Ludwig Feuerbach

24 déc 2014

Georg W.F. Hegel, nous l'avons vu, accorde une grande place à Baruch Spinoza dans la philosophie moderne ; Ludwig Feuerbach fait de même. « Spinoza est en fait l'auteur originel de la philosophie spéculative moderne », dit-il dans ses Thèses provisoires en vue d'une réforme de la philosophie.

Comme chez Georg W.F. Hegel, Baruch Spinoza est celui qui a assumé la totalité, mais qui a réussi à faire dégager l'horizon religieux encombrant cette perspective. Son panthéisme est l'intermédiaire entre la conception passée de l'univers au matérialisme.

D'ailleurs, à l'époque les anti-matérialistes avaient tout à fait compris les conséquences de la démarche de Baruch Spinoza. Ludwig Feuerbach explique ainsi ce mouvement général aboutissant forcément au matérialisme...

24 déc 2014

Pourquoi donc Dieu le fils n'est-il homme que dans la femme ? Le tout puissant n'aurait-il pas pu apparaître comme homme parmi les hommes d'une autre manière, sans médiation ?

Pourquoi donc le fils s'est-il réalisé dans le sein d'une femme ? Pourquoi, sinon parce que le fils est nostalgie de la mère, parce que son coeur féminin plein d'amour ne peut trouver d'expression correspondante que dans un corps féminin ?

Le fils en tant qu'homme naturel ne passe que neuf mois dans l'asile du sein féminin, mais ineffaçables sont les impressions qu'il y reçoit ; la mère ne sort jamais de l'esprit et du coeur de son fils. Par suite, si. l'adoration du fils de Dieu n'est pas idolâtrie, l'adoration de la mère de Dieu ne l'est pas non plus...

24 déc 2014

Ce qu'en général, et même par rapport aux objets sensibles, on a affirmé jusqu'ici du rapport de l'homme à l'objet, vaut particulièrement pour le rapport qu'il entretient avec l'objet religieux.

Dans le rapport aux objets sensibles la conscience de l'objet est séparable de la conscience de soi ; mais dans le cas de l'objet  religieux la conscience coïncide immédiatement avec la conscience de soi. L'objet sensible existe extérieures ment à l'homme, l'objet religieux en lui, objet intérieur -- qui le délaisse aussi peu que ne le fait sa conscience de soi, sa conscience morale — objet intime, le plus intime, le plus proche.

« Dieu », dit par exemple Augustin, « nous est plus proche, plus apparenté et partant plus facilement connais-sable que les choses sensibles, corporelles »...

24 déc 2014

La doctrine de la création a sa racine dans le Judaïsme ; elle est même la doctrine caractéristique, la doctrine fondamentale de la religion juive. Le principe qui lui est fonda-mental n'est pourtant pas tant celui de la subjectivité que celui de l'égoïsme. Dans sa signification caractéristique la doctrine de la création ne prend naissance que là où l'homme soumet pratiquement la nature uniquement à sa volonté et à ses besoins, et par suite dans sa faculté de représentation la réduit à l'état de pur et simple matière d'oeuvre, à l'état de produit de la volonté.

A présent son existence lui est expliquée, puisqu'il l'explique et l’interprète en dehors d'elle-même, il l'explique dans son esprit. La question : d'où provient la nature ou le monde ? présuppose proprement que l'on s'étonne sur son existence, ou que l'on se demande : pourquoi est-il ? Mais cet étonnement, cette interrogation ne naissent que là où l'homme s'est déjà séparé de la nature pour la réduire à un simple objet de la volonté.

19 déc 2014

Le point de vue de Ludwig Feuerbach et de Karl Marx est très clair concernant la dimension naturelle de l'être humain. L'objectif, c'est que l'être humain se ressaisisse comme naturel.

Dans L'essence du christianisme, Ludwig Feuerbach explique que :

« L'obscur dans la nature est cependant l'irrationnel, le matériel, la nature même dans les différences avec l'intelligence...

 

15 déc 2014

Max Stirner (1806-1856) est aux côtés de Ludwig Feuerbach et de Bruno Bauer (1809-1882) le second grand « hégélien de gauche », c'est-à-dire les disciples de la pensée de G.W. Hegel assumant le progressisme, la critique radicale de la religion.

Mais si Ludwig Feuerbach pave la voie à Karl Marx et Friedrich Engels, Max Stirner pave la voie à l'anarchisme. Son œuvre la plus célèbre, L'Unique et sa propriété (1844), est une attaque contre Ludwig Feuerbach.

Max Stirner considère qu'en défendant la nature, Ludwig Feuerbach ne peut pas se passer de Dieu : sa pensée serait finalement religieuse malgré lui...

15 déc 2014

Pour les matérialistes, l'univers est un, il y a unité. Mais l'être humain n'est pas cet univers. Selon Feuerbach, l'être humain a cependant, à l'opposé des animaux, conscience du caractère infini de la réalité.

Il doit l'exprimer, mais comment sa conscience non infinie peut-elle formuler cela ? Précisément en utilisant le concept de « Dieu. » Feuerbach explique dans L'essence du christianisme que :

« L'être de l'être humain différencié des animaux n'est pas que le fondement, mais également l'objet de la religion...

11 déc 2014

De quoi parle la religion ? La religion parle de l'humanité et de la nature. Mais en raison de la situation où sont les humains, ils en parlent de manière voilée, cachée à leurs propres yeux. Ainsi, ils parlent de Dieu, concept qui n'est que le reflet de l'humanité.

La religion n'est ainsi pas qu'un système idéologique visant à justifier une domination, une oppression, une exploitation. C'est le reflet d'un certain niveau de conscience de l'humanité. Une humanité qui n'a pas encore un niveau suffisant de conscience d'elle-même et de la nature utilise « Dieu ».

Naturellement, les fameuses lignes de Karl Marx sur la religion comme opium du peuple puisent directement dans la conception de Ludwig Feuerbach...

7 déc 2014

La thèse de Ludwig Feuerbach est la négation du cartésianisme qui les sens, mais également du courant qui naîtra au début du XXe siècle, et qui sera appelé le béhaviorisme ou comportementalisme.

Le cartésianisme considère que les humains pensent, thèse réfutée par le matérialisme qui considère que la conscience n'est que le reflet de la réalité. Mais le risque est de basculer dans une vision mécanique, où la pensée ne consisterait qu'en une réaction à des stimulis, ce qui est précisément la thèse du béhaviorisme.

Le matérialisme dialectique rejette tant le cartésianisme que le béhaviorisme, car s'il considère que l'être humain ne pense pas, il reconnaît le cerveau comme étant de la matière (la fameuse « matière grise ») et par conséquent il obéit aux principes de la dialectique.

6 déc 2014

Il est bien connu que Karl Marx a été profondément marqué intellectuellement par deux auteurs : Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770 – 1831) et Ludwig Feuerbach (1804 -1872). En France, la figure de G.W.F. Hegel est bien connue ; on sait qu'il a apporté le principe de la dialectique.

Cependant, le figure de Ludwig Feuerbach est absolument inconnu, alors qu'il a assumé le matérialisme. Le matérialisme dialectique profite directement de Ludwig Feuerbach et de G.W.F. Hegel, que Karl Marx a relié...

 

S'abonner à Ludwig Feuerbach