La peinture des ambulants russes - 7e partie : reconnaissance sociale, contraste social
Submitted by Anonyme (non vérifié)Grigori Miassoïédov (1834-1911) étudia de 1853 à 1862 à l'académie, puis joua un rôle éminent au sein des ambulants, en tant qu'animateur et organisateur. Ses peintures concernant la paysannerie font de lui un véritable maître du genre.
Voici un tableau de 1872 intitulé Le Zemstvo déjeune (cliquer pour agrandir, ainsi que pour les autres peintures). Il s'agit de membres d'un organe administratif paysan, où l'autogestion sert bien sûr de relais aux classes dominantes. Celles-ci sont symbolisées sur ce tableau par l'intermédiaire d'une personne faisant la vaisselle, que l'on voit par la fenêtre, alors que les paysans n'ont pas d'endroit pour manger, à part la rue elle-même. Le contraste de classe est ici présenté non pas de manière abstraite, mais dans un portrait allant au typique.
La Lecture du manifeste du 19 février 1861, tableau de 1873, montre des paysans - souvent illettrés - en train de lire le document d'abolition du servage, promu par Alexandre II. Ce dernier avait compris que la Russie féodale - 60 millions d'habitants alors dont 50 millions de paysans - courait à la défaite, comme en témoignait la défaite en Crimée de son père Nicolas Ier. L'abolition du servage fut une tentative de modernisation, dans le cadre d'une élaboration d'une monarchie absolue.
Les Faucheurs, tableau de 1887, s'inscrivent dans ce cadre de la reconnaissance démocratique de la paysannerie, contre les classes dominantes. Le travail en lui-même se voit reconnu une valeur, dans l'esprit de la bourgeoisie, mais là ce sont les masses elles-mêmes qui sont valorisées.
Le Sentier dans un champ de seigle, de 1881, témoigne qu'au travail s'ajoute toujours chez les ambulants la reconnaissance de la nature, non pas simplement comme paysage (comme en France), mais bien comme cadre de la vie nationale, comme pays.
Voici une œuvre très intéressante également, où Grigori Miassoïédov montre le rapport des paysans aux propriétaires, avec Les jeunes mariés chez le propriétaire terrien, de 1861.
En fait, avec les ambulants, tous les aspects de la vie pouvaient être représenter, du moment qu'ils étaient ancrés dans le réel, avec une dimension typique et dans le respect de la dignité de ce qui est représenté. Nikolaï Bogdanov-Belski (1868-1945), qui passa par l'académie puis participa aux expositions itinérantes, avant de rejoindre la Société des ambulants en 1895, s'intéressa notamment particulièrement à l'école.
Voici Calcul mental à l'école populaire de S. A. Ratchinski et Dimanche de lecture dans une école rurale, deux tableaux de 1895, suivis de Au seuil de la classe de 1897.
Venant d'une famille de paysans, Abram Arkhipov (1862-1930) étudia à l'académie de 1877 à 1883, puis en 1886-1887, étudiant aux Beaux-Arts entretemps. Il participe à partir de 1889 aux expositions itinérantes et rejoignit les ambulants en 1891, devenant en 1894 enseignant à l'académie.
Son niveau fut indubitablement très grand et il fut l'un des tout premiers peintres à recevoir de la Russie socialiste le titre d'Artiste du peuple ; lui-même continua d'enseigner dans les structures soviétiques moscovites, l'Ateliers supérieurs d'art et de techniques de Moscou (Vkhoutemas), puis l'Association des artistes de la Russie révolutionnaire (AkhRR).
Voici Sur l'Oka, de 1889, Après le dégel en attendant le bateau et Radonitsa avant la liturgie, de 1892.
Voici également de lui, Les blanchisseuses, de 1890.