Lorsque Jean-Luc Mélenchon a pris l'avion pour aller à La Réunion la semaine dernière, il était en classe affaires. Quant à Mathilde Panot et Danièle Obono, élues au Parlement pour la France Insoumise comme lui, elles étaient dans le même avion, mais en classe économique.

La question de l'âge ne compte pas ici : d'abord parce que par camaraderie quand on est dans le même avion on cherche à être ensemble. Ensuite, parce que Jean-Luc Mélenchon est coutumier du fait puisqu'il déclarait en 2013 ne voyager qu'en classe affaire, lui qui a d'ailleurs un patrimoine d'un million d'euros en ayant quasiment toute sa vie uniquement fait de la politique.

Jean-Luc Mélenchon est un bourgeois, sur toute la ligne, c'est un « élu de la République » tout ce qu'il y a de plus classique. Son mode de vie est d'un conformisme complet, en accord total avec les valeurs dominantes du capitalisme.

C'est pour cette raison que l'avocate Raquel Garrido, une figure importante de la France Insoumise, peut choisir d'être journaliste pour Thierry Ardisson, un spécialiste de la télévision dans ce qu'elle a de plus racoleuse, de savamment construite par des gens très cultivés pour réaliser du divertissement inculte et superficiel, visant juste à passer le temps.

On est tellement dans une réalité bourgeoise que Raquel Garrido a même refusé de donner le salaire qu'elle recevrait par émission des Terriens du dimanche. Ce qui, pour quelqu'un prétendant ne rien cacher et critiquer le capitalisme, est tout à fait révélateur.

On a affaire ici à des hypocrites, à des gens prétendant assumer des thèmes importants pour l'Humanité et le monde, mais qui dans les faits sont pieds et poings liés humainement parlant.

Les grands enjeux de notre époque, on ne les trouve pas ici, parce que ceux-ci impliquent de rompre dans sa vie quotidienne, humainement, avec une quotidien de la société capitaliste qui est particulièrement corrosif et corruptible.

Il n'y a donc aucune raison de soutenir la manifestation à laquelle appelle Jean-Luc Mélenchon demain, 23 septembre 2017, contre les ordonnances sur la loi Travail.

Pas plus, d'ailleurs, qu'il ne fallait soutenir la CGT le 12 septembre.

Il n'y aucune raison de se mobilier pour être la caution révolutionnaire d'une aventure trompeuse et aboutissant inéluctablement à la défaite.

Cette position de notre part n'a rien d'original : elle correspond à la dénonciation du PCF d'après 1953 comme étant social-fasciste, de l'URSS d'après 1953 comme étant social-impérialiste.

Quiconque comprend la signification du social-fascisme, du social-impérialisme, ne peut que refuser catégoriquement de telles mobilisations, plein d'économisme et de nationalisme larvé, de corporatisme béat et de soutien à la vigueur de son propre impérialisme.

Comment une alternative révolutionnaire peut-elle émerger, si les révolutionnaires se mettent à la remorque de projet social-impérialiste ?

Aucune émergence de conscience prolétarienne ne peut surgir d'un faux antagonisme, d'une pseudo-opposition qui n'est que du spectacle.

Tout ce populisme contre les « nantis » et « l'oligarchie » est une farce sinistre, qui ne vise qu'à protéger la bourgeoisie en tant que classe.

Or, c'est la bourgeoisie en tant que classe qui est l'ennemi ! Avec tout le quotidien superficiel, décadent, égoïste, cynique de la vie quotidienne dans le capitalisme !