22 fév 2017

Emmanuel Macron et Picasso, Modigliani, Chagall, Vlaminck

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L'hebdomadaire L'Obs, nouveau nom du Nouvel Observateur, a consacré un numéro à Emmanuel Macron. Ce dernier en a profité pour tenir de nouveau des propos dont la teneur est la même que lors de son meeting à Lyon il y a peu : il n'y aurait pas de culture française.

Voici comment il expose sa ligne cosmopolite correspondant aux intérêts d'un capitalisme qui veut des consommateurs, pas des gens s'épanouissant dans la culture.

Votre programme culturel, de l'éducation artistique pour 100 % des enfants au pass de 500 euros à 18 ans, rappelle les principes de Jean Vilar. Le patron du TNP et compagnon de route des communistes tenait que « le théâtre est un service public, comme le gaz, l'eau, l'électricité ».

Je revendique cette filiation. C'est le coeur de ma politique culturelle.

Peut-on parler, avec Picasso, Modigliani, Chagall ou Vlaminck, d'un art français, comme l'écrit Fillon ?

Non. Il n'y a pas une culture en France, il y a de la culture en France. Il ne faut pas la normer, la rétrécir. »

Le choix d'Emmanuel Macron est ici tout à fait pertinent, du point de vue de l'idéologie post-moderne.

Tout d'abord, il y a la tentative de récupération de ce qui est partiellement progressiste, afin de le dévier en bataille pour les acquis individualistes.

Jean Vilar, créateur du festival d'Avignon et longtemps responsable du Théâtre National Populaire, est très connu pour avoir soutenu que la culture devait être tournée vers le peuple. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur sa démarche, mais il faisait le choix de se tourner vers les masses.

Or, Emmanuel Macron se tourne vers les individus, ce qui est bien différent. Jean Vilar raisonnait en termes de contenu, Emmanuel Macron en termes de consommation individuelle de biens à prétention culturelle.

C'est là une récupération, qui va de pair avec les références à plusieurs peintres, qui relèvent justement de sa perspective post-moderne.

Qui sont en effet Pablo Picasso, Amadeo Modigliani, Marc Chagall et Maurice de Vlaminck ? 

Emmanuel Macron ne les a nullement choisi par hasard. Il les a mentionnés en raison de leur rôle important dans l'affirmation de l'art abstrait et de l'art contemporain, qui correspondent aux exigences du capitalisme pourrissant sur le plan esthétique.

On connaît bien en France le peintre espagnol Pablo Picasso, figure de la peinture moderne, qui accompagna le passage du cubisme à l'art contemporain. Les autres peintres se situent exactement dans la même perspective.

Amedeo Modigliani, ami de Pablo Picasso, peintre italien d'origine juive, mystique religieux catholique consommant massivement des drogues et mourant alcoolique à 35 ans, relève de la tendance à l'abstraction par l'intermédiaire d'un impressionnisme flou et semi-cubiste.

Marc Chagall, peintre biélorusse d'origine juive, est célèbre pour sa peinture néo-primitiviste. Maurice de Vlaminck est quant à lui un peintre français tourné vers le fauvisme.

Tous les peintres mentionnés relèvent de la tendance à la négation du réalisme, à la négation de la possibilité du réalisme, qui s'exprime autour du cubisme au début du XXe siècle.

Tous ont également participé à la vie parisienne relevant de ce courant artistique et c'est précisément pour cela qu'Emmanuel Macron les a choisis. Ils relèvent d'un mythe esthétique : celui de la fondation par une pseudo-avant-garde de l'art moderne, de l'art abstrait, de l'art contemporain.

Le film de Woody Allen Minuit à Paris est le fruit direct de cette fascination grand-bourgeoise pour cette époque, le héros du film tombant d'ailleurs amoureux d'Adriana, un personnage fictif présentée comme l'égérie de Pablo Picasso après avoir été celle d'Amadeo Modigliani.

Emmanuel Macron oppose à la réalité une pseudo-réalité en kaléidoscope, où chaque individu est radicalement différent, unique, tourné par conséquent vers son ego, sa propre vision du monde subjective et partielle, l'expression unilatérale de ses désirs et de ses fantasmes, avec un goût pour l'abstraction reflétant ses tourments existentiels.

Il exprime le cosmopolitisme propre au capitalisme conquérant, procédant à la dissolution des rapports sociaux qu'il cherche à corrompre en se prétendant la seule réalité possible, niant par conséquent l'histoire, la culture, la civilisation.

Le matérialisme dialectique s'oppose à ce cosmopolitisme, affirmant l'unification de l'humanité par la fusion des cultures démocratiques s'appuyant sur les héritages nationaux sur le plan de la civilisation. A l'art abstrait, à l'art contemporain, à l'art moderne, le matérialisme dialectique oppose le réalisme, le réalisme socialiste.