Classes et couches sociales en France : les agriculteurs
Submitted by Anonyme (non vérifié)Quelle est la situation économique en France aujourd'hui ? Quelle est, par conséquent, la situation idéologique, politique et culturelle des couches sociales appartenant à cette économie ?
C'est là une question essentielle pour comprendre notre pays et son actualité.
Aucun schématisme n'est possible pour comprendre les tendances et évolution de notre pays, dont l'économie est complexe. On sait que le matérialisme historique considère qu'il existe deux tendances principales dans un pays capitaliste : celle de la bourgeoisie qui vise à maintenir sa domination de classe, celle du prolétariat qui vise à prendre le pouvoir.
Néanmoins, le système économique ne se résume pas à ces deux classes, même si de manière inéluctable ce qu'il y a en plus, les couches sociales, se rangent derrière l'une ou l'autre, de par leur caractère central dans la production.
Comme la bourgeoisie rend public les résultats de son appareil de statistique – l'INSEE, dont les critères et définitions ont des limites de classe évidents – utilisons les.
Selon l'INSEE, en 2014, les « Agriculteurs sur petite exploitation » et les « Agriculteurs sur grande exploitation » représentaient tous deux 0,4 % de la population de plus de 15 ans, les « Agriculteurs sur moyenne exploitation » en représentant 0,2 %.
En 1988, il y avait 1 million d'exploitations agricoles, en 2014 il n'y en avait que 505 000. Il y a un phénomène de concentration, où les agriculteurs sur petite exploitation et sur moyenne exploitation, qui sont des capitalistes, sont pris à la gorge par la concurrence.
Inévitablement, ils se lancent dans un discours contre les capitalistes monopolistes, mais sans vouloir remettre en cause ni leur propre existence, ni celle du capitalisme. Il ne s'agit plus de petits paysans comme il y a 60 ans, mais de gens ayant accumulé du capital et leur alliance avec le prolétariat s'avère impossible.
La situation est, bien entendu, possiblement différente en Italie où il y a 1,6 million d'exploitations, ou encore en Roumanie où il y en a 3,7 millions. Cependant, en France, il apparaît que les agriculteurs, largement soutenus pendant les « trente glorieuses » et après par la Politique Agricole Commune, sont des capitalistes fervents et activistes.
On est passé de l'entreprise familiale à l'entreprise capitaliste classique, notamment par l'intermédiaire du statut d'entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée et de l'exploitation agricole à responsabilité limitée. La moitié des moyenne et grandes exploitations sont déjà des entreprises capitalistes au sens classique du terme.
Leur idéologie et leur culture prétend à un aspect anti-monopoliste, sans que cela soit nullement le cas, comme en témoigne le capital dont ils disposent. Chaque agriculteur aujourd'hui possède un capital entre 170 000 et 240 000 euros, ce dernier chiffre étant valable pour les moins de 40 ans.
On est là dans une bataille capitaliste acharnée. Et pour se lancer comme agriculteur aujourd'hui, il faut disposer d'au moins 400 000 euros. Pour cette raison, l'endettement des moyennes et grandes exploitations a un taux moyen de 37 %, le chiffre étant de 45 % pour les moins de 40 ans qui, outre qu'ils disposent de plus de capital, empruntent davantage pour se retrouver en position de force.
On a là un système entièrement capitaliste, totalement lié au capitalisme, avec comme objectif le profit.
Pour cette raison, les agriculteurs ne peuvent pas être favorables à la révolution socialiste. Une partie pourra se montrer favorable à l'écrasement des monopoles, mais leur logique sera de devenir eux-mêmes monopolistes, et pour cette raison leur existence sociale ne pourra être qu'encadrée, la seule solution étant la formation de vastes entreprises appartenant à l’État socialiste et disposant de vastes moyens.