d'exhausteur de goût pour créer une saveur artificielle aux composantes rapidement addictives. Le plaisir ressenti à la consommation d'aliments très gras ou très sucrés tient en réalité du comblement d'un manque. Le prolétariat subit tout particulièrement l'offensive de l'agro-business dont les produits bon marché aux saveurs dénaturés sont les plus addictifs et dangereux pour la santé.
La démarche épicurienne en matière d'alimentation s'inscrit dans une réalité sensorielle qui prend en compte l'existence de la biosphère tout entière. Sur le site de Voie Lactée, le ministère de l'épicurisme propose de nombreuses recettes de cuisine savoureuses sans aucun produit issu de l'exploitation des animaux justement pour ancrer la réalité sensorielle, et notamment celle du goût, dans la conscience de la biosphère.
Bien entendu, dans l'environnement dénaturé du capitalisme, la perception de la biosphère est une démarche essentiellement intellectuelle car nos sens sont malheureusement mis en veilleuse par la déconnexion avec la nature. Dans le socialisme les rapports de production se modifieront radicalement et les êtres humains s'imprègneront alors directement de la nature qui les entoure, les abrite et les habite.