7 avr 2011

Le fascisme n’est nullement l’ultime recours de la bourgeoisie, mais l’évolution obligée du capitalisme tendant aux monopoles !

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La forte progression de l’extrême-droite, nous l’avions prévue, et seulement nous l’avions prévue. Mais désormais, il est courant à l’extrême-gauche de prétendre comprendre la situation. Sauf que c’est absolument n’importe quoi, et ce sans commune mesure. L’extrême-gauche ne comprend en effet pas que le fascisme n’est pas qu’un « sous produit » de la crise.

Le fascisme est un saut qualitatif dans le capitalisme, le passage à la dictature des monopoles. Encore faut-il voir ici que la bourgeoisie a des contradictions en son sein, et cela seul le PCMLM le voit, seul le PCMLM constate l’existence de différentes fractions dans la bourgeoisie. Et le PCMLM a souligné que l’aspect principal dans la bourgeoisie est la contradiction entre la bourgeoisie industrielle traditionnelle (tournée plutôt vers les USA) et la bourgeoisie impérialiste (qui est « néo-gaulliste »). Contre-Informations a payé un certain prix pour avoir expliqué cela, puisque la petite-bourgeoisie hystérique s’est empressée de qualifier Contre-Informations de pro-Sarkozy, de pro-USA, de sioniste, etc. La petite-bourgeoisie, notamment celle qui infeste l’extrême-gauche, est en effet anti-dialectique et unilatérale. Elle ne voit pas le mouvement de fond dans la société.

A ses yeux, la progression de l’extrême-droite est une conséquence mécanique de la crise. Le fascisme serait seulement une sorte de remise en ordre brutale voire sanglante organisée par la bourgeoisie. Or, ce n’est pas du tout le cas, et ne pas voir cela c’est faire la même erreur que les antifascistes dans les années 1930, notamment en Allemagne. Le fascisme n’est pas qu’une démagogie visant à conquérir les masses – le fascisme c’est un projet impérialiste de domination des monopole, pour assumer la militarisation et la guerre. Ne pas voir cela, c’est ne pas comprendre le fascisme. Illustrons cela avec un extrait d’un document intitulé « Quel antifascisme aujourd’hui ? » publié par le groupe lyonnais de la Coordination des Groupes Anarchistes (une scission de 2002 de la Fédération Anarchiste).

« Analyser le fascisme comme tendance Définir le fascisme

Qu’est-ce que le fascisme historiquement ? C’est l’alliance entre discours social et national, la formation d’une «droite révolutionnaire» qui remet en cause l’idéologie démocratique bourgeoise, se vit comme «révolutionnaire», mais sert les intérêts de la bourgeoisie en brisant les luttes populaires et toute perspective révolutionnaire.

C’est aussi un discours voyant la société — amalgamée à la «nation», ce mythe au service de la bourgeoisie — comme un «organisme» qu’il faut purifier (des «ennemis intérieurs» que sont les minorités nationales et les étrangers, mais aussi les subversifs), diriger et défendre contre elle-même, en la guidant d’une main de fer.

C’est un discours idéologique qui se fonde sur une vision raciste ou ethnodifférencialiste identitaire (racisme biologique ou culturel) qui divise l’espèce humaine en groupes auxquels il assigne une «race», une identité essentialisée, c’est à dire une ensemble de caractéristiques stéréotypiques. C’est enfin un discours assignant ces identités à un territoire, autour d’une mystique de la terre et des morts (cf. Maurras, l’un des théoriciens français du fascisme). C’est une idéologie qui oppose le capitalisme industriel, corporatiste, considéré comme «authentique», au capitalisme financier, arbitrairement séparé, et amalgamé aux juifs par le discours antisémite, ce qui permet de protéger la classe capitaliste par une stratégie de bouc émissaire.

Le fascisme et la crise

Dans une période de crise d’adaptation capitaliste, le fascisme est l’ultime recours du capitalisme et de la bourgeoisie : pour briser toute résistance des classes populaires à ses offensives, mais aussi pour «mettre de l’ordre» en son sein. Tant que son pouvoir n’est pas remis en cause, la bourgeoisie a intérêt à préserver le cadre de la démocratie représentative, car le pouvoir d’influence est la forme de pouvoir la plus efficace et la plus économique. Mais dès lors que ce pouvoir est fragilisé, la tentation fasciste suscite rapidement l’adhésion de larges secteurs de la bourgeoisie.

(...)

Le statut quo aujourd’hui qui permet au capitalisme de se maintenir, sans exploser sous les contradictions qui le travaillent, est lié à la capacité d’adaptation de celui-ci, et plus largement dessystèmes de domination. Il est lié à l’absence de perspective révolutionnaire, faute de perspective (projet de société alternative) et de dynamique d’auto-organisation de masse. Mais l’Etat et la bourgeoisie savent que ce statut quo est précaire, et tentent de préserver l’avantage en menant une offensive généralisée qui vise non seulement à faire payer la crise aux travailleuses et travailleurs, et ainsi pour elle se « refaire », mais aussi à les démoraliser. Mais elle s’inscrit plus largement dans la logique systémique du capitalisme, celle de l’appropriation d’une part toujours plus importante des richesses créées par les travailleuses et travailleurs. »

Ce qui est expliqué ici est faux de bout en bout. Pour un peu, cela ressemblerait à une sorte de mauvaise caricature de Contre-Informations.

Pourquoi cela ? Parce que si d’un côté il est parfaitement bien vu que le fascisme est un « anticapitalisme » appelant à l’unité du social et du national (ce que Contre-Informations a expliqué en premier et de manière on ne peut plus sérieuse)... de l’autre, il n’est pas du tout compris pourquoi le fascisme se développe. Le fascisme ne se développe nullement en raison de l’affirmation d’une « perspective révolutionnaire » ou bien parce que la bourgeoisie y verrait la possibilité d’avoir un rapport de force qui soit meilleur. Le fascisme se développe inéluctablement en tant que domination des monopoles sur les autres fractions de la bourgeoisie.

C’est une triste ironie ici que de voir que nos nombreux plagiaires n’aient pas compris cela. Nous n’avons pas simplement expliqué qu’il existait une concurrence entre des fractions de la bourgeoisie. Nous avons également expliqué que dans le cadre de la chute tendancielle du taux de profit, la tendance à la surexploitation, aux monopoles, à la guerre impérialiste, était inévitable. En fait, inéluctablement, à la société libérale du capitalisme industriel succède la société fasciste du capitalisme monopolistique. C’est là une loi du mode de production capitaliste. Une loi implacable, contre laquelle les capitalistes ne peuvent rien, en admettant qu’ils le veulent. Les politiciens bourgeois torturés et assassinés par les nazis en savent quelque chose. Le texte a donc totalement tort d’expliquer que « Tant que son pouvoir n’est pas remis en cause, la bourgeoisie a intérêt à préserver le cadre de la démocratie représentative », car la bourgeoisie ne pense pas, elle ne choisit pas : elle est le produit du mode de production capitaliste et doit se comporter conformément à sa nature.

Prenons un second exemple, très parlant lui aussi. Réflexes, dont nous parlions récemment, a donc décidé de finalement publier une nouvelle analyse. Sans pour autant expliquer pourquoi rien n’a été publié au sujet du congrès du Front National, et surtout depuis ce congrès. Mais il fallait bien publier quelque chose alors que les médias parlaient d’une affaire « levée » par Réflexes, Réflexes étant même cité (Le Figaro, Le Monde...). C’était obligatoire, à moins de se voir considérer comme ayant cessé le projet.

Pur bricolage pourtant que ce nouvel article. Bien entendu, Réflexes prouve la possession de noms, de biographie, de photographies. La belle affaire ! Ce nouvel article – Marine Le Pen fait le ménage au FN ? – est un suicide politique. On y trouve cinq idées, toutes aussi fausses les unes que les autres :

• Marine Le Pen aurait « charmé » les médias :

« Depuis de nombreux mois il est incontestable que les média sont tombés sous le charme de Marine Le Pen en la présentant comme plus moderne et moins extrémiste que son père ou Bruno Gollnisch, au point qu’aujourd’hui le FN n’a plus vraiment besoin de faire campagne »

• Elle n’aurait rien à dire à part sur l’immigration :

« elle se contente d’attendre que les journalistes français viennent chercher ses commentaires à chaque nouvelle provocation de la droite parlementaire sur les questions d’immigration et de sécurité, la plaçant ainsi dans la position de référence sur ces questions, les seules d’ailleurs sur lesquelles le FN s’exprime vraiment »

• Le Front National ne disposerait pas réellement de cadres :

« cette nouvelle image du FN et cette surexposition permettent de pallier la faiblesse persistante d’un appareil militant décapité par des décennies de scission et de purges »

• Les « identitaires » auraient été « grillés » par le succès de Marine Le Pen :

« Parmi les victimes collatérales de cette nouvelle donne, on trouve les Identitaires. Tous leurs choix stratégiques (Candidature jeune à la présidentielle, tentative de dédiabolisation de leur image, discours populiste, instrumentalisation du thème de la laïcité pourdévelopper des thèmes islamophobes) se sont retrouvés invalidés par la nouvelle tactique médiatique de Marine Le Pen »

• Tout ce qui est à droite du FN serait « cuit » :

« Il reste alors deux solutions, attendre dans l’ombre un (plus qu’)hypothétique déclin du FN (cf la Nouvelle Droite Populaire) ou l’intégrer. Mais aux vues des dernières évolutions, il semble évident que les militants d’extrême droite devront accepter de se soumettre à la ligne définie par l’héritière Le Pen, ou prendre leur bâton de pèlerin et entamer une nouvelle traversée du désert, en attendant une éventuelle opportunité pour tenter à nouveau leur chance. Charmante perspective... »

Réflexes n’a strictement rien compris à la situation. Expliquons-nous :

• Marine Le Pen n’a pas charmé les médias ; en réalité, ce sont les réseaux de la bourgeoisie impérialiste qui lui ouvrent les portes...

• Marine Le Pen ne parle certainement pas que des « questions d’immigration et de sécurité » (comment Réflexes peut-il seulement dire cela ?!) mais bien de la mondialisation, de l’emploi, en s’adressant systématiquement aux masses populaire, voire ouvertement à la classe ouvrière.

• Le Front National est en train de muter d’un parti de droite ultra-conservatrice à un parti fasciste ; il est donc logique qu’il y ait peu de cadres malgré les succès présents. Mais au lieu de s’en moquer, il faudrait plutôt s’en inquiéter car les postes vont vite être pris !

• Les « identitaires » ne sont nullement dépassés par le FN mais au contraire ne peuvent que profiter de l’élan fasciste en cours, tout comme tout l’extrême-droite en général. Comme l’a expliqué le PCMLM, le fascisme est un mouvement, ne s’unifiant qu’aux portes du pouvoir. L’extrême-droite va se renforcer fortement, de manière inégale bien entendu (la catastrophe nucléaire de Fukushima pose par exemple des soucis importants à ce développement fasciste, de par sa dimension planétaire et internationale). Tout cela montre parfaitement la nécessité de l’avant-garde organisée en Parti Communiste armé de la science marxiste-léniniste-maoïste. Seul le PCMLM peut synthétiser la réalité, tout le reste ne sera au mieux qu’approximations. Seule une avant-garde organisée peut produire une perspective révolutionnaire cohérente, scientifique, pavant la voie de l’avenir !

En avant, pour la civilisation, pour les arts et la science, pour le communisme !

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