14 nov 2009

Qu’est-ce qu’un groupe autonome?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Nous abordons souvent la question de l’autonomie. Répondons à cette question: qu’est-ce qu’un groupe autonome?

C’est une question importante en France, où l’on a historiquement eu surtout des « totos » (argot pour « autonomes »), mais pas vraiment de gens assument l’identité d’autonomes, sans même parler de « groupes autonomes. »

Répondons donc à cette question révolutionnaire.

Un groupe autonome est constitué de plusieurs personnes, normalement entre 3 et 5. Ces personnes se connaissent très bien, elles se font confiance, elles se sont réunies selon des principes affinitaires (même vision des choses, même culture révolutionnaire, etc.), leur organisation est anti-hiérarchique et démocratique.

Le groupe autonome existe de manière continue, ses membres se réunissent, discutent, font des actions, participent éventuellement à des projets plus généraux, etc.

Il n’est normalement pas possible de rejoindre un groupe autonome, dont la visibilité en tant que groupe est plus ou moins nulle, en raison de la nécessaire discrétion. On peut tout au plus être « coopté ».

En effet, il est parfois possible de se faire approcher par un groupe autonome, en raison de sa pratique et de ses positions personnelles. Mais normalement, il s’agit de fonder son propre groupe. Là est d’ailleurs la grande faiblesse (en période de reflux) et la force (en période d’avancées révolutionnaires) de l’autonomie.

Un point essentiel est également que les groupes autonomes se considèrent comme une partie du mouvement formé par l’ensemble des groupes autonomes. Il y a un principe d’identité, ne serait-ce que minimum. Pour le reste, c’est une question de choix.

Cela signifie que certains groupes autonomes sont totalement indépendants, que d’autres se fédèrent de manière plus ou moins forte avec d’autres groupes, que d’autres enfin s’unissent pour donner naissance à un mouvement, une organisation, etc.

Dans le premier cas, la forme d’organisation est plutôt anarchiste, dans le second cas elle est plutôt communiste libertaire, même si en fait elle peut également être très poussée et donner naissance à de véritables structures adaptées à des projets concrets (ainsi la principale revue clandestine autonome en Allemagne, Radikal, était produite par différents collectifs ne se connaissant pas, le dernier assurant la diffusion).

Dans le dernier cas enfin, dans le cas où naît une structure revendiquée en tant que telle, on parle alors d‘autonomie organisée. Une telle forme a bien entendu existé en Italie (au sein de « l’aire » de l’Autonomie Ouvrière), en Allemagne (l’Action antifasciste dans les années 1990), et il n’est pas difficile de comprendre que c’est un modèle d’organisation que nous défendons.

D’ailleurs si l’on regarde bien l’histoire du Parti Communiste en France, durant les années 1930 (années de la « bolchevisation »), ses cellules répondaient à ces critères. Rien à voir avec les cellules du Parti « Communiste » français telles qu’on les a connues après (légales, publiques, hiérarchisées, bureaucratisées, etc.).

Cela il faut le savoir, tout comme il existe d’ailleurs en France un énorme malentendu à ce sujet, donnant prétexte au slogan « autonomie des luttes. » Un tel slogan n’a rien à voir avec l’autonomie.

L’autonomie c’est l’unité des luttes, la rencontre sur un terrain progressiste au-delà des différences. Ce n’est pas un appel à la division, au repli sur son propre groupe, mais bien un appel à l’offensive. Une partie du mouvement autonome en France, dans les années 1977-1979, avait ainsi pris le terme d‘autonomie offensive (« Lutte Armée – Autonomie Offensive – pour le communisme! »).

Donc, quand il est parlé d’autonomie de manière historiquement correcte, il est parlé d’autonomie par rapport aux institutions, certainement pas d’autonomie en tant que fractionnement, séparation! L’autonomie est le contraire absolu de luttes locales séparées: il s’agit d’un appel à l’unité dans le mouvement révolutionnaire, dans l’offensive.

Il n’est pas difficile de voir que c’est cela dont nous avons besoin. Les associations, l’extrême-gauche légale et syndicale, toutes ces structures ne se fondent que sur une partie de la réalité, tout en bridant les perspectives d’affrontement.

Les réponses ultra-gauchistes ne sont pas productives non plus : elles ne font qu’inverser le schéma.

Ce dont on a besoin, c’est d’individus conscients s’unissant sur une base ferme et solide, même à petite échelle, produisant de la militance et de la culture, s’unifiant autant que possible dans le cours de la lutte des classes.

Alors on aura un mouvement réaliste et populaire, possédant les exigences de la confrontation révolutionnaire, car ancré dans le réel.   

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