29 nov 2009

Non Fides, Rebetiko… Contre-Informations: quel média dans l’émergence d’une nouvelle vague?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

C’est à un va et vient très intéressant et très significatif auquel on a droit.

D’un côté, Non Fides arrête, c’est la fin de ce « journal anarchiste apériodique », après deux années d’existence et quatre numéros. Non Fides espérait rester un média papier « à l’abri » des querelles partisanes, mais internet a nécessairement politisé sa démarche, faisant de Non Fides un pôle de références, bonnes ou mauvaises.

Soit exactement ce que Non Fides ne voulait pas. Le projet se termine donc.

De l’autre côté, le journal Rebetiko – produit par les « invisibles » – a lui des moyens financiers bien plus grands et peut donc se maintenir, avec même une opération de promotion typiquement commercial:

« Ne plus payer le journal

Rebetiko se distribue gratuitement ou contre une participation libre. Dans les bars, dans la rue, les librairies, les médiathèques, les facultés, sous les lits, dans les toilettes publiques des aires d’autoroute, chez les coiffeurs… partout où circule la plèbe. La distribution est diffuse, et a vocation à se densifier quand la situation le requiert.

Les 200 premières demandes envoyées à Rebetiko (rebetiko+++@+++riseup.net) accompagnées d’une adresse postale bénéficieront d’un abonnement gratuit. Envoi en toute discrétion ! Il est possible d’en faire parvenir un paquet pour une diffusion locale. Toute bonne adresse où laisser des stocks pourra également être approvisionnée.

Rebetiko no 3, automne 2009
Chants de la plèbe. »

Ce chassé-croisé Rebetiko/Non Fides veut dire beaucoup de choses. Pourquoi? Déjà parce que Non Fides tout comme Rebetiko (ou les « invisibles »), même s’ils se veulent au-delà des définitions (forcément « dogmatiques »), forment une composante de ce qu’on peut appeler une « nouvelle vague. »

« Nouvelle vague » ou bien, si l’on préfère, une « extrême-gauche à l’américaine. »

Que faut-il comprendre par là? Tout simplement qu’en France, l’extrême-gauche est encore très largement constituée à partir des restes des années 1990, elles-mêmes issues des ruines des années 1980; l’extrême-gauche aujourd’hui c’est l’extrême-gauche des années 1980 en totalement délavé.

Mais il y a une rébellion contre cette nullité, une rébellion ancrée dans le réel, et qui s’approprie des thèmes modernes, actuels, avec une démarche radicale fondée sur une vie quotidienne « révolutionnaire » et le refus du légalisme.

La preuve justement que Non Fides (en tant que groupe organisé) a été une constituante de cela, c’est que comme il l’affirme dans son texte « d’adieu », il leur a été demandé bien trop souvent: « Vous critiquez tout, mais qu’est-ce que vous faites concrètement ? »

Cette question est en fait, inévitablement et inlassablement, ce que doit affronter la personne révolutionnaire, du type « nouvelle vague » ou « extrême-gauche à l’américaine. »

Vous n’êtes pas syndiqués? Pas au NPA? Vous n’êtes pas dans des associations? Vous ne faites pas des concerts de soutien? Mais vous faites quoi alors? Vous êtes des totos (argot pour autonomes)?

Car l’ancienne extrême-gauche, les légalistes, associatifs, syndicalistes, etc. sont insupportables, ne comprennent rien de rien, sont bornés au possible, totalement débordés. Ils ne comprennent tout simplement pas qu’on puisse avoir une démarche autre que la leur.

L’un des exemples culturels les plus marquants à ce sujet qu’on a pu voir récemment a été le « succès » de l’article Grecs frites, kébabs et snack … des poisons pour le Peuple des Red Lions 94. Comment, des révolutionnaires s’intéresseraient aux kebabs? Mais pourquoi?

La même réaction d’incompréhension eut lieu au moment de la mort de Michael Jackson (voir nos articles à ce sujet ici). Comment, des révolutionnaires accorderaient leur attention à Michael Jackson ?

Et comme, pour une « nouvelle vague » sérieuse, la question des animaux et de l’écologie est d’une importance capitale, on a droit ici aussi à des incompréhensions gigantesques.

Un collectif anti-autoritaire antispéciste comme les « Furieuses carottes », pourtant anarchiste dans une extrême-gauche tout de même en bonne partie anarchiste, n’a jamais été pris vraiment en considération, même pas alors que la répression le frappait!

Et quelles ont été les raisons de la répression justement? La police a criminalisé ce groupe en raison des activités illégales depuis quelques années du Front de Libération des Animaux (ALF), dont personne (à part quelques exceptions, dont Contre-Informations depuis le départ) n’a parlé à l’extrême-gauche. Résultat: la criminalisation était d’autant plus facile contre des militants légaux « isolés. »

Telle est la situation, même s’il ne s’agit en rien, bien entendu, de masquer les différences et contradictions existant au sein de cette « nouvelle vague », ni d’ailleurs les faiblesses inhérentes à la « nouvelle vague. »

Ainsi, Non Fides pourra dire en tant qu’anarchiste ce qu’il veut, mais pour nous, il est évident qu’à partir du moment où en octobre il publiait une brochure « L’anarchisme contre l’antifascisme », il était condamné.

La publication d’un tel document a consisté en un véritable suicide. Non pas politiquement, car les documents de la brochure sont bien antifascistes, affirmant en fait que seul l’anarchisme peut réellement être antifasciste (en tant que communistes, nous ne sommes bien entendu pas d’accord, et notre démarche antifasciste -le « front »- est totalement différente, mais la question n’est pas là).

Toutefois, sur les plans culturel et idéologique, quel intérêt à taper la pose anti-antifasciste? Une telle position ne peut revenir qu’au suicide alors que le fascisme progresse en France!

Non Fides pourra bien répondre, ou aurait pu bien répondre, que l’idéologie ce n’est pas son souci, que toutes les idéologies sont ossifiées, forcément autoritaires.

C’est là l’erreur central de Non Fides, car toutes les idéologies ne valent pas, le critère de valeur étant au moins la culture. En tant que tel, l’arrêt de la part de Non Fides est une capitulation culturelle, à un moment où les fascistes font pulluler les fausses conceptions « révolutionnaires. »

Et une capitulation culturelle est une capitulation politique.

Rebetiko et les invisibles ont eux compris l’importance de la culture, et passent par là pour faire de la politique. Ils s’imaginent d’ailleurs faire de la politique sans en faire. Sauf que leur démarche signifie le refus d’assumer d’avoir des positions claires (ce que voulait par contre Non Fides), et donc à court terme la décadence.

En fait, c’est exactement là qu’est l’erreur des anarchistes: ils ne comprennent pas la dialectique entre la politique et la culture, car ils ne comprennent pas la lutte des classes. Ils refusent la politique par état d’esprit « au-dessus » des classes sociales et ils ne comprennent pas la culture en raison de leur position individualiste.

Ils ne sont donc pas à la hauteur face à ce qui nécessite des réponses claires et nettes: la crise générale du capitalisme (et le fascisme), la crise écologique.

Ils n’assument pas leurs responsabilités car ils ne sont pas fondés sur la classe ouvrière, classe qui doit justement prendre toutes les responsabilités de direction de la société.

Contre-Informations assume ces exigences prolétariennes.

Ainsi, si Non Fides se voulait principalement une revue publiée sur papier et critique internet dans son texte d’adieu, et si Rebetiko ne diffuse ses textes que sur papier et ce de manière contrôlée, Contre-Informations au contraire assume le choix du net, seule possibilité dans cette période d’une revue accessible le plus démocratiquement possible.

Bien entendu, tout le monde n’a pas internet au sein des masses populaires, mais qui peut avoir accès à des revues diffusées de manière semi-confidentielle, la France n’ayant aucun réel circuit de distribution alternatif?

Et n’est-ce pas une forme démocratique qu’un journal en ligne, avec des articles plus ou moins denses, des thématiques concrètes, des archives, des textes d’explication, une esthétique en phase avec l’identité révolutionnaire?

Si, c’est une forme démocratique, et il est juste d’assumer cette tâche de publiciste, au sens bolchevik, au sens partisan, c’est-à-dire selon l’esprit de Parti : le PCMLM!

Contre-Informations, c’est l’équipe bolchévik des publicistes au service de la Cause du peuple!     

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