21 aoû 2013

A propos de la lutte entre l'ancien et le nouveau

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les journaux et revues révolutionnaires ont beaucoup de particularités. Tel journal défend un point trotskyste, telle revue prône le communisme libertaire, d'autres encore partent d'un point de vue anarchiste.

Mais aucun de ces " organes de presse " n'est arrivé à ce à quoi Front Social est arrivé. Front Social est en effet une revue faite et lue par des gens extrêmement différents. Il ne s'agit pas seulement du point de vue politique ; d'ailleurs la plupart des gens qui lisent Front Social ne sont pas organisés politiquement. Il ne s'agit pas d'une revue pour militantEs, bien qu'il va de soi que des militantEs la lisent (pour les anarchistes, sans doute en cachette).

La différence réside dans la culture. Chaque " organe de presse " idéologique produit inévitablement une culture, que ses sympathisantEs adoptent et diffusent (dans le meilleur des cas). Or Front Social n'est pas relié à seulement une culture, mais à beaucoup de cultures.

Quelles sont donc les cultures que l'on peut retrouver dans Front Social ? Il y a bien sûr la culture de révolte, celle qui en appelle aux symboles : la guérilla dans le " tiers-monde ", la Fraction Armée Rouge, Che Guevara, le Parti Communiste du Pérou, le Népal maoïste… Et il y a la culture de la pensée (révolutionnaire) : les analyses économiques, politiques, idéologiques…

Mais ce n'est pas tout. Il y a quelque chose en plus, relativement difficile à percevoir de primer abord pour qui a été influencé par d'autres idéologies que le maoïsme(dans sa véritable forme). Ce quelque chose se révèle au grand jour lorsque vous prenez un jeune et un vieux.

Il est ainsi systématique que les militantEs plus âgéEs (c'est-à-dire vieux et vieilles) ne comprennent pas Front Social. Ils/Elles ne comprennent pas le sens de nos actions, ne voient pas où nous voulons en venir. Pour eux/elles, tout est éclectique, partant dans tous les sens, et en même temps très dogmatique, trop refermé.

Les jeunes, à l'opposé, particulièrement ceux/celles qui ne connaissent pas " l'extrême-gauche ", comprennent rapidement ce que nous disons. Cela ne signifie évidemment pas qu'ils/elles s'organisent de manière immédiate : cela ne peut pas être ainsi, car l'expérience manque, et il est difficile d'assumer ce que Front Social assume.

Mais les jeunes, les femmes notamment, savent ce que nous faisons ; pour eux/elles rien de ce que nous mettons en avant ne leur semble étranger. Ce que nous disons leur semble cohérent.

On pourrait dire : c'est normal, les jeunes forment une catégorie à part, ils/elles ont une propension à idéaliser. Les personnes plus âgées savent plus de quoi il en retourne, car leurs expériences sont variées et d'une meilleur niveau. Mais une telle affirmation ne tient absolument pas. Les jeunes ne forment pas une catégorie à part, les vieux/vieilles " militantEs " par contre clairement.

Dans notre pratique révolutionnaire, nous avons rencontré beaucoup de camarades relativement âgéEs, bien moins évidemment que de jeunes sympathisantEs.

Et qu'avons-nous pu voir ? Que les jeunes sympathisantEs ne forment pas un " bloc " réagissant de la même manière, bien au contraire. Leurs réactions, leurs attitudes, tout est très différent. Mais chacunE à sa manière se retrouve dans la révolution. ChacunE comprend nos efforts, voit bien que nous essayons de nous rapprocher au plus près de notre idéal : le communisme.

Les personnes plus âgées réagissent par contre tous/toutes de manière similaire. A chaque fois quelque chose ne va pas dans Front Social, nous sommes trop diffus dans nos thèmes, pas assez organiséEs, trop sectaires.

Les expériences de ces révolutionnaires ont beau être très " différentes ", leurs critiques sont à chaque fois les mêmes. Tous nos essais de travailler avec des gens " politiques " de plus de 40 ans se sont soldés par un échec patent. A chaque fois, ce qui est riche et multiple se transforme un quelque chose de dur, de rigide, de mort, par leur faute. A chaque fois ces " révolutionnaires " voient de l'éclectisme là où les différences sont la vie, le communisme.

Est-ce normal ? Est-il juste que les choses soient ainsi ?
Sans nul doute, ces révolutionnaires devraient se plier devant ce qui est nouveau. S'ils ne le font pas, c'est pour une raison simple : ils/elles sont l'ancien, le passé. Et le maoïsme est justement l'enseignement du dépassement du passé, de son renversement au profit du nouveau.

Mao Zedong nous enseigne à ce sujet que " Les changements qui interviennent dans la société proviennent surtout du développement des contradictions à l'intérieur de la société, c'est-à-dire des contradictions entre les forces productives et les rapports de production, entre les classes, entre le nouveau et l'ancien. Le développement de ces contradictions fait avancer la société, amène le remplacement de la vielle société par la nouvelle ".

Les conflits entre " jeunes " et " vieux/vieilles " ne doit donc pas étonner en cette phase difficile de reconstruction du mouvement révolutionnaire en France.

Front Social a balayé un énorme nombre d'ordures, rétablissant une culture révolutionnaire digne de ce nom. Ceux/Celles qui vivent dans le passé ne sauraient comprendre notre combat à moins de réellement s'autocritiquer et d'assimiler le marxisme-léninisme-maoïsme.

Mais cela signifierait se remettre en cause ; or pour ces personnes âgées la défaite n'est pas quelque chose qui se conçoit. Pour eux/elles, tout va en ligne droite. Ils/Elles ne comprennent pas que l'on passe par des victoires, par des défaites, et ils/elles se contentent ainsi de vivre sur des acquis du passé, d'une société du passé.

Une telle attitude est évidemment propre aux intellectuels. Or, pour nous communistes, il n'y a personne qui puisse synthétiser de manière abstraite la lutte entre l'ancien et le nouveau. Il n'y a pas de poste d'observation entre les classes.

C'est-à-dire que, comme Mao Zedong l'a dit, que " Dans la société de classes, chaque homme occupe une position de classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe ".

Les générations passées n'ont pas réussi à développer une culture révolutionnaire, la culture du communisme. Elles ont vécu sur leurs acquis sociaux, permettant le développement du trotskysme, du syndicalisme réformiste. Elles n'ont pas développé d'avant-garde révolutionnaire conséquente.

Inversement, les révolutionnaires les plus avancéEs n'ont pas su s'extirper de ce réformisme et de sa culture.

La jeune génération qui a développé Front Social, par contre, a coupé les ponts avec le réformisme, et a su se développer jusqu'à arborer le drapeau du maoïsme.

Par conséquent, pourquoi cette jeune génération admettrait-elle l'attitude des révolutionnaires des générations passées, qui se refusent de se mettre à l'école de ce qui est nouveau ? Ces révolutionnaires âgéEs reconnaissent que Front Social est révolutionnaire, que tout cela est bien intéressant, mais considèrent que nous sommes encore trop " différents ".
La chose est entendue : nous sommes différentEs, et nous comptons bien le rester.

Nous revendiquons un statut d'avant-garde. Nous sommes des communistes, des marxistes-léninistes-maoïstes. Ceux et celles qui s'obstinent à rester dans le passé ne nous intéressent pas, nous ne les avons pas attendu, nous ne les attendons pas, nous ne les attendrons pas.

Cette question de la lutte entre l'ancien et le nouveau est essentielle. Elle est le cœur de la problématique révolutionnaire.

Car comment être révolutionnaire si l'on ne sait pas ce qu'est la réaction ? Comment savoir ce qui est juste si l'on ne sait pas ce qui est mal ?
C'est également le grand reproche de Mao Zedong à Staline.

Mao Zedong nous a donné un précieux conseil : " si vous possédez déjà le matérialisme et la dialectique, vous devez encore compléter vos connaissances par l'étude de leurs contraires, l'idéalisme et la métaphysique. Les œuvres de Kant et de Hegel, de Confucius et de Tchiang Kaï-chek, tous ces matériaux négatifs sont à lire.

Sans connaître ni l'idéalisme ni la métaphysique, sans avoir lutté contre ces conceptions adverses, vos connaissances sur le matérialisme et la dialectique ne seraient pas solides ".
Bien sûr, une telle étude doit partir de fondements solides. Cela ne doit pas être un prétexte pour pratiquer le révisionnisme et rejeter certains principes du marxisme-léninisme-maoïsme.

Certains camarades peuvent par exemple dire ici : puisque Staline a fait une telle erreur, qu'il a eu une pensée en partie métaphysique, nous devons le rejeter. Une telle pensée est erronée, car elle est unilatérale.

Elle pose de manière juste une contradiction, mais lui donne une importance disproportionnée. Elle est elle-même métaphysique, car elle ne fait elle-même pas la part des choses. Au fond, elle ne discerne pas ce qui est principal de ce qui est secondaire.

Pourquoi en effet considérons-nous aujourd'hui que Staline a fait une telle erreur ? Parce que Mao Zedong a su éclaircir ces points essentiels de la connaissance de la dialectique, parce qu'il a rappelé qu'il y a non seulement lutte des contraires, mais également unité des contraires.

La paix est ainsi le contraire de la guerre, mais il y a un moment où celle-ci devient celle-là, et inversement. Il est donc erroné de penser : les choses sont comme ceci, ou comme cela.
De même, en ce qui concerne Staline, est-il erroné de penser: c'est comme ceci, ou comme cela.

Et cela est bien sûr vrai pour n'importe qui au monde. Le camarade Gonzalo du Parti Communiste du Pérou nous a très clairement dit que " personne n'est communiste à 100% ". Il s'agit donc de savoir faire la part des choses. Staline a pratiqué la métaphysique, soit. Mais cela signifie-t-il que son rôle a été fondamentalement négatif ?

Non, tel n'est pas le cas. Staline a mis sur pied l'idéologie marxiste-léniniste. Il a liquidé les tendances opportunistes, dirigé la construction du socialisme et la guerre des peuples soviétiques contre les hitlériens. Il a appuyé la formation des Partis Communistes dans le monde.

Ses erreurs ont, il est vrai, causé des dégâts importants au socialisme, puisque après sa mort les révisionnistes ont pris le pouvoir. Staline a toujours œuvré contre les révisionnistes, et malgré tout, ceux-ci ont pu arriver à leurs fins. Ce furent d'ailleurs les " partisans " les plus acharnés de Staline et ceux qui mirent en place sa glorification personnelle sur la fin de sa vie (Khroutchev en tête).

Tout cela, Mao Zedong l'a vu. C'est lui qui a le mieux analysé cela. A-t-il pour autant rejeter Staline ? Non, il n'a pas raisonné de manière unilatérale. Il a compris que sa propre pensée apprenait de cette erreur effectuée par le communiste Staline, qui a guidé la première expérience socialiste.

Ceux/Celles pour qui doit être parfait n'ont pas compris comment fonctionnait la vie ; ils/elles raisonnent en idéalistes. Ils/Elles n'ont pas compris que la connaissance vient de l'expérience, que c'est un processus.

En l'occurrence, Staline est très important dans l'histoire de la lutte du prolétariat international pour s'émanciper. Staline a défendu le nouveau contre l'ancien, mais n'a pas réussi à le défendre jusqu'au bout. Grâce à cette expérience, nous pouvons aller plus loin et savons mieux défendre le nouveau contre l'ancien.

Cette question de la connaissance scientifique est essentielle. Sans elle, on contourne les principes du maoïsme. Car, sinon, quelle chose justifierait notre statut d'avant-garde ? Qu'est-ce qui justifie notre interprétation du monde selon les principes de la dialectique ?

Mao Zedong nous enseigne à ce sujet que " L'histoire de l'humanité est un mouvement constant du règne de la nécessité vers le règne de la liberté. Le processus est sans fin. Dans une société où subsistent des classes, la lutte des classes ne saurait avoir de fin ; et la lutte entre le nouveau et l'ancien, entre le vrai et le faux dans la société se poursuivra indéfiniment ".

Cette question du vrai et du faux agitent certainEs de nos camarades. S'ils/elles sont d'accord pour la lutte entre le nouveau et l'ancien, ils/elles ne voient pas bien le conflit entre le faux et le vrai. Leur position consiste à dire : oui à la révolution car il faut renverser la réaction, mais pourquoi s'embarrasser de notions scientifiques comme le vrai et le faux ?

Ces camarades pêchent par prétention. Ils/Elles se fondent sur la morale, sur une certaine compréhension de la société. Or, si cela était juste, en quoi la pensée d'un maoïste serait-elle différente d'un anarchiste sincère ?

Car après tout, s'il s'agit de prendre conscience de sa situation et d'affirmer que l'on veut lutter, toute lutte des classes est alors totalement juste, et il n'est plus besoin de rien d'autre.

Mais les choses ne sont pas si simples. Bien sûr les classes populaires représentent le nouveau, la bourgeoisie correspond à l'ancien dans la société. Mais se contenter cela c'est en rester au populisme.

Car, en tant que tel, les classes populaires restent également partiellement dans l'ancien. Dans les mouvements fascistes, des éléments très nombreux des classes populaires peuvent même participer à l'ancien, en défendre les valeurs.

Ainsi donc, le nouveau et l'ancien ne sauraient être compris sans être mis en rapport avec le vrai et le faux. Le nouveau ne consiste pas simplement en ce qui est nouveau au sens de différent. Le nouveau est ce qui correspond au mouvement : celui de l'histoire, celui de la nature.

C'est cette notion de mouvement qui justifie le nouveau comme vrai, et disqualifie l'ancien comme faux. C'est cette notion de mouvement qui permet de saisir le processus de connaissance chez l'être humain, et le processus révolutionnaire dans la société.

Friedrich Engels nous dit ainsi que : " La nature est la pierre de touche de la dialectique et il faut dire que les sciences modernes de la nature ont fourni pour cette épreuve des matériaux qui sont extrêmement riches et qui augmentent tous les jours ; elles ont ainsi prouvé que la nature, en dernière instance, procède dialectiquement et non métaphysiquement, qu'elle ne se meut pas dans un cercle éternellement identique qui se répéterait perpétuellement, mais qu'elle connaît une histoire réelle.

A ce propos, il convient de nommer avant tout Darwin, qui a infligé un rude coup à la conception métaphysique de la nature, en démontrant que le monde organique tout entier, tel qu'il existe aujourd'hui, les plantes et les animaux et, par conséquent, l'homme aussi, est le produit d'un processus de développement qui dure depuis des millions d'années ".

La nature a-t-elle une histoire ? L'être humain " descend "-il du singe ? Y a-t-il eu un big bang ?
Ou alors la nature n'a-t-elle pas d'histoire, l'être humain a été créé tel quel et le monde également ?

Nous, maoïstes, pensons que la matière est en mouvement, nous pensons que l'histoire de l'humanité est en mouvement aussi. Ce mouvement, selon nous, respecte une loi ; son développement est dialectique.

Mao Zedong résume ainsi cette difficile explication : " La philosophie marxiste considère que la loi de l'unité des contraires est la loi fondamentale de l'univers.

Cette loi agit universellement aussi bien dans la nature que dans la société humaine et dans la pensée des Hommes [et des femmes]. Entre les aspects opposés de la contradiction, il y a à la fois unité et lutte, c'est cela même qui pousse les choses et les phénomènes à se mouvoir et à changer.
L'existence des contradictions est universelle, mais elles revêtent un caractère différent selon le caractère des choses et des phénomènes.

Pour chaque chose ou phénomène concret, l'unité des contraires est conditionnée, passagère, transitoire et, pour cette raison, relative, alors que la lutte des contraires est absolue ".

Nous parlions du rapport entre la vérité et ce qui est nouveau. Prenons un exemple concret dans le débat scientifique contemporain. Beaucoup de nos lecteurs/lectrices connaissent le physicien Stephen Hawking, qui est paralysé sur sa chaise. Ce scientifique a eu un grand écho médiatique.

Le physicien Penrose est moins connu, il s'agit pourtant d'un ancien professeur de Hawking lui-même très connu des chercheurs scientifiques.

Le conflit des visions du monde de Hawking et Penrose est un reflet important de la lutte entre une vision matérialiste du monde et son interprétation idéaliste. Ce conflit rappelle d'ailleurs celui entre Niels Bohr et Einstein (qui se revendiquait d'ailleurs du socialisme).

Einstein défendait alors la conception matérialiste comme quoi le monde existait en-dehors de la pensée humaine. Aujourd'hui, Penrose défend cette thèse.

Stephen Hawking, lui, la rejette.

Il dit ainsi : " Je suis positiviste, je n'exige pas d'une théorie qu'elle corresponde à la réalité, car je ne sais pas ce que c'est".

Penrose s'oppose à cette conception. Il dit d'ailleurs : " Au début de notre débat Stephen a dit qu'il se considérait comme un positiviste et que pour lui j'étais un platonicien [du philosophe Platon]. Pour moi il peut être un positiviste, mais en ce qui concerne l'essentiel je me concerne comme un réaliste ".

Pourquoi la pensée de Hawking est-elle idéaliste ? Parce qu'elle ne comprend pas le mouvement de la nature. Pour la pensée positiviste, tout est figé, et d'ailleurs Hawking considère qu'après lui la physique n'aura plus grand chose à dire. Ce type de pensée est unilatéral, et considère la théorie comme supérieure à la pratique.

Nous, maoïstes, considérons au contraire que le primat revient à la pratique. Lénine nous enseigne d'ailleurs à ce sujet que " La pratique est supérieure à la connaissance (théorique), car elle a la dignité non seulement du général, mais aussi du réel immédiat ".

Montrons l'opposition pratique de ces deux types de pensée. Prenons une situation où deux scientifiques étudie la chute d'un chat jeté par la fenêtre (Note 1).

Le positiviste considère que l'expérience corrobore la logique de la chute des corps et considère celle-ci comme réussie. Le matérialiste ne constatera pas seulement cela, il mettra également en avant que le chat est mort.

C'est-à-dire qu'un aspect de la réalité est mis de côté par le positiviste. Celui-ci ne considère pas le monde comme un ensemble. Il sépare l'analyse scientifique du monde, de la nature. C'est ce type de pensée qui permet à des médecins de torturer des animaux pour étudier l'effet de produits de beauté, ou à des scientifiques d'effectuer des tests atomiques dans la nature.

En définitive, " science sans conscience n'est que ruine de l'âme ". Et cette conscience est humaine. C'est pourquoi il est fondamental que la conscience humaine saisisse que le nouveau doit correspondre à la vérité.

Et c'est également pourquoi les communistes ont toujours porté une énorme attention à la culture. Il suffit par exemple de lire Lénine pour s'apercevoir à quel point ses œuvres sont truffées de références littéraires.

Pour les communistes, la culture permet à l'humanité d'avancer, et c'est pourquoi en URSS c'est le réalisme socialiste qui a été mis en avant. Le réalisme socialiste est une conception mise en avant en 1932 en URSS, elle concerne la littérature. Elle n'a rien à voir avec une mise en avant béate d'ouvriers, de paysannes, etc.

Cela est le " proletkult ", qui a été fondamentalement rejeté par les bolchéviks. Le réalisme socialiste est une conséquence de la manière avec laquelle Staline a défini l'écrivain : comme " ingénieur des âmes ".

Qu'est-ce à dire ? " Etre un ingénieur des âmes, cela veut dire avoir les deux pieds dans la vie réelle. Et cela signifie la rupture avec l'ancien romantisme, qui représentait une vie irréelle et des héros irréels, détournant le lecteur des contradictions et de l'oppression de la réalité, pour les conduire dans le monde de l'inaccessible, dans le monde de l'utopie.

A notre littérature, qui tient des deux pieds sur une solide base matérialiste, le romantisme ne peut être étranger, mais c'est un romantisme d'un type nouveau, le romantisme révolutionnaire.

Nous disons que le réalisme socialiste est la méthode fondamentale de l'œuvre et de la critique littéraire soviétiques ; cela suppose que le romantisme révolutionnaire doit s'intégrer à la création littéraire, car toute la vie de notre parti, toute la vie de la classe ouvrière, toute sa lutte est faite de l'union du travail pratique le plus sévère, le plus froid, avec le plus grand héroïsme et les plus grandes perspectives.

Notre Parti a toujours dû sa force à l'union d'un réalisme pratique acharné avec une large perspective, un continuel effort vers l'avenir, avec la lutte pour la construction de la société communiste.

La littérature soviétique doit savoir montrer nos héros, elle doit savoir regarder nos lendemains. Ce ne sera pas une utopie, car nos lendemains se préparent dans le travail quotidien selon des plans conçus dès aujourd'hui " (note 2).

C'est pour cette raison que Lénine s'était écrié : " A bas les écrivains sans parti ! A bas les écrivains surhommes ! La littérature doit devenir partie intégrante de l'action générale du prolétariat… ".

Et, c'est pour cela qu'en URSS les bolchéviks ont mis en avant l'importance de la culture pour la construction du socialisme : " Le peuple, l'Etat, le Parti ne veulent pas que les écrivains s'éloignent de l'actualité, ils veulent au contraire que la littérature éclaire tous les aspects de la vie soviétique.

Les Bolchéviks tiennent la littérature en très haute estime, ils voient clairement sa haute mission historique et son rôle dans la consolidation de l'unité morale et politique du peuple, et dans son éducation.

Le Comité Central veut que nous ayons abondance de culturelle spirituelle, car il voit dans la création de cette richesse l'une des principales tâches du socialisme ".

Est-ce à dire que dans le socialisme les romans n'auront plus de contenu formé par une imagination fertile ? Absolument pas. Raisonner ainsi c'est confondre le réalisme socialiste et le formalisme, une tendance qui a été très forte en URSS à l'époque du combat pour le réalisme socialiste.

Prenons un exemple, tel qu'un roman ayant en ce début de millénaire un succès fulgurant. " Harry Potter " est un roman à la base pour enfants et racontant les aventures de Harry Potter comme élève de sorcellerie (pour le premier tome).
Si on comprend l'œuvre ainsi, il n'est rien de réaliste.

Il n'est en effet malheureusement pas possible de se déplacer avec des balais magiques nommés " Nimbus 2000 ", ce qui serait pourtant bien pratique, et le jeu du " Quiddick " où l'on traverse des cercles en hauteur sur ces dits balais n'a pas encore remplacé le football.

Mais pour qui sait faire attention, " Harry Potter " est un roman parfaitement réaliste. Les descriptions ne sont pas seulement claires, elles posent la situation sous un angle précis. La société moderne capitaliste y est décrite sous de très nombreux aspects, et pas à son avantage.

" Harry Potter " n'est pas un roman réaliste socialiste à proprement parler, mais il s'en rapproche très nettement. Et c'est sans aucun doute pour cela que des adultes se passionnent pour un roman pour enfants qu'ils/elles n'auraient dû théoriquement jamais ouvrir.

Prenons maintenant un film vraiment réaliste, de type cinématographique, avec " Erin Brockovitch seule contre tous". A priori, un film avec Julia Roberts n'a rien de révolutionnaire.

Pourtant ce film est clairement un film se rapprochant du réalisme socialiste. Le prolétariat américain des campagnes est montré de manière crue, la pauvreté y est montré sans ambages et de manière dure.

La solidarité entre les prolétaires y est montrée dans toutes ses contradictions, puisqu'Erin Brockovitch tente difficilement (et réussit) à organiser les gens pour attaquer en justice une entreprise ayant pollué l'eau et causé de graves maladies.

On est très loin des années 1980. A l'époque, le film " flashdance " montrait une ouvrière habitant dans un loft immense et réussissant par la force de la volonté à devenir une danseuse professionnelle. Dans le même esprit, les premiers épisodes de Rambo et de Rocky, clairement réaliste et social, étaient suivis par des séries clairement fascistes (Rocky millionnaire boxant un Soviétique, Rambo tuant des Vietnamiens et des Soéviétiques…).

Les années 1990 ont marqué un premier pas. Rocky, dans sa cinquième version, est redevenue pauvre et à la rue : le film le montre comme se sentant lui-même dans environnement populaire.

Et les années 2000 annoncent la différence. " The million dollar hotel " de Wim Wenders est un film qu'aucunE révolutionnaire ne peut vraiment critiquer.

Cette évolution est sans nul doute une bonne chose. La lutte entre le nouveau et l'ancien est une lutte âpre. Le nouveau a la faiblesse de l'inexpérience, tandis que l'ancien profite d'une grande connaissance.

Ainsi, dans Le Figaro du 31 janvier 2001, qui est le quotidien de la bourgeoisie classiquement réactionnaire, on pouvait lire un article intitulé " La tribu des beaux quartiers ".

Il s'agit en fait d'un interview de sociologues ayant enquêté sur la grande bourgeoisie. Ils y répondent notamment : " Elle a une conscience de classe aiguë. Elle correspond parfaitement à la notion de classe telle que Marx l'avait définie à travers ses deux dimensions. C'est une classe en soi, c'est-à-dire qu'elle s'inscrit dans un rapport de force avec les autres couches de la population.

Et c'est une classe pour soi, qui a une connaissance parfaite de la position qu'elle occupe dans la société et qui l'assume " (note 3).

C'est pour cette raison que de Marx à Gonzalo les révolutionnaires conséquentEs ont toujours pensé que la révolution vaincrait dans le monde entier dans un processus long. De fait, le processus a commencé avec la Commune de Paris, il est passé par l'URSS, puis par la Chine Populaire : chaque expérience a amené une meilleure connaissance du combat révolutionnaire.

Aujourd'hui le maoïsme est le point le plus haut de la science révolutionnaire. Le maoïsme est le marxisme-léninisme-maoïsme. Son point de départ est la loi de la contradiction comme loi fondamentale unique de l'incessante transformation de la matière éternelle, aboutissant au communisme.

Et pour aller au communisme il faut vaincre l'impérialisme, stade suprême du capitalisme. Il faut vaincre la réaction, qui est l'allié de l'impérialisme à l'extérieur des rangs des révolutionnaires. Il faut vaincre le révisionnisme, qui est l'allié de l'impérialisme dans nos propres rangs. Et il faut vaincre la nature, afin que l'humanité ne vive plus dans la nécessité.

Note 1: Je fais ici allusion à l'expérience dite du chat de Schrösinger, qui est (notamment) mis en avant par Penrose pour critiquer les positivistes. Penrose défend ici un point de vue matérialiste, et c'est également le cas en ce qui concerne les mathématiques. Mais il relie réalité à des " idées mathématisées " qui seraient pures : en cela il est juste de le qualifier de disciple de platonicien.

Note 2: Jdanov, Déclaration au premier congrès des écrivains soviétiques

Note 3: Les sociologues sont Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot. A noter que " Le Bottin mondain recense 40.000 familles, mais il n'est pas très sélectif. Pour Paris, nous estimons à 10.000 le nombre de familles faisant partie de la haute société ".
Les sociologues disent également avoir été " frappés par l'attitude des corps, souvent minces, toujours redressés, même chez les gens âgés, contrairement aux classes populaires où le poids des ans et du labeur avachissent et courbent les corps. Il y a là un acte de magie sociale : on transforme de l'arbitraire social en qualité naturelle. La bourgeoisie, comme la noblesse d'antan, est parvenue à " naturaliser " les rapports sociaux ".

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