3 déc 2010

GFAJ-1 : la vie aux limites de la biosphère

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les êtres humains sont une composante de la biosphère, et ainsi ils n’existent pas de manière isolée à elle. Il n’y a pas de raison – si nous mettons de côté la religion ou le culte bourgeois du « citoyen » humain – de s’attendre à ce que la vie extra-terrestre devrait ou aurait à être « humaine », d’une manière ou d’une autre.

De la même manière, notre propre planète est bien entendu un thème de l’astrobiologie, qui traite de la biologie existant sur une planète.

C’est nettement une pensée bourgeoise que de penser que notre planète serait un grand rocher « contrôlé » et que nous n’avons pas grand chose à apprendre à ce sujet. Naturellement, la découverte des scientifiques de la NASA est un autre coup contre une telle manière de penser.

Elle montre, de nouveau, la validité de la thèse matérialiste dialectique comme quoi la matière est en mouvement, et que la vie est produite par ce mouvement.

Mais voyons d’abord en quoi consiste cette découverte. Jusqu’à aujourd’hui, la vie telle que définie par les scientifiques a besoin des éléments suivants : le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, le phosphore et le soufre.

Ici, le phosphore nous intéresse particulièrement. La raison de cela est que le phosphore est absolument nécessaire à la production de l’ADN et de l’ARN. Le stockage et le transfert d’énergie dans les cellules a également besoin du phosphore (en tant qu’ adenosine triphosphate, ou ATP). Et ici le phosphore joue un rôle clef dans l’équilibre de la biosphère, en raison de sa quantité : le phosphore est rare.

Sur la Terre, le phosphore est douzième en terme d’abondance.

Mais les formes communes sont les minéraux suivants : l’apatite, la wavellite, la vivianite.

La vie ne peut pas utiliser ces formes. Et nous pouvons constater également que ces minéraux sont présents surtout dans certaines zones (le Maroc pour le 1/3, la Chine pour le ¼). Ainsi, le développement de la vie a une limite, l’abondance de la vie a une frontière : la somme de phosphore disponible.

Ici, nous pouvons voir un aspect important de la biosphère : les oiseaux ont joué historiquement un grand rôle dans la distribution initiale du phosphore, le répandant partout sur la planète par leurs excréments. Nous pouvons voir également comment les êtres humains perturbent la biosphère, par l’utilisation de manière incorrecte de phosphore comme engrais.

En France, par exemple, 775.000 tonnes de phosphore ont été utilisés en 2001 dans l’agriculture ; la partie qui est « perdue » dans l’environnement amène beaucoup de déséquilibres, avec les effondrements de population dépourvues d’oxygène.

Tout cela souligne l’importance du phosphore. Néanmoins, cela est vrai dans la biosphère – dans notre biosphère. D’une certaine manière ici, nous devons voir que la découverte de la NASA ne vient pas de la biosphère de la Terre, mais de son extrême : le lac Mono. Le lac Mono couvre à peu près 180 km² et est en Californie, aux USA.

C’est l’habitat de millions d’oiseaux migrateurs et nicheurs, en raison des crustacés artémies et des mouches alkali se nourrissant d’algues microscopiques. Bien entendu, cet habitat a dû être protégé de l’écocide, dans une bataille gagnée dans les années 1970.

L’eau de ce lac se caractérise par son hypersalinité, sa haute alcalinité et une haute concentration d’arsenic.

Pour la vie dans la biosphère, l’arsenic est toxique.

Mais il est juste en-dessous du phosphore dans la table périodique des éléments ; il est ainsi très proche du phosphore, en tout cas c’est ainsi que réagissent les organismes vivants qui y sont confrontés… Pour cette raison, l’arsenic est connu comme un poison efficace.

Mais les conditions dans le lac Mono sont très différentes de celles dans la biosphère. Certains parlent même ici de « biosphère en ombre » – une anti-biosphère, comme il y a l’anti-matière à la matière.

Et dans ces rudes conditions de cette (autre) biosphère, existe une bactérie, appelée « GFAJ-1 » par les scientifiques, qui est capable d’utiliser l’arsenic au lieu du phosphore… GFAJ-1 n’est pas obligatoirement arsénophile et grandit considérablement mieux quand du phosphore est à sa disposition.

Mais dans le laboratoire de la NASA, cette bactérie a été capable de vivre sans phosphore ; il a incorporé l’arsenic dans son ADN, il a construit des composantes cellulaires avec de l’arsenic en leur sein. L’arsenic, un poison pour la vie telle qu’on la connaît, est ici utilisée par la vie comme on ne la connaissait pas.

La conséquence est ici claire : dans d’autres biosphères, la vie pourrait utiliser l’arsenic au lieu du phosphore. Ou la vie pourrait utiliser quelque chose d’autre, mais pas nécessairement du phosphore. La vie apparaîtrait d’une manière totalement différente, totalement différemment de ce à quoi nous nous attendrions. C’est logique. Ce que nous appelons « vie » est la matière en mouvement sur notre planète, dans une zone particulière : la biosphère.

Une biosphère produite par le mouvement de la matière, par l’équilibre des éléments chimiques. Dans une autre biosphère que la nôtre, il pourrait y avoir un autre équilibre ; la matière en mouvement pourrait alors avoir d’autres composés chimiques. Rappelons ici la conception de Vernadsky:

« Les rayonnements cosmiques qui se répandent sur la Terre amènent la biosphère à acquérir des propriétés inconnues aux surfaces planétaires sans vie, et ainsi transforment la face de la Terre.

Activées par les radiations, la matière de la biosphère collecte et redistribue l’énergie solaire, et la convertit finalement en une énergie libre capable de faire du travail sur Terre.

Ainsi, cette couche terrestre extérieure ne doit pas être considérée comme le domaine de la matière seule, ; c’est une région d’énergie, et une source de transformation de la planète. Dans une large mesure, les forces cosmiques extérieures moulent la face de la Terre, et comme résultat, la biosphère diffère historiquement des autres parties de la planète. La biosphère joue un rôle planétaire extraordinaire.

La biosphère est tout autant une création du soleil qu’un résultat du processus terrestre. Les anciennes intuitions religieuses qui considéraient les créatures terrestres, en particulier l’être humain, comme les enfants du soleil, étaient bien plus proches de la vérité que ne le pensent ceux qui voient seulement dans les êtres terrestres la création éphémère issue du jeu aveugle et accidentel de la matière et des forces.

Les créatures terrestres sur Terre sont le fruit de processus étendus, complexes, et sont une composante essentielle du mécanisme cosmique harmonieux, dans lequel il est connu que des lois déterminées s’appliquent et où le hasard n’existe pas. »
(La biosphère)

La découverte de la NASA permet de progresser dans la compréhension de la biosphère : l’existence de GFAJ-1 aux limites de la biosphère est la preuve de l’unité de la vie dans la biosphère.

A l’intérieur de la biosphère, rien, aucune vie n’existe de manière isolée. Toute vie vient de l’organisation dialectique de la matière, par la connexion des éléments chimiques – dans les conditions de la biosphère.

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