23 fév 2014

Rejet du CRIF dans la ville de l'affaire Merah: l'affaire

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ce qui s'est passé à Toulouse aurait pu être une anecdote, mais de par le lieu, cela cristallise les points de vue. De fait, c'est dans cette ville qu'il y a précisément il y a deux ans, à la mi-mars, Mohamed Merah a commis ses terribles crimes.

A l'époque, on avait déjà pu constater le silence complet de l'extrême-gauche en général, et de celle de Toulouse en particulier. A ce train-là, cela a été dit et il faut le redire, la population juive de France va partir ; la question de l'exode – nullement en Israël forcément par ailleurs – est une question ouvertement posée.

L'extrême-gauche française risque, c'est une possibilité claire, de se retrouver responsable du départ d'ici quelques années d'une part majeure de la population juive de France.

Pour en revenir à Toulouse, les faits sont simples : il y a eu des tags nazis dans la ville, et un rassemblement a eu lieu en protestation. Voici l'appel, lancé par l’association Arc-en-ciel :

« Contre l’homophobie, le racisme et l’extrême droite. Egalité des droits »

« Dans les nuits du 14 et 15 février, les locaux du Front de Gauche, de la liste Place au Peuple, la Maison des Diversités et de la Laïcité et du Centre LGBT,du cinéma Utopia, de l’Université Toulouse 1, de la CNT 31 et du cimetière Salonique ont été honteusement souillés par des inscriptions nazies, antisémites, racistes et homophobes. Ces agressions, qui ne sont pas les premières sur Toulouse se sont multipliées partout en France allant jusqu’au meurtre d’un militant antifasciste.

Ces actes sont rendus possibles par le climat de haine et de violence créé depuis plus d’un an à partir de << La Manif Pour Tous >> jusqu’à <<
Jour de Colère >>.

Ce climat est aussi favorisé par des années de mesures antisociales,et par les reculs flagrants du gouvernement sur les politiques de liberté et d’égalités des droits.

L’extrême droite cherche la confrontation avec le mouvement LGBTQI, le mouvement ouvrier, le mouvement démocratique, ses militantes et
militants ainsi que ses organisations. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de ne pas laisser de pareils actes impunis.

Nous signataires, avons la responsabilité d’organiser une réponse forte et durable, pour reprendre la rue démocratiquement et jeter les
bases d’une riposte unitaire et d’un sursaut citoyen. »

Les 1ers signataires sont :

  • Arc en Ciel Toulouse

  • Utopia

  • Parti Pirate

  • Parti de Gauche 31

  • A Toulouse, place au peuple

  • Act Up Sud Ouest

  • NPA 31

  • Université Populaire de Toulouse

  • Ligue des Droits de l’Homme

  • FSU

  • CA-GA

  • CoDEX 31

  • HES 31

  • UNEF 31

  • EELV 31

  • AIDES Midi-Pyrénées

  • Grisélidis

  • Ecce Homo

  • Good As You 82

  • La Liste Toulouse Vert Demain

  • Les Petites Frappes

  • Fédération Sports Gay Lesbien

  • GEST

  • Osez Le Féminisme 31

Ce rassemblement a été organisé, comme on le voit, par la social-démocratie. Dans le cadre de l'antifascisme, pour des actions ponctuelles de réaction saine, est-ce un problème ?

Non, bien entendu. Il est important de voir par ailleurs une structure comme le « Parti pirate » participer à cela, puisque ce genre de structures bascule dans certains cas vers le complotisme fasciste...

De plus, et c'est là un élément décisif, Dieudonné était en spectacle le soir même à Toulouse. Il est clair que là, il n'y a pas à discuter et il faut marquer le coup.

Toutefois, c'est alors qu'arrive l'ultra-gauche, qui par définition refuse le front populaire, le front uni antifasciste.

Des « queers antifas », plein d'esprit post-moderne, ou encore Voie Prolétarienne, en ont profité pour protester contre la présence du candidat UMP aux municipales, Jean-Luc Moudenc, puis de Nicole Yardeni, présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de Toulouse, et les ont poussé à quitter la manifestation.

Un rassemblement contre des tags nazis, dont un « à mort le CRIF », a donc été marqué par le refoulement de la représentante du CRIF, deux ans après l'affaire Merah.

On reconnaît ici à la fois le manque de tact et le manque de cohérence antifasciste, mais également un antisémitisme purulent qui ne se gêne même plus.

Car le CRIF - Conseil représentatif des institutions juives de France - est le représentant officiel de la communauté juive auprès de l'Etat français. Cette structure fédère d'ailleurs de nombreuses structures, allant de la Fédération des anciens combattants juifs de France au Mémorial de la Shoah, en passant par des structures comme l'Agence juive pour Israël ou la Fédération Sioniste de France.

Que le CRIF soit contrôlé par des réactionnaires et des pro-sionistes, qu'en son sein on retrouve des forces sionistes, n'y change strictement rien. Chasser le CRIF dans ce contexte, c'est symboliquement chasser les personnes juives, c'est aussi simple que cela.

A cela s'ajoute une autre vérité pourtant simple : il faut que, au nom de la Shoah, un rassemblement contre des tags nazis soit le plus large possible.

Que Jean-Luc Moudenc soit un bourgeois réactionnaire, soit, qu'il soit d'ailleurs pro-sioniste, soit également. Cela n'en fait pas un fasciste.

La thèse d'ultra-gauche, selon laquelle tous les bourgeois se valent, selon laquelle toutes les formes réactionnaires se valent, est erronée.

D'ailleurs, historiquement, dans les pays où ils ont pris le pouvoir, les fascistes n'ont-ils pas toujours liquidé les sociaux-démocrates, n'ont-ils pas écrasé dans le sang également s'il le fallait les bourgeois républicains ?

La logique unilatérale voulant que tous les réactionnaires se valent est absurde ; elle nie les contradictions de classe. Jean-Luc Moudenc n'est pas Marine Le Pen et s'il n'est pas au Front National, ce n'est pas pour rien.

On peut très bien considérer, bien sûr, que sa politique sert le Front National. D'une certaine manière, c'est encore plus vrai du Parti Socialiste et de ses politiques gouvernementales.

C'est pourquoi, selon nous, il faut faire bien attention selon les moments ; en l'occurrence vus les tags nazis et la visite de Dieudonné le soir de la manifestation, il n'y a aucune discussion possible et il fallait le front uni.

On peut penser le contaire, cependant, il faut être alors cohérent, et les gens qui ont chassé la représentante du CRIF auraient dû alors chasser tous les représentants de la social-démocratie du rassemblement, donc les organisateurs eux-mêmes...

C'est, en fait, la ligne du « cortège radical » présent à cette manifestations (ce qui est un simple non-sens, puisqu'alors il aurait fallu faire sa propre manifestation).

Voici comment Partisan – Voie Prolétarienne justifie cette ligne :

Déclaration - Toulouse

Dans la nuit du 15 au 16 février 2014, de nombreux tags anti-communistes, homophobes, sexistes et antisémites, accompagnés de symboles fascistes ont été retrouvé sur plusieurs lieux politiques et culturels de Toulouse (centre LGBT, local de la CNT31, local du Front de Gauche, Université Toulouse 1 etc.).

Le samedi 22 février 2014, 2000 personnes ont manifesté à l’initiative de l’association LGBT Arc-En-Ciel en réponse à ces dégradations et plus largement pour protester contre l’augmentation des agressions et provocations fascistes.

L’OCML Voie Prolétarienne a participé à cette manifestation dans le cortège appelé par le collectif Riposte Radicale qui a rassemblé près de 200 personnes. En effet, nous voulions protester contre les LGBTIphobies, le racisme et le fascisme tout en dénonçant la responsabilité du gouvernement PS/EELV et nous voulant pas se compromettre avec des forces réformistes telles que le Front de Gauche qui n’offre aucune alternative politique en rupture avec le capitalisme. Ce fut chose faite !

Au début du rassemblement, ne reculant devant aucune provocation, Jean-Luc Moudenc (responsable et tête de liste de l’UMP aux élections municipales) ainsi que Nicole Yardeni (présidente du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France Midi-Pyrénées) ont voulu se joindre aux manifestants.

Les manifestants, en particulier ceux du cortège radical, ont largement rappelé à Jean-Luc Moudenc et à la poignée de militants UMP ce qu’ils sont : des bourgeois racistes, sexistes et homophobes, participants actifs aux défilés réactionnaires de La Manif Pour Tous de l’année 2013.

Ensuite, à l’initiative de militantEs de l’OCML Voie Prolétarienne, il a été rappelé à Nicole Yardeni ce qu’elle représentait : une organisation raciste fidèle soutien à la politique coloniale d’Israël depuis 1947 aux cris de « Yardeni casse toi ! CRIF : racistes, sionistes ! Dégage ! ».

En effet, le CRIF n’a plus rien à voir avec l’organisation née en 1944. Avec le développement de la colonisation sioniste en Palestine occupée, le CRIF est devenu le porte parole officieux de la politique israélienne en France. Ce qui a fini par remettre en cause sa « représentativité » au sein de la communauté juive, contestée par exemple par l’Union Juive Française pour la Paix.

Profitant de la confusion liée à la venue du fasciste Dieudonné M’Bala M’Bala à Toulouse, le CRIF a utilisé des amalgames honteux, bien que coutumier, assimilant antisionisme et antisémitisme. Propos repris par Jean-Christophe Sellin responsable du Parti de Gauche 31 devant les cameras de France 3.

Nous dénonçons ces amalgames. L’antisionisme est par principe antiraciste et anticolonialiste. L’antisémitisme est un crime trop grave pour que la lutte contre celui-ci soit confiée à ces faussaires.

L’OCML Voie Prolétarienne Toulouse assume donc pleinement cette action antiraciste et anti-impérialiste et continuera son combat contre toutes formes de racisme.

Ni sionisme, ni antisémitisme ! Combattre le fascisme, abattre le capitalisme !

On dirait que les gens de Partisan – Voie Prolétarienne n'ont pas réalisé l'ampleur du problème. Il leur suffit pourtant de regarder Youtube et de voir qu'en trois jours, la dernière vidéo de Dieudonné a déjà pratiquement un million de vues.

Il suffit également d'un peu de jugeote pour voir que ce genre d'initiatives sert le CRIF et le sionisme, qui est bien content d'expliquer après qu'il n'y a aucun avenir pour les personnes juives en France, puisque pour les Français un Juif soit n'existe pas, soit doit être mort...

Si on ajoute à cela le fait que Dieudonné fasse un spectacle le soir-même, on est là dans une position suicidaire. Évidemment si Partisan – Voie Prolétarienne avait organisé son propre rassemblement, puis avait pris d'assaut le spectacle de Dieudonné pour l'empêcher, la situation serait bien différente...

Mais il n'y a pas de temps pour la politique-fiction. Ce qu'il faut voir principalement, c'est qu'au lieu d'assumer la lutte de classes en France, dans le cadre français, avec Marine Le Pen comme menace principale, on a tout un amas de gens parlant de tout sauf de cela et préférant concurrencer Dieudonné sur le terrain du « sionisme » comme principale menace, ou comme menace au moins égale au fascisme.

C'est tout à fait absurde et irrationnel. Ce n'est guère étonnant, bien entendu, de la part de Partisan – Voie Prolétarienne qui est largement influencé par le trotskysme, ou de « queers antifas » post-modernes.

Mais cela ne change rien au fait que nous vivons une situation qui est l'exact contraire d'au moment de l'affaire de la profanation de tombes juive à Carpentras en 1990. L'antisémitisme suinte de partout, l'anticapitalisme romantique se diffuse sous des formes innombrables... La violence fasciste se généralise, le racisme anti-arabe prend des formes de plus en plus brutales, l'esprit colonial raciste anti-noir se régénère, la jeunesse elle-même plonge dans le relativisme, le scepticisme et le cynisme...

Les temps à venir sont terrifiants, et seul le sang-froid du matérialisme dialectique, le réalisme du matérialisme historique permettra de ne pas être brisé par les tempêtes de sang qui s'annoncent.

Rubriques: