2e tour des élections municipales : le fascisme commence la conquête du pouvoir
Submitted by Anonyme (non vérifié)Nous sommes à l'aube des années 1930, et les élections municipales expriment la vague de fond idéologique et culturelle correspondant à la situation. Le Front National obtient ainsi la mairie de Béziers, Fréjus, Hayange, Beaucaire, Villers-Cotterêts, Le Luc, Le Pontet, Cogolin, Camaret-sur-Aigues, Le Hamel, Mantes-la-Ville et le 7e secteur de Marseille. Une quinzaine de villes de plus de 9000 personnes ont été ainsi conquises.
Et de manière révélatrice, le « front républicain » – qui devrait en réalité être le Front populaire – n'a pas pu être réellement mis en place, en raison de l'opportunisme, de la corruption de la social-démocratie.
Pourtant, face au fascisme qui progresse, il faut des signes forts. Il faut l'unité, la ligne dure, sans compromis. Cela, même le Front de Gauche n'a pas été capable de l'affirmer. C'est la bataille générale pour les places aux élections, alors que le système capitaliste s'effondre !
Il y a là un décalage total entre la réalité et les progressistes. A Lille, ville de tradition populaire où plus de la moitié de la population à moins de 30 ans, le FN fait plus de 18 %. à Limoges, ville historique de la gauche, l'UMP a gagné avec 45 %, alors que le FN dépasse les 10 %. A Amiens, malgré les luttes ouvrières, l'UMP a gagné avec 50 %, alors que le FN dépasse les 15 %.
Que dire de Roubaix et Saint-Etienne, villes populaires où la droite est élue, où le FN fait respectivement 17 % et 12 %? Que dire du 7e secteur de Marseille (le plus peuplé et un des plus populaires), où le candidat FN est élu en profitant de la présence de la gauche au second tour, par refus de battre le FN à tout prix ?
Que dire de la ville d'Hayange, dans le bassin sidérurgique de la Moselle : c'est l'ancien responsable local de la CGT Fabien Engelmann qui est élu avec 36 % des voix, sur la liste du FN ! C'est une ville symbole, puisque c'est là-bas qu'on trouve les deux derniers hauts-fourneaux de l'établissement ArcelorMittal de Florange.
Et on est là clairement face à une dynamique qui ne s'arrêtera pas là, comme le montre par exemple les résultats à Bruay-la-Buissière dans le Pas-de-Calais où le maire, qui est considéré comme l'espoir du PS dans le département du fait de sa « bonne gestion » et qu'il n'est pas éclaboussé par les scandales de corruption, est certes réélu avec 48% mais fait face à une poussée sans précédent du Front National qui finit à un peu plus de 40% au second tour après avoir fait 36% au 1er tour ; et ce alors qu'en 2008 le Parti Socialiste prenait la mairie avec 73% des voix !
Le fascisme se développe sur le terrain de l'abandon de l'affirmation de la nécessité du socialisme. Et il ne s'agit pas simplement d'économie, comme tentent de l'expliquer le NPA, le front de gauche, etc. Il s'agit de culture, d'idéologie.
Il est évident par exemple que la question de l'écologie est un thème brûlant. Pourtant, personne n'en a parlé. Même la question aussi simple que celle des fourrières et des refuges pour animaux est, aussi simplement que cela, niée.
La vérité, c'est que la tradition historique de la classe ouvrière a été abandonné toujours plus. La bourgeoisie moderniste et son allié révisionniste qu'est le parti « communiste » français, sans oublier le trotskysme et l'anarchisme, ont fracassé les valeurs révolutionnaires.
A Paris, la gauche a ainsi gagné parce qu'elle représente la fraction moderniste du capital, Bertrand Delanoë ayant contribué comme personne avant lui à faire de la capitale un disneyland pour la bourgeoisie internationale. Il est même parlé d'ajouter des étages à la tour Eiffel, de construire des accès souterrains, une station de métro, un plancher en verre, etc.
Mais l'extrême-gauche petite-bourgeoise a soutenu tout ce processus, au nom des valeurs post-modernes. Combattre ces valeurs est une des grandes tâches du matérialisme dialectique, des communistes authentiques.
Et c'est une tâche d'autant plus importante que les prochaines élections sont les européennes, à brève échéance. Ce genre d'élections est encore plus un appel au populisme refusant la « mondialisation », un appel d'air au nationalisme.
Le FN a déjà réussi, avec ces élections, à lever une nouvelle génération de cadres et d'élus. Les élections européennes forment la seconde étape de ce mouvement stratégique de construction d'une force néo-gaulliste.
Mais il est une autre chose qui est claire : une nouvelle génération de progressistes est en train d'apparaître. Bien entendu, elle ne se situe pas à l'extrême-gauche, totalement pourrie qu'elle est par la petite-bourgeoisie, les valeurs post-modernes, l'antisémitisme également comme l'a montré le refus qu'une répression soit lancée contre Dieudonné.
Et inversement, il y a tous ceux et toutes celles qui ont compris ce que révélait l'affaire Dieudonné. Les progressistes doivent faire front et revenir de manière stricte aux valeurs qui sont les leurs. Il faut être dans une volonté de rupture nette avec la réaction – et cela n'ira pas ni sans rejeter des valeurs post-modernes, ni sans assumer l'héritage culturel et civilisationnel, que nous ne pensons être lisible qu'au moyen du matérialisme historique, du matérialisme dialectique.
Les élections municipales de 2014 sont le début d'une nouvelle période. Elle peut appartenir à des gens comme David Rachline, élu maire de Fréjus à 26 ans. Il revient aux progressistes qu'il en soit différemment.