Basanta, une « fraction rouge » au service de la bourgeoisie
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le 18 novembre, « Basanta », un important membre de la prétendue “fraction rouge” au Népal, a publié un document intitulé “Les tâches de la conférence du Comité Central à venir.”
Il exprime dans ce document le point de vue général de la prétendue “fraction rouge” dans la présente situation; regardons cela, pour voir si nous avons ou pas les thèses révisionnistes auxquelles nous pouvons nous attendre.
1.Premier point.
a)Basanta reconnaît le fait que son parti n'est pas démocratique, que les décisions sont prises par un petite camarilla, mais il n'appelle pas à réorganiser le parti sur une base correcte;
b)Basanta soutient la ligne générale faite jusqu'ici, il ne la considère pas comme révisionniste.
Cela est clair quand nous lisons:
« Pour les derniers quelques mois et principalement à la périphérie de la formation du gouvernement sous la direction de notre parti, de nombreuses décisions erronées ont été prises au nom du parti.
Ces décisions, d'un côté, ne sont pas consistantes avec la ligne générale du parti, et, de l'autre, n'ont pas été prises par un organe authentique de notre parti. Ces décisions ont été prises par deux dirigeants, le secrétaire du parti et le vice-secrétaire Baburam Bhattarai, adoptant un processus erroné et en contradiction avec la politique générale du parti. »
Cette position de Basanta n'est pas logique. Ou bien il y a eu un putsch dans le parti, et alors les putschistes doivent être éjectés du parti, une nouvelle direction formée, un nouveau comité central élu.
Ou bien il n'y a pas eu de putsch, et alors il y a seulement un « débat » sur une ligne qui a été acceptée jusqu'à présent.
Conscient de cette contradiction, Basanta tente de « sauter » du parti aux masses : « Maintenant les questions politiques sur lesquelles il y a débat sont non seulement dans le parti mais dans les masses également, comme suit. »
Est-ce léniniste? Non, cela ne l'est pas. Le Parti dirige les masses; même si les masses participent dans le débat du Parti, l'avant-garde a le rôle dirigeant dans le processus.
Si Basanta a raison, alors le parti doit être reconstruit. Mais il n'appelle pas à cela: il dit seulement que comme le parti est “out”, alors il faut utiliser les masses.
2.Second point.
Comme dit plus haut, Basanta ne rejette pas la stratégie républicaine de Prachanda.
Il dit:
« Premièrement, la tactique politique immédiate de notre parti est d'établir une République Populaire Fédérale, qui porte un contenu anti-féodal et anti-impérialiste. »
Est-ce correct ? Est-ce conforme au marxisme-léninisme-maoïsme ?
Non, cela ne l'est pas. C'est même une conception typiquement trotskyste : la révolution « par étapes. »
Le marxisme-léninisme-maoïsme enseigne que la révolution doit être ininterrompue ; le Parti dirige la révolution démocratique, qui se transforme en révolution socialiste.
Ici, Basanta veut seulement une révolution qui « porte un contenu anti-féodal et anti-impérialiste. »
Il ne veut pas une révolution démocratique conduite par le parti, dont l'identité est anti-féodale et anti-impérialiste. Il veut quelque chose, un type de révolution portant un contenu anti-féodal et anti-impérialiste.
C'est une soumission à la bourgeoisie nationale, et en fait, Basanta l'exprime ouvertement.
Mao Zedong nous enseigne que la bourgeoisie nationale peut être un allié ; Basanta explique qu'elle doit être un allié. C'est du maoïsme vu par les hoxhaïstes !
Voici ce que dit Basanta :
« Qu'est-ce que cela, si ce n'est une trahison de la nation, lorsque le Premier Ministre signe un accord avec l'Inde où le Népal est d'accord pour fournir des facilités aux classes capitalistes monopolistes indiennes équivalentes aux investisseurs népalais, et pour compenser les premiers lorsque leurs projets affrontent des pertes en raison de causes comme des bandhs [grève générale], des grèves et des rébellions ?
Comment cet accord est-il en faveur de la bourgeoisie nationale népalaise et du Népal lui-même ?
Comment est-ce que cet accord est-il conforme à la position de notre parti qui dit que la contradiction principale de la société népalaise est la contradiction formée par principalement les classes capitalistes monopolistes indiennes et leurs agents népalais, d'un côté, et le peuple népalais et la nation, de l'autre ? »
Lorsque Basanta explique que la contradiction principale de la société népalaise est « la contradiction formée par principalement les classes capitalistes monopolistes indiennes et leurs agents népalais, d'un côté, et le peuple népalais et la nation, de l'autre », il exprime une thèse révisionniste classique.
C'est la négation totale de ce qu'est la révolution démocratique : une révolution bourgeoise conduite par la classe ouvrière en alliance avec les paysans, dont la nature bourgeoise est soumise et renversée dans la révolution socialiste.
3.Troisième point.
Basanta rejette la direction de la classe ouvrière ; sa pensée essaie d'être « progressiste », mais elle n'est pas communiste.
Il dit par exemple :
« Troisièmement, le Premier Ministre Baburam Bhattarai a déclaré qu'il fournirait des mesures d'assistances pour le peuple après que le gouvernement ait été formée sous sa direction. Mais de manière étrange, cela n'est pas apparu comme des mesures d'assistance pour les classes opprimées, c'est-à-dire les paysans sans terre et les paysans pauvres. »
Les classes opprimées sont-elles seulement les paysans sans terre et les paysans pauvres ? Certainement pas. Cela oublie la classe ouvrière, mais également les paysans moyens et la petite-bourgeoisie, et même la bourgeoisie nationale.
Et, en fait, nous pouvons même dire que la logique de Basanta est bourgeoise : il défend seulement la distribution de la terre, exactement comme l'a fait la révolution bourgeoise en France à la fin du 18ème siècle.
Basanta dit :
« En fait, pour le peuple opprimé, il s'agissait d'assistances « blessantes » qui se sont engagées à retourner la terre, avec compensation, aux propriétaires terriens dont les paysans sans terre et les paysans pauvres ont pris la terre au moment de la guerre populaire.
N'est-ce pas une capitulation devant la classe des propriétaires terriens, de la part du Premier Ministre Maoïste, qui a décidé de retourner la terre aux propriétaires terriens, et de la part du secrétaire du parti Maoïste, qui a fait circuler dans tous les rangs du parti une circulaire pour la mise en œuvre de cette décision ? »
De fait, c'est une capitulation, mais Basanta devrait l'avoir compris au moins il y a 5 ans, parce que le processus était évident. Ses positions aujourd'hui sont une position bourgeoise – avec le problème que le Népal en 2011 n'est pas la France en 1789.
4.Quatrième point.
Basanta est-il pour une armée rouge indépendante? Non, il ne l'est pas. Ce point est très important. Et Basanta est très clair :
« Quatrièmement, notre politique de parti est de pousser côte à côte à la fois le processus d'intégration de l'armée l'écriture de la constitution. »
Qui plus est, il soutient même ouvertement les accords de paix, en disant que Prachanda a trahi la tactique :
« La nouvelle force devrait être formée en comprenant au moins 50% venant de l'Armée Populaire de Libération et le reste des forces de sécurité, quatrièmement, cette nouvelle force devrait être dirigée par l'Armée Populaire de Libération. »
Cela apparaît comme très radical, mais en réalité c'est anti-marxiste : comment est-ce qu'un Etat réactionnaire pourrait se rendre et donner les clefs du pouvoir à l'armée rouge ? Cela n'est tout bonnement pas possible.
Le point de vue de Basanta est simplement bourgeois : ce qu'elle veut est la soumission de la bourgeoisie bureaucratique, et la victoire de la bourgeoisie nationale.
C'est également très clair avec le point de vue fédéraliste.
5.Cinquième point.
En Asie du Sud, il y a des gens soutenant le même point de vue que la révolution américaine à la fin du 18ème siècle. Ils sont ultra-democratiques, mais pas marxistes.
« Cinquièmement, afin de mettre un terme à l'oppression nationale, linguistique et régionale imposée par l’État unitaire, le peuple népalais a achevé le fédéralisme, ce qui est l'une des réalisations de la guerre populaire.
La lutte que nous camarades ont mené en faveur de l'établissement de 14 Etats fédéraux au Népal ont acquis une majorité dans le comité de restructuration de l'Etat de l'assemblée constituante. »
Affirmer qu'un État unitaire serait automatiquement « oppresseur » n'est pas marxiste. La question n'est pas Etat unitaire ou fédéralisme, mais l'identité de l'Etat. Ici encore, nous trouvons un positionnement qui est quasi anarchiste, tellement il est ultra-démocratique et bourgeois comme en Europe et en Amérique à la fin du 18ème siècle.
6.Sixième point.
Basanta a un point de vue très négatif quant à la situation :
« Maintenant, le peuple a perdu l'intégralité des réalisations qu'il a acquis durant les dix ans de guerre populaire. Il n'y a pas de pouvoir populaire, l'APL qui a été formée sous le concept maoïste selon lequel « le peuple n'a rien sans armée populaire » a été dissoute et le fédéralisme est également en train d'être enlevé par de prétendus experts. »
Eh bien, si cela est vrai, alors Basante devrait dire : reconstruisons le parti. Mais il ne dit pas cela. Pour lui, le parti n'a pas échoué, seulement les dirigeants.
Il dit :
« Les faits mentionnés plus haut ne sont pas les expressions d'erreurs ou de faiblesses de la part de notre direction. Ils sont le produit de leur déviation par rapport à la ligne idéologique et politique et la stratégie minimum de notre parti. »
Ce n'est pas marxiste et c'est un rejet clair de la lutte entre deux lignes. C'est encore le point de vue trotskyste traditionnel, qui explique que les dirigeants ont trahi, que les bureaucrates ont trahi, etc.
Basanta dit même que le temps est venu de « protéger l'unité du parti » - au lieu de promouvoir la lutte de deux lignes à tous les niveaux : politique, idéologique, culturel.
Lorsque Basanta dit :
« Maintenant il est clair que notre secrétaire avait en fait adopté la république démocratique comme stratégie à la conférence du Comité Central à Chunwang même s'il disait que c'était une tactique.
Tout cela rend clair que notre secrétaire général est dans un processus brusque de rupture, depuis l’éclectisme jusqu'à l'évolutionnisme vulgaire en idéologie et l'opportunisme centriste jusqu'au révisionnisme de droite en politique. »
Alors nous ne pouvons que dire: Basanta, où est ton auto-critique? Cela a déjà été dit auparavant ! Tu arrives trop tard en disant cela.
Au lieu de parler de démocratie et de révolution socialiste, tu devrais assumer le mot dictature et ce qu'il signifie lorsqu'il est utilisé avec les mots « classe ouvrière. »