1 avr 2016

Nouvelle manifestation contre le «Projet de Loi Travail»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Lien vers les Recommandations militantesEnviron 500 000 personnes ont défilé hier contre la loi travail (390 000 selon la police et 1,2 millions selon les syndicats) et ce qui vient à l'esprit, c'est : bis repetita placent, on prend les mêmes et on recommence…

Autres temps, mêmes mœurs : les cortèges défilent dans un esprit corporatiste, les cégétistes sirotent leur mojito à l'arrière d'un camion, des lycéens bloquent leur lycée par esprit d'aventure, des débordements de fin de manifestation captent l'attention des médias.

Ce n'est qu'un aspect pourtant de cette répétition classique de la protestation à la française, pleine de verbiage syndical pseudo-radical et de panache anti-policier. En l'occurrence, il n'y a pas eu de débordements de masse de fin de manifestation, comme cela a pu être le cas dans les années 1980 et 1990, mais bien une logique substitutiste où des anarchistes ont cherché l'affrontement pour la beauté de la chose.

Cela n'a strictement rien à avoir avec les affrontements menés par le passé, qui visaient à renforcer l'aile radicale du mouvement, portée par la jeunesse, lycéenne, étudiante ou salariée.

Quant aux syndicats et au contenu des revendications et des slogans, ils montrent une chose frappante : ce n'est plus un mouvement social qu'on a pu voir, comme habituellement, avec son esprit social-corporatiste, mais bien une expression petite-bourgeoise de la hantise du déclassement.

Le « Projet de Loi Travail » n'est pas combattu dans un esprit de lutte de classes, mais dans la logique d'une petite-bourgeoisie outrée de l'espace terriblement restreint qu'entend lui laisser la bourgeoisie et les monopoles, d'une aristocratie ouvrière déboussolée par la perte de ses repères.

Petite-bourgeoisie et aristocratie ouvrière ont été les couches au cœur de l'identité de la mobilisation, avec l'inévitable convergence étudiants – fonctionnaires.

Les masses sont soit à l'écart de ce processus, soit à la traîne. Comment pourrait-il en être autrement ?

Il n'y a pas dans les masses de cadres révolutionnaires, alors qu'à l'inverse les idéologies réactionnaires comme les religions sont omniprésentes.

Il y a nivellement par le bas du niveau culturel et politique, alors qu'inversement il y a une fascination pour le « rêve américain » de Karim Benzema ou Steve Jobs. Le style de vie bourgeois, voire grand bourgeois, exerce une attirance ininterrompue.

Alors que déjà, dans les années 1990, la police utilisait contre les manifestations ses pires éléments pour mener des opérations coup de poing d'agression, de tabassage en règle, par des petits commandos munis de gazeuses et de matraque, on semble aujourd'hui tomber des nues en découvrant une telle pratique !

Il se pose ici la question de fond, celle de la mémoire des luttes, de la présence dans toutes les masses de cadres révolutionnaires éprouvés, d'une bataille culturelle de positions.

Tout cela demande un gigantesque travail en amont, durant des années. C'est le seul chemin pour organiser les masses, les mobiliser, les éduquer tout en apprenant d'elles.

Ce que révèle la manifestation d'hier, c'est non pas la force mais la terrible faiblesse des masses, la capacité opérationnelle impeccable de la police, le poids idéologique important et l'angoisse grandissante de la petite-bourgeoisie et de l'aristocratie ouvrière.

La bourgeoisie, forte de ses traditions, appuyée par un État à l'administration décadente mais d'autant plus agressive, observe cela avec attention. Elle lit le caractère rabougri du mouvement ; elle entrevoit aisément ses points faibles.

Porté par la crise générale du capitalisme, elle va prolonger sa ligne de renforcement du fascisme, jusqu'à l'établissement du rouleau compresseur pour faire du pays un État militarisé et corporatiste.

Le paysage est bien sombre et il n'y a bien que la petite-bourgeoisie radicalisée par la crise pour s'imaginer qu'on connaît les prémisses d'un nouveau « mai 1968 ».

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