24 fév 2011

Publication de « Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ? » de Stephen Hawking

Submitted by Anonyme (non vérifié)

On pense souvent qu’il existe deux points de vue au sujet de l’univers : un point de vue serait athée, et l’autre considérerait que l’univers a été créé par Dieu.

C’est erroné : il y en a réalité trois points de vue principaux. Il y a d’un côté l’idéalisme religieux, qui effectivement considère que Dieu est à l’origine du monde. Mais il y a, autre facette de ce mode de pensée, le matérialisme mécaniste bourgeois considérant qu’il n’y a pas de Dieu (ou bien que Dieu a donné le monde aux humains).

Ce matérialisme mécaniste considère que le monde est un ordre fondé sur le chaos : l’individualisme est stylisé comme mode d’existence de l’univers.

Tel n’est pas le point de vue du matérialisme dialectique. Pour les matérialistes dialectiques, l’univers obéit à des lois, il est un système fermé ; il n’y a pas de place pour le hasard. C’est le point de vue progressiste, qui va d’Epicure à Einstein en passant par Spinoza.

Ainsi, la publication aujourd’hui de l’ouvrage Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ? de Stephen Hawking ne doit pas laisser penser qu’il s’agit d’une polémique entre athées et croyants.

Bien au contraire, il faut avoir en tête les trois idéologies principales concernant la question de l’univers :

- la pensée religieuse, considérant qu’avant l’univers, il y aurait un Dieu;

- le courant scientifique issu de la mécanique quantique, considérant qu’un chaos est à la source de l’ordre ;

- le courant matérialiste, qui considère que l’univers est un système fermé obéissant à des lois précises.

Stephen Hawking fait partie du courant de la mécanique quantique ; il n’est pas un matérialiste dialectique, ni même un matérialiste conséquent comme Einstein. Il rejette ainsi le courant religieux, mais son point de vue est idéaliste, et plus précisément mécaniste.

Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas découvrir des choses concernant la réalité. Stephen Hawking est un physicien de renommée mondiale, et a contribué à comprendre notamment les trous noirs; quasiment totalement paralysé en raison d’une grave maladie depuis sa jeunesse, il parle par l’intermédiaire d’un synthétiseur vocal et est la preuve qu’Athènes vaut bien mieux que Sparte!

Toutefois, malgré ces apports de Hawking, son ouvrage écrit avec Leonard Mlodinow (physicien également, mais qui a aussi écrit des scénarios pour Star Trek et MacGyver!) est pétri d’idéalisme.

Hawking considère en effet, et c’est le thème de son livre, que:

« En raison de la loi de la gravité, l’univers peut se créer de lui-même, à partir de rien. La création spontanée est la raison pour laquelle quelque chose existe, pour laquelle l’univers existe, pour laquelle nous existons. »

Parler de création spontanée, c’est avoir un point de vue religieux, mais sans la religion. Les matérialistes dialectiques, et les matérialistes en général (Spinoza par exemple), considèrent inversement que l’univers est produit. Création d’un côté, production de l’autre : tant dans les arts que dans l’interprétation de l’univers lui-même, on a systématiquement ces deux points de vue antagoniques.

D’un côté, on a la théorie du « génie », de la création « sortie de nulle part » (« ex nihilo »), de l’autre la conception du mouvement éternel de la transformation, où rien ne naît de rien. D’un côté, le monde est « possible », de l’autre il est « nécessaire. »

Hawking considère ainsi non seulement que le monde est possible, mais qu’un autre monde est également possible. A la suite de la mécanique quantique et de la « théorie des cordes » qui la prolonge, il considère même que le monde peut exister d’une manière infinie de manières, qu’il y a même plusieurs univers (donc des « multivers »).

C’est un relativisme ultime, niant l’univers par l’intermédiaire du principe des poupées russes (l’univers est compris dans un autre, lui-même dans un autre, plusieurs univers sont parallèles, etc.). En fait, ne pouvant pas faire face au matérialisme dialectique, les « scientifiques » bourgeois ont procédé en physique comme en économie : ils ont expliqué qu’à une échelle minuscule, celle de l’individu en économie par exemple, le matérialisme dialectique « ne fonctionnerait pas. »

Ils font la même chose en physique, en expliquant qu’il y aurait de minuscules cordes, dont la tension produirait en quelque sorte la réalité, ou plus exactement les réalités.

Peuvent-ils le prouver ? Non, bien entendu. Mais la bourgeoisie ayant de larges moyens techniques, elle peut encore faire des trouvailles, tout en refusant de systématiser sa pensée, se contentant de « calculs. » Puis, il y a de prétendues quêtes d’une unité théorique expliquant comment le « chaos » donne naissance à l’ordre.

La physique se focalise depuis des décennies dans cette quête éperdue, et impossible, car imaginaire; la théorie des cordes et l’équivalent de la main invisible d’Adam Smith dans le domaine de la physique. On ne sera nullement étonné que Feynman, l’un des « pères » de la mécanique quantique, (et cité par Hawking dans son ouvrage), ait ici un propos très connu : « Je pense pouvoir affirmer sans me tromper que personne ne comprend la mécanique quantique. »

Mais précisons ici en quoi cela consiste, ce qu’est cette « religion athée » prônée par Haking. Voici ce qu’il explique notamment :

« Selon la «M-Théorie», notre Univers n’est pas unique, mais de nombreux autres ont été créés à partir du néant.

Leur création ne requière pas l’intervention d’un être surnaturel ou divin.

Ces Univers multiples dérivent de façon naturelle des lois de la physique. Ils représentent une prédiction scientifique. Chaque Univers a de nombreuses histoires possibles et peut occuper un grand nombre d’états différents longtemps après sa création, même aujourd’hui.

Cependant, la majorité de ces états ne ressemblent en rien à l’Univers que nous connaissons et ne peuvent contenir de forme de vie.

Seule une poignée d’entre eux permettraient à des créatures semblables à nous d’exister. Ainsi, notre simple présence sélectionne dans tout l’éventail de ces Univers seulement ceux qui sont compatibles avec notre existence. Malgré notre taille ridicule et notre insignifiance à l’échelle du cosmos, voilà qui fait de nous en quelque sorte les seigneurs de la création. »

On a ici :

- un monde divin, car sacralisé comme le nôtre (point de vue religieux, niant l’unité matérielle de l’univers),

- une négation d’une vision de l’univers comme système obéissant à des lois uniques (ce qui est du relativisme bourgeois),

- le refus de considérer la matière comme étant en mouvement (point de vue mécaniste bourgeois typique).

Hawking assume d’ailleurs clairement ce relativisme ; il considère l’être humain comme une sorte de machine biologique, machine ayant trop de paramètres pour être comprise. Le résultat est que, totalement dans l’esprit de la mécanique quantique, il raisonne en termes de « statistiques. »

Par exemple, si l’on suit sa pensée (l’exemple est de Hawking dans l’ouvrage), dans notre univers il est absurde de dire que la lune est du fromage, mais dans un autre peut-être que cela serait le cas.

Finie la science, bienvenue aux probabilités, mode absolu du raisonnement bourgeois tentant de décrypter ce qui se passe dans le monde, de coller à la réalité, de l’analyser au lieu de la synthétiser.

C’est donc une pensée reflet de la bourgeoisie. Hawking se réfère d’ailleurs de manière implicite mais très claire à la micro-économie : pour lui, la société humaine ne peut se comprendre qu’à la lumière des différentes « volontés » individuelles.

En micro-économie, l’économie peut se développer d’une multitude de manières différentes, car cela dépendrait de la « collision » des volontés individuelles. La mécanique quantique tient le même raisonnement en physique.

Comment Hawking présente cela dans Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ?

« Selon la mécanique quantique, quel que soit le nombre d’informations que nous obtenons, quel que soit notre puissance de calcul, les résultats de processus physiques ne peuvent pas être prédits avec certitude parce qu’ils ne sont pas déterminés avec certitude.

Au lieu de cela, eu égard à un état initial du système, la nature détermine son futur état par un processus qui est fondamentalement incertain.

En d’autres mots, la nature ne dicte pas le résultat de tout processus ou expérience, même la plus simple des situations.

Elle permet plutôt un nombre de différentes éventualités, chacune avec une certaine probabilité d’être réalisée.

C’est, pour paraphraser Einstein, comme si Dieu lançait les dés avant de décider du résultat de chaque processus physique. Cette idée ennuyait Einstein [sic!], et bien qu’il ait été l’un des pères de la mécanique quantique, par la suite il est devenu critique par rapport à elle. »

On voit très bien ici que selon Hawking, il ne peut pas y avoir de science, seulement une description statistique de la réalité. On a ici, mais nous y reviendrons bien entendu de manière plus détaillée, l’exact reflet du relativisme bourgeois dans les sciences.    

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