4 ans sans Lynn Margulis
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il y a quatre ans décédait Lynn Margulis, le 22 novembre 2011. Normalement, ce sont les naissances qu'il faut célébrer, mais il y a un très grand intérêt à rappeler la perte terrible pour la science que représente sa mort. Son œuvre n'est pas achevée, tant qu'elle pas reconnue et notre compréhension de la planète en a besoin.
Lynn Margulis a, en effet, prolongé les études du savant soviétique Vladimir Vernadsky sur la planète en tant que Biosphère. On est là dans l'interprétation matérialiste de la réalité : puisque la Terre abrite la vie, alors cette vie consiste en de la matière qui devient toujours plus complexe et se développe comme un ensemble.
Lynn Margulis, qui était américaine, a assumé ce positionnement matérialiste, refusant les idéalismes nuisant tellement à la recherche scientifique. Cela l'a amené à avoir une compréhension tout à fait juste de ce qu'est le néo-darwinisme, à savoir une idéologie élitiste et idéaliste, se focalisant sur les individus comme source des transformations générales, avec le principe de la « survie du plus adapté ».
Elle a par conséquent fait d'importantes recherches pour assumer une compréhension scientifique correcte, ce qui l'a amené à saisir le concept de symbiogenèse. Ce concept fait référence aux sauts symbiotiques réalisés par les êtres vivants après avoir fusionnés.
L'évolution générale de la matière vivante ne procède pas d'une sorte de Big Bang où seuls les plus forts survivraient, mais au contraire d'un long processus de complexification par la combinaison et la synthèse. Les êtres humains sont des assemblages toujours plus perfectionnés d'éléments eux-même vivants à l'origine.
Pour cette raison, Lynn Margulis a compris le rôle fondamental des bactéries comme base de la vie organique. Un être vivant n'est en effet pas « statique » ; il n'a pas été élaboré par Dieu, à partir d'argile. Il est le résultat d'un processus, qu'on appelle la vie, qui consiste en le mouvement de la matière.
En l'occurrence, ce sont les bactéries – les cellules sans noyau – qui ont servi d'éléments, de couleurs pour ainsi dire, pour la composition des sortes de tableaux vivants que sont les êtres vivants.
Que ce soit pour la photosynthèse des plantes ou la respiration humaine de l'oxygène, ce sont les bactéries qui sont à l'origine du processus.
On a ainsi, à l'arrière-plan de la vie, les bactéries qui existent depuis trois milliards d’années, avec 10 et 100 millions de variétés différentes, échangeant des informations, intégrant des ensembles, qui eux-mêmes intègrent des bactéries, le tout permettant le développement des fonctions de la vie organique, comme la vue, l'audition, etc.
Le corps humain contient dix fois plus de bactéries que de cellules humaines ; la peau d'un être humain contient 10 puissance 12 bactéries, la bouche pas moins de 10 puissance 10 bactéries, un intestin 10 puissance 14 bactéries.
En ce sens, la perspective de Lynn Margulis ouvre une des grandes perspectives scientifiques du XXIe siècle.
Il ne faut pas considérer un être humain individuel comme « isolé », mais comme étant lui-même le terrain vivant de la multiplicité de la vie. On ne peut pas soigner et guérir sans comprendre la question des bactéries, qui sont à la base de la composition organique des êtres vivants, et qui continuent de participer à son existence.
La matière se combine, devient toujours plus complexe ; rien n'est isolé. Voilà qui est tout à fait conforme au matérialisme dialectique. Cette question bactérienne est d'une importance d'autant plus capitale alors que la bourgeoisie, irrationnelle et décadente, est en train de saccager la Biosphère, de par son incompréhension des phénomènes, son esprit nihiliste de destruction, son utilisation mécanique de la réalité afin de satisfaire sa production de marchandises.
La Biosphère n'a pas fait évoluer la vie pendant si longtemps pour culminer avec une humanité utilisant la vie dans des fermes industrielles. L'humanité doit se concevoir comme composante de la Biosphère et se mettre à son service ; l'humanité n'est qu'un outil du mouvement de la matière, étant elle-même matière.
Lynn Margulis avait tout à fait compris que sa conception s'opposait à l'anthropocentrisme et les dernières années de sa vie, elle n'a cessé de lutter pour l'affirmation de la « dignité » des bactéries et la reconnaissance de la planète comme Biosphère, comme « Gaïa ».
Son œuvre est celle d'une rupture démocratique avec les valeurs dominantes néo-darwinistes, avec leur célébration de l'individu isolé « survivant » de par son caractère unique « supérieur ». La réalité se transforme, la vie triomphe toujours ; les oiseaux dans le ciel proviennent des dinosaures ; rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. La vie tend à toujours plus de complexité, à la synthèse.
Les progressistes doivent donc reprendre la tâche de Lynn Margulis : voilà ce en quoi consiste l'appel du PCF (mlm), qui défend le principe de synthèse et l'éternité de l'univers contre le culte de l'individualisme, son existentialisme, son « Big Bang », son anthropocentrisme.