5 juil 2017

A propos des discours d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe devant le Parlement

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Discours d'Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en CongrèsLe Parlement (c'est-à-dire l'ensemble des députés et des sénateurs) réuni en « Congrès » pendant deux jours à Versailles par le président de la République, voilà un phénomène qui n’est pas entièrement nouveau, mais qui présente un certain saut qualitatif, dans la mesure où Emmanuel Macron a affirmé que cela se passerait désormais chaque année.

Plus qu’une ligne « bonapartiste » – car c’est la base du régime même de la Ve République, née d’un coup d’État en 1958, rappelons-le – il s’agit de volontarisme.

Emmanuel Macron était même hier matin dans un sous-marin muni de missiles nucléaires ; tout comme l’épisode de sa remontée des Champs-Elysées dans une jeep militaire, on est ici dans l’affirmation.

C’est que la fraction de la bourgeoisie qu’il représente joue gros. Soit elle réussit le passage en force dans la modernisation et le renforcement de l’Union Européenne, soit la fraction néo-gaulliste profitera de la moindre faiblesse pour retenter de conquérir l’hégémonie.

A ce titre, nous ne sommes pas comme la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et l’ultra-gauche qui pensent que nous connaissons une vaste offensive sociale et populaire. Bien au contraire, nos critères idéologiques et culturels font que nous voyons une débâcle, appelant à une posture défensive.

Discours de politique générale du Premier ministre Edouard PhilippeCe qu’a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe hier est par ailleurs très clair.

L’ISF est réduite à l’immobilier, le taux de l'impôt sur les sociétés passera d’ici 2022, de 33,3 % à 25 % (ce que proposait aussi chacun à leur manière pratiquement tous les candidats à l'élection présidentielle à l'exception de Nathalie Artaud – qui proposait de l'augmenter – Philippe Poutou et Jean Lasalle qui n'en ont pas parlé).

Cela signifie un appel d’air pour le capitalisme, l’esprit de compétition et de concurrence.

Il est prévu une hausse de 1,7% de la Contribution Sociale Généralisée (un impôt que paie tous les salariés et les retraités avec le même pourcentage quel que soit le revenu). La sélection à l’entrée de l’Université est désormais instituée (le baccaculauréat étant à ce titre modifié, dans le sens d’une décentralisation pour renforcer la sélection).

Cela signifie toujours plus d’individualisme dans les masses, avec la bataille de chacun contre chacun. Et bien entendu, la réforme du Code du travail va accentuer cet aspect.

Emmanuel Macron au poste de commandement du sous-marin nucléaire Le TerribleUn service national va être remis en place, le Premier ministre expliquant que « notre jeunesse a soif de causes ». Des mesures de l’état d’urgence vont devenir permanentes, le budget de l’Armée augmentera pour passer à 2% du PIB d'ici 2025.

Cela signifie davantage de nationalisme et de militarisme.

Les prodédures de construction de logements vont être simplifiés, « en particulier dans les bassins d'emplois les plus dynamiques » a souligné le Premier ministre.

Ce dernier point est d’importance : il signifie davantage d’urbanisation, de rurbanisation.

Mais, après tout, toutes ces mesures ne correspondent-elles pas à l’opinion idéologique et culturelle hégémonique dans notre pays ?

La conception selon laquelle chacun doit faire comme il veut est plus que majoritaire, elle est partagée par la plupart. Lorsque l’ultra-gauche exige la liberté complète de circulation, elle ne dit pas autre chose que le capitalisme et sa promotion de l’individualité.

Discours d'Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en CongrèsLa légalisation de la PMA, voire de la GPA ou encore du cannabis, qu’Emmanuel Macron mettra en place, correspondent au point de vue individualiste très largement partagé.

D’ailleurs, « l’opposition » à Emmanuel Macron que cherche à représenter la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon ne touche que des questions sociales, dans une logique de revendications pour une meilleure répartition, sans remettre quoi que ce soit en cause.

Qu’on le veuille ou non, en France on croit en l’art contemporain, en la sélection naturelle, à l’individu, au libre-arbitre, au Big Bang, au génie et à la créativité, au fait que les animaux soient des machines.

Il n’y pas encore d’opinion publique qui défende le réalisme, la vie comme synthèse, le collectivisme, le déterminisme, l’Univers éternel, l’esprit de synthèse et de production, la Biosphère et la protection des animaux.

Discours d'Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en CongrèsIl ne faut donc pas s’étonner, par la suite, que la bourgeoisie fasse ce qu’elle veut, que l’actualité consiste en la lutte entre ses deux fractions, celle pro-européenne et celle partisane du cavalier seul.

La bourgeoisie a une hégémonie complète dans le domaine des idées. Tant que cela ne sera pas remis en cause, aucune avancée n’est possible dans le domaine de la lutte des classes, à moins de croire en l’économisme et au « spontanéisme », ces terribles maladies historiques du mouvement ouvrier français.

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