18 avr 2017

La question animale dans les élections présidentielles de 2017 (1) : l'anticapitalisme romantique

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La question animale, de par sa dimension matérialiste, ne peut pas être résolue par le mode de production capitaliste. L'ouverture aux animaux présuppose, en effet, un rapport communiste qui est absolument étranger à la substance même de la domination du capital.

Canard liberté - AnimalPolitique

Ce dernier s'est formé, à la fois lentement et par sauts, à travers différents modes de production, dont le point de départ est l'émergence de l'agriculture et de l'élevage, accompagné par l'affirmation de l'idéologie patriarcale.

Par conséquent, la question animale et la question féministe ne peuvent avoir de réponse que par le développement toujours plus grand du communisme.

Quel est alors le sens des questions posées aux candidats aux présidentielles par le collectif AnimalPolitique, rassemblant des associations comme L214, la fondation Brigitte Bardot ?

C'est un sens anti-communiste, qui prétend que les choses peuvent changer sans changer la réalité elle-même, qui ment sur les conditions réelles de la question animale, qui protège la bourgeoisie de la colère des larges masses contre ce qui est infligé aux animaux et, plus généralement à la Nature.

Voyons, pour bien saisir cela, les trente questions posées aux candidats, les réponses de ces derniers, et quelles réponses y fait le matérialisme dialectique.

1. Favoriser le plein-air et interdire les cages ainsi que les conditions d’élevage incompatibles avec les besoins des animaux.

Lien vers l'article : Crise du capitalisme et intensification de la production - Le rôle des animaux dans la chute de la crise tendancielle du taux de profitLa manière de poser la question est, par définition, anti-matérialiste. Les besoins des animaux sont, en effet, absolument incompatibles avec les conditions d'élevage, parce qu'ils sont incompatibles avec l'élevage lui-même.

Les conditions d'élevage répondent aux besoins de la valorisation du capital, pas aux besoins des animaux comme matières premières.

Cela n'a donc pas de sens que de demander, comme Philippe Poutou, « que les besoins physiologiques des animaux soient respectés », puisque par définition ils ne le sont pas.

C'est ici le b.a.-ba d'une analyse un tant soit peu conséquente de la réalité capitaliste. Imaginer un réformisme possible, ici, au cœur même du processus de valorisation du capital dans le cycle productif, est totalement illusoire et relève de l'anticapitalisme romantique.

Le « modèle agro écologique (centré sur la polyculture-élevage) » de Jean-Luc Mélenchon et « l’élevage raisonné » de Marine Le Pen sont un exemple d'un tel anticapitalisme romantique.

Certains savent que c'est illusoire et préfèrent mentir, prétendant affirmer qu'une réelle transformation du capitalisme existe sur le plan des élevages.

Benoît Hamon parle ainsi de « l'ampleur que prends le mouvement « hors cage », avec de nombreuses entreprises qui s’engagent à mettre fin à la production et la vente d’œufs issus de poules en cages » et on apprend que « Emmanuel Macron s’est engagé à faire disparaître l’élevage en batterie des poules pondeuses au profit des élevages alternatifs ».

Or, il faut bien voir que l'espace accordé aux poules reste fondamentalement restreint, que cela valorise d'autant plus en fait la valeur capitaliste du produit, et surtout, ce que ces gens « oublient » ici sciemment, est que les œufs produits par les monopoles pour les ovoproduits pour les industries alimentaires, soit la moitié des œufs produits, ne sont pas concernés.

2. Mettre fin aux pratiques d'élevages douloureuses (castration à vif, écornage, gavage, ...)

Gavage oie - AnimalPolitiqueLes revendications ici faites se posent contre quelque chose, or il faut savoir d'où ce quelque chose vient, quelle est sa nature.

On ne peut pas combattre une chose sans en connaître la substance. 

Or, ici, on a une protestation, un refus, une dénonciation de faits dont la nature n'est pas présentée, alors qu'elle relève d'une méthode dans le cadre d'une entreprise.

C'est donc un anticapitalisme idéaliste, qui veut tourner la roue de l'histoire en arrière, vers une utilisation des animaux telle qu'elle existait avant.

C'est une logique romantique, une volonté de retourner en arrière.

Le terme « anticapitaliste » n'a historiquement pas de sens : le communisme n'abolit pas le capitalisme, il le dépasse, profitant du développement des forces productives qu'il a permis. Mais cela ne veut nullement dire qu'il reprend les types d'industrie du capitalisme.

Brigitte Bardot et Florian Philippot du Front National

L'anticapitalisme romantique propose, lui, un retour en arrière, à une situation qui aurait été idéale. Les questions posées par AnimalPolitique contribuent à cela.

Ce n'est d'ailleurs pas une surprise : Brigitte Bardot soutient Marine Le Pen et celle-ci a développé un argumentaire anticapitaliste romantique solide, que les questions permettent de valoriser.

En ce sens, les questions d'AnimalPolitique sont une aide au fascisme. Marine Le Pen peut constater la réalité niée par les autres, mais pour fournir une fausse réponse, une réponse mensongère, celle du fascisme.

Voici la réponse de Marine Le Pen à la proposition numéro deux :

« Oui, certaines pratiques d’élevages sont particulièrement cruelles envers les animaux et doivent être interdites : je pense notamment à la castration, à la coupe des queues et au meulage des dents, qui sont la plupart du temps pratiqués sans anesthésie.

Ces pratiques soulèvent plus globalement le problème de l’élevage intensif car c’est bien parce que les cochons sont entassés les uns sur les autres, stressés, qu’ils développent des comportements violents.

Ces pratiques douloureuses seront donc interdites et nous devons favoriser le développement d’exploitations à taille humaine. La Politique Agricole Française donnera là encore aux éleveurs les moyens de moderniser leurs exploitations et de soutenir cette filière cruciale pour la France. »

Lien vers le portail Elections 2017AnimalPolitique permet à Marine Le Pen de développer son discours sur la « politique agricole française » qui résoudrait tous les problèmes : c'est de la collaboration avec le fascisme.

Car les autres candidats sont forcément incapables de répondre, puisque les pratiques douloureuses ne peuvent pas être supprimées, étant inhérentes à la valorisation dans le cycle productif, pour aller plus vite.

François Fillon, Nathalie Arthaud, François Asselineau, et Jean Lassalle n'ont ainsi pas répondu aux questions, Nicolas Dupont-Aignant et Jacques Cheminade refusent quant à eux la proposition, d'un « non » laconique.

Jean-Luc Mélenchon dit que beaucoup de choses changeront avec son « modèle agroécologique » sans plus de précision, et Benoît Hamon affirme qu'il faut « réfléchir à des alternatives possibles ». Philippe Poutou quant à lui veut en revenir à l'artisanat :

« En ce qui concerne le gavage, nous ne plaçons pas sur le même plan le gavage artisanal dans des fermes autonomes et la filière du gavage industriel. »

Seule Marine Le Pen pose le problème, mais pour prétendre que les choses changeront, alors qu'elles ne changeront pas, ce qui est typique du fascisme qui prétend que tout va changer en bien grâce au nationalisme.

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