17 nov 2008

Cellule invisible et société secrète, ou avant-garde?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a une chose qui a frappé les esprits avec l'arrestation des 9 personnes accusées de composer une «cellule invisible»: la facilité avec laquelle l'Etat a mis les gens en prison malgré l'absence de «preuves».

Il y en avait tellement peu des «preuves» qu'on a même eu droit à un véritable magouillage juridique permettant de passer d’une affaire à une autre, c'est-à-dire des sabotages des lignes de TGV à une prétendue enquête «antérieure» concernant la mouvance «anarcho-autonome», Cette magouille va permettre de garder plusieurs mois, voire années, les activistes arrêtés en préventive s'il le désire.

Quant aux preuves... on trouve pêle-mêle le fait de ne rien dire aux flics, le fait d'avoir chez soi des dépliants avec les horaires des trains...

Il va de soi que la démocratie bourgeoise est en réalité la dictature de la bourgeoisie, et que le cas échéant le masque tombe et la répression se montre dans toute sa cruauté.

Mais ici les choses sont plus simples et il y a une contradiction qui explique en grande partie la largeur et la facilité de la répression.

Cette contradiction, c'est celle qu'il y a entre la prétention révolutionnaire et «insurrectionnaliste » de la «cellule invisible» et sa réalité qui est celle d'une société secrète.

Une avant-garde révolutionnaire est par essence liée au peuple. Elle cherche la protection des masses. Ses activistes sont dans le peuple comme des poissons dans l'eau.

Mais tel n'est pas le cas d'une société secrète, dont les membres cultivent l'isolement en cercle fermé et les décisions en laboratoire.

Partant de là, lorsque la société secrète décide de «passer à l'action», ses décisions politiques se transforment en décisions purement «militaires». Et alors en cas de destruction militaire justement, en cas de répression, il ne reste plus rien, la société secrète fonctionnant en vase clos.

Voilà pourquoi la campagne de lynchage étatique et médiatique a été si facile.

Les masses connaissent l'extrême-gauche, celle issue de mai 1968: les maoïstes, les anarchistes ou encore les trotskystes.

Mais elles ne connaissent pas ce qu'on appelle l'ultra-gauche, qui n'a ni revendications ni programmes, et dont même «l'insurrection» ne se présente pas sous la forme du traditionnel « grand soir ».

Il suffisait alors pour l'Etat de mettre en avant les origines bourgeoises des membres de la «cellule invisible» pour que les masses se détournent de la «proposition stratégique» de la «cellule invisible».

Le leçon -malheureuse mais politique- de cela est que sans la protection des masses, les révolutionnaires ne sont rien face à l’Etat.

Ce qui a aidé à l'Etat bourgeois dans sa capacité répressive est l'orientation politique erronée, faisant que la «cellule invisible » n'avance ni idéologie, ni revendications, ni d'analyses de la société et surtout ne cherche pas à lier ses actions à la lutte de classe.

Partant là, le document «L'insurrection qui vient» se transforme en son contraire: d'oeuvre littéraire ayant un écho dans le milieu intellectuel parisien, elle s'est transformée en ce que l'Etat a considéré comme une déclaration de guerre.

D'où les déclarations systématiques d'universitaires ultra gauchistes (comme Sébastien Schiffres ou Olivier Pascault) pour affirmer que l'intellectuel de la «cellule invisible» n'est en fait ... qu'un intellectuel et pas un révolutionnaire.

Que va faire Julien Coupat, l'intellectuel en question?

Va-t-il politiser son discours et affronter l'Etat en se plaçant selon le point de vue de la lutte des classes? Ou bien abandonner l'insurrection au profit d'une carrière littéraire qui lui tend les bras?

Maintenant que la société secrète qu'il a construite s'est effondrée, là est la question.     

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