Emission «Au tableau» sur C8, les enfants utilisés au service de la dépolitisation des masses
Submitted by Anonyme (non vérifié)« Quelle honte ! », voilà le sentiment qui prédomine normalement chez toutes les personnes progressistes à propos de l’émission « Au tableau » diffusée dimanche soir sur la chaîne C8 (groupe Canal +).
L’émission consistait en un groupe d’enfants d’une dizaine d’années (présentés comme une classe alors qu’ils ne sont pas de la même classe) posant des questions à quatre candidats à l’élection présidentielle : François Fillon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ; Marine Le Pen ayant pour sa part décliné à plusieurs reprises l’invitation.
Si les enfants ne sont pas des citoyens, c’est qu’il y a une raison : ils sont des adultes en devenir mais n’en sont pas encore ! Ils n’ont pas les moyens intellectuels, pratiques et culturels d’avoir une véritable opinion politique structurée.
Il n’ont pas, surtout, les moyens d’avoir le recul et l’esprit critique nécessaire pour interpréter de manière juste les propos d’un adulte risquant de les manipuler. Et ce d’autant plus dans une salle de classe où ils sont, par définition, soumis à l’autorité (légitime) du professeur censé être juste et objectif.
Il est alors odieux d’utiliser des enfants pour servir des hommes politiques déroulant leurs discours. Qu’une telle émission soit possible et ait connue un grand succès (1,3 millions de téléspectateurs estimés) sans rencontrer de critique en dit long sur la décadence de la société française et l’étendue de l’immoralité en son sein.
C’est au passage un véritable coup de pouce pour le fascisme qui apparaît avec Marine Le Pen comme étant la seule force refusant la décadence en n'allant pas à cette émission honteuse, contrairement à tous les autres principaux candidats.
Présenter cette émission comme étant le fruit des questions authentiques des enfants, comme l’on fait ses producteurs, relève par ailleurs de l’escroquerie. Tout était forcément cadré de manière à ce qu’il n’y ait aucune fausse note, aucun débat, que tout soit lisse et sans contenu afin de servir à mettre en valeur les hommes politiques interrogés.
Cette émission est une véritable agression à l’esprit démocratique et à la tradition du débat politique en France. Elle laissait le champs libre à des candidats pour dérouler sans filtre une opération de communication cadrée à l’avance, avec des « éléments de langage », une attitude et un style faussement spontané mais construit en détail, etc.
À travers ces enfants mis en scène, il s’agissait de flatter un esprit candide et soumis de la part d’électeurs qui n’auraient qu'à faire le choix du candidat qu’ils trouvent le plus sympathique. Les questions de fond n’étant que des aspects techniques à laisser aux spécialistes, symbolisés ici par des adultes ayant le rôle d’instituteurs face aux enfants, élèves d’une (fausse) classe.
La symbolique est terrible.
A ce petit jeu lamentable, il n’est pas étonnant que ce soit Emmanuel Macron qui s’en soit le mieux sorti, s’asseyant sur une chaise à l’envers, racontant sa vie privée, apparaissant moderne et sympathique à peu de frais.
Emmanuel Macron est indéniablement un candidat porté par un certain nombre de médias et de forces économiques le finançant en secret, lui qui n’a jamais été élu, n’est membre d’aucun parti politique et se présente comme étant le renouveau alors qu’il a été conseillé spécial puis ministre de l’Économie de François Hollande.
Emmanuel Macron est un symbole de la dépolitisation des masses en France et la petite présentation de la différence entre la gauche et la droite « en une minute » qu'il a faite devant les enfants est une très bonne illustration de cela.
Il a expliqué tout simplement que la droite, « c’est surtout la liberté » mais un peu au détriment de l’égalité, la gauche « c’est surtout l’égalité », mais un peu au détriment de la liberté, ajoutant ensuite qu’il voulait pour sa part un peu des deux, tout en étant « surtout pour la fraternité », rappelant enfin la devise de la République française : Liberté, Egalité, Fraternité.
Cette simplification (qui est fausse par ailleurs) est très utile à la bourgeoisie qui a besoin de masses serviles et dépolitisées.
L’émission « Au tableau » était une ode à la dépolitisation des masses, un odieux exercice antidémocratique et une scandaleuse utilisation des enfants.