6 sep 2010

Jamais l’extrême-gauche n’aura eu l’air aussi éloignée des exigences des masses…

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La manifestation du 7 septembre 2010 n’est pas encore là que, des anarchistes aux « marxistes-léninistes », pullulent les communiqués, qui tous contiennent une phrase du type « Nous qui sommes aujourd’hui dans la rue » afin de souligner qu’il s’agit d’un tract.

Tout comme la forme, le contenu est similaire : la réforme des retraites sert le capitalisme qui veut faire sauter le système des retraites pour passer à un système de capitalisation privée.

Et, dans tout les cas, les choses sont très claires : il n’y a pas de programme, pas de revendications. En fait pour l’extrême-gauche, la ligne de masses se résume à participer aux mouvement sociaux en distribuant des tracts et éventuellement en vendant des journaux, tout en participant aux syndicats.

Il n’y a donc aucune perspective concrète et, moins il y en a, plus on passe à la mise en avant de mythes. On connaissait la « grève générale », elle est bien entendu encore présente, cette fois on a également droit au « Parti » qui une fois apparu fera la révolution, etc.

Ce qui se passe est simple : les masses vont bouger, donc la posture défensive est « appuyée » par un discours populiste, dans une surenchère totalement déconnectée de la gravité de la situation et de la nécessité d’un haut niveau de confrontation de classe.

Tout cela est purement incantatoire, car aucune organisation d’extrême-gauche n’a les moyens d’avoir un réel impact sur les masses ; la seule organisation ayant une implantation réelle est Lutte Ouvrière, mais elle s’est toujours posée dans une logique purement attentiste.

SUD peut bien parler également de « redistribution des richesses » : il est évident que ce syndicat n’est pas pour autant prêt à aller les armes à la main chercher les richesses là où elles sont. Ce qui est pourtant la seule manière viable d’obtenir la redistribution des richesses. Gageons que ce syndicat sera à l’avenir inévitablement dépassé par une partie de la base qui prendra au sérieux cette exigence.

Et le problème très clair de tout cela est qu’il n’y a pas de contenu. Parler d’un « autre futur » ou même de socialisme n’a pas de sens si on ne dit pas ce qu’il y a derrière. Opposer socialisme et capitalisme est correct, mais encore faut-il dire pourquoi.

Il ne suffit pas non plus de dire que les masses sont exploitées : cela, elles le vivent au quotidien, la question est de trouver une perspective vers la victoire de leurs exigences.

Mais quelles sont les exigences des masses ? Jamais l’extrême-gauche n’aura eu l’air aussi éloignée des exigences des masses. Il y a une coupure totale entre l’extrême-gauche et la vie quotidienne des masses. La seule actualité de l’extrême-gauche, c’est la politique du gouvernement.

D’où l’excitation sur la réforme des retraites, qui semble être le levier idéal pour agir sur les masses. Quelle ironie alors de voir des « révolutionnaires » prendre comme actualité l’agenda du gouvernement, tout en expliquant qu’ils ne s’intéressent pas à ce que fait le gouvernement mais à un « autre futur » !

Si cela était vrai… alors il y aurait une véritable programmatique. Où est la critique de la société capitaliste par ces « révolutionnaires » ?

Non, la vérité est qu’il n’y a que peu de gens qui font le travail de fond, qui font une critique systématique du capitalisme, sans attendre les mouvements sociaux ni se fonder sur l’agenda du gouvernement.

Ces gens – et nous en faisons partie – n’ont pas comme identité de mettre dans un tract des formules incantatoires, et mensongères. Non, le point commun de ceux et celles qui font un travail de fond, c’est l’assembléisme, le basisme : la conception comme quoi si le peuple fait des assemblées dans un mouvement de lutte, il va en ressortir un élan profond, authentiquement révolutionnaire.

Tout le travail que Contre-Informations a mené est un travail en amont, un travail préparatoire, un travail qui vise à servir le mouvement qui se construit en spirale (car l’histoire progresse en spirale).

Le PCMLM a confiance dans son idéologie, et ne suit pas les principes populistes et pragmatiques visant à prôner de « l’action ». Bien entendu, les populistes affirment que le PCMLM ne fait rien, car ce que nous faisons, notre démarche scientifique, tout cela n’a pas de valeur pour eux.

C’est ce qui a été expliqué dans l’article Le PCMLM, c’est la matière grise de la révolution (la question de « l’attente critique ») et c’est ce qui est intolérable pour les populistes.

Pour les populistes, le Parti est un vecteur, pas une base ; inévitablement leur position bascule soit dans le syndicalisme et l’opportunisme, soit dans le guévarisme et le militarisme.

Le PCMLM est coupé de ce populisme. Comme l’a dit Antonio Gramsci, notre « action ne consiste pas à s’abandonner au cours des événements déterminés par les lois de la concurrence bourgeoise, elle est une attente critique ».

Inversement, la réforme des retraites est pour les populistes une manière de s’imaginer protagonistes car, pour eux, hors de la politique bourgeoise, il n’y a pas de construction possible.

Les articles de Contre-Informations et de Révolution prouvent le contraire : une démarche révolutionnaire est possible, la continuité est possible, la production est possible.

Que, dans les luttes de classes qui s’affirment, les masses voient qui produit, et qui ne produit pas !

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