Ce qu'est le centrisme et la question népalaise
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le terme de centrisme revient souvent en parlant du Népal, pour caractériser une tendance politique qui rejette la contre-révolution mais n'assume pas la rupture avec elle.
D'où vient ce terme ? Historiquement, le centrisme est une définition avec laquelle Lénine définit une tendance : celle qui au sein des socialistes rejette les chauvins, mais n'assume pas l'internationalisme.
Il y a la gauche, la droite, et un centre qui est entre les deux, n'assumant finalement ni l'un ni l'autre et disparaissant.
Voici comment Lénine présente le « centre » en parlant de l'Internationale socialiste en 1917 :
« 2) La deuxième tendance est celle dite du « centre », qui hésite entre les social‑chauvins et les véritables internationalistes.
Le « centre » jure ses grands dieux qu'il est marxiste, internationaliste, qu'il est pour la paix, pour toutes les « pressions » sur les gouvernements, pour toutes les « revendications » tendant à obliger son propre gouvernement à « manifester la volonté de paix du peuple », pour toutes les campagnes possibles et imaginables en faveur de la paix, pour la paix sans annexions, etc., etc., et pour la paix avec les social-chauvins. Le « centre » est pour l’« unité », le centre est l’adversaire de la scission.Le « centre », c'est le règne de la phrase petite‑bourgeoise bourrée de bonnes intentions, de l'internationalisme en paroles, de l'opportunisme pusillanime et de la complaisance pour les social‑chauvins en fait.
Le fond de la question, c'est que le « centre » n'est pas convaincu de la nécessité d'une révolution contre son propre gouvernement, ne la préconise pas, ne poursuit pas une lutte révolutionnaire intransigeante, invente pour s'y soustraire les faux‑fuyants les plus plats, bien qu'à résonance archi-marxiste.
Les social‑chauvins sont nos adversaires de classe, des bourgeois au sein du mouvement ouvrier. Ils y représentent des groupes, des milieux ouvriers objectivement achetés par la bourgeoisie (meilleur salaire, postes honorifiques, etc.) et qui aident leur bourgeoisie à piller et à étrangler peuples petits et faibles, à faire la guerre pour le partage du butin capitaliste.
Le « centre », ce sont des hommes de routine, rongés un légalisme pourri, corrompus par l'atmosphère du parlementarisme, etc., des fonctionnaires habitués aux sinécures et à un travail « de tout repos ». Historiquement et économiquement parlant, ils ne représentent pas une couche distincte.
Ils représentent simplement la transition entre une phase révolue du mouvement ouvrier, celle de 1871-1914, qui a beaucoup donné, surtout dans l'art, nécessaire au prolétariat, de l'organisation lente, soutenue, systématique, à une grande et très grande échelle, ‑ et une phase nouvelle, devenue objectivement nécessaire depuis la première guerre impérialiste mondiale, qui a inauguré l'ère de la révolution sociale. »
(Les tâches du prolétariat dans notre révolution,)
Mais pourquoi parler de centrisme lors de la question népalaise ?
La raison en est simple. Durant les années 2000, il y a eu des embryons de critique faites du Parti Communiste du Népal (maoïste). Ces critiques n'étaient bien entendu pas publiques, et concernaient le mouvement maoïste international seulement.
Par exemple, il était connu que les maoïstes du Pérou reprochaient aux maoïstes du Népal de subordonner l'armée au Front. Au lieu d'avoir le Parti, l'armée, le front, il était considéré alors qu'au Népal la ligne était plutôt le Parti, le front, l'armée.
Il n'est pas difficile de voir qu'en pratique, le Parti Communiste du Népal (maoïste) a en effet subordonné l'armée au front, en faisant du front une alliance avec des partis bourgeois.
Tout cela a culminé dans l'affirmation par le Parti Communiste du Népal (maoïste) comme quoi le Népal serait une nouvelle Suisse, qu'il fallait « un socialisme du 21ème siècle », que la direction d'un seul Parti n'était pas démocratique, etc.
Lorsque le PCMLM a en France critiqué le Parti Communiste du Népal (maoïste) à la fin 2005, ce n'était que l'expression de toute une vague de critiques qui commençait à émerger voir plus au sein des organisations latino-américaines, c'est-à-dire ayant eu connaissance de l'exemple péruvien et du refus de la capitulation.
Cela, c'est clairement la « gauche » dans le mouvement maoïste international. Elle se caractérise par un refus de toute souplesse idéologique, tactique ou stratégique dans le marxisme-léninisme-maoïsme.
Mais qu'était alors la « droite » ? La droite, cela a été les organisations suivant le Parti Communiste du Népal (maoïste) qui devenait le chef du file du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI), le regroupement maoïste né dans les années 1980.
Le MRI avait joué un rôle très positif dans les années 1980 et au début des années 1990. Il rejetait les structures internationalistes « marxistes-léninistes » comme celle du PTB (Parti du Travail de Belgique) ou du MLPD (Parti Marxisme-léniniste d'Allemagne), qu'on peut considérer comme la « droite. »
Mais il s'opposait également au « centrisme » qui ne voulait pas prendre position sur le plan international : PC des Philippines, TKP/ML, PC d'Inde Guerre Populaire, qui produiront la revue « Vanguard » (avant-garde), revue devant concurrence « Un monde à gagner » qui était la revue produite par le MRI.
Cependant, si le Parti Communiste du Pérou a réussi, avec la guerre populaire, à imposer le marxisme-léninisme-maoïsme comme idéologie du MRI (en lieue et place du « marxisme-léninisme pensée Mao Zedong »), le comité d'organisation du MRI était lui dirigé par une tendance très à « droite. »
Cela se révéla suite à l'arrestation de Gonzalo en 1992, le Co-MRI donnant du crédit à la pseudo capitulation de Gonzalo, etc.
Le Co-MRI se révéla également être de plus en plus une structure autocratique dominée par le PC révolutionnaire des USA de plus en plus « post-maoïste » et le groupe iranien « Sarbedaran. » Il soutint totalement la ligne népalaise et finalement s'agglutinèrent d'autres groupes comme le PC révolutionnaire du Canada ou le PC maoïste italien.
Le MRI explosa alors courant 2000, le PC révolutionnaire des USA faisant cavalier seul dans un « post maoïsme » alors que le PC du Népal (maoïste) regroupait autour de lui les organisations n'assumant pas les positions de la « gauche » (principalement latino-américaine).
La signature des accords de paix au Népal stabilisa la situation, jusqu'à cette rentrée 2011 où la remise des clefs des containers avec les armes fit exploser les contradictions.
Le PC du Népal (maoïste) devenu PC du Népal unifié (maoïste) barrait à droite, laissant ses alliés au centre, alors que la gauche s'assumait tel quel en refusant ce virage.
Et la gauche, bien sûr, accuse le centre de ne pas avoir correctement rompu avec la droite, sur tous les plans (idéologique, culturel, etc.)
Mais posons une question logique : est-il possible de penser que la « gauche » a tort, qu'elle est « gauchiste » alors que le centre aurait raison ?
Tout aussi logiquement, constatons que ce n'est pas le cas, car le centre était collé à la droite encore il y a peu, alors que la gauche émerge lentement mais sûrement depuis non pas un ou deux ans, mais depuis 2005-2006.
Cela fait que la gauche ne peut que grandir, alors que le centre ne se trouve justement au centre que par le récent virage à droite.
Chaque jour qui passe, le centre s'affaiblit car sa position n'a aucune base réelle à part d'avoir assumé le prestige de la guerre populaire au Népal, et celle-ci meurt à petit feu.
Le centre représente une simple transition entre l'ancien mouvement maoïste international, avec principalement le MRI, et le nouveau dont fera inévitablement partie le PCMLM de France, de plein droit avec ses positions sur le Népal de 2005-2006.