18 juin 2012

Une vague bleu marine à deux doigts d'un succès idéologique et culturel très important aux législatives

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Cela a été plus que limite et c'est un avertissement important. Marine Le Pen a donc obtenu 49,89 % des voix dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais ; cela a été très juste, on a frôlé sa victoire et pour quoi ?

Pour avoir un social-démocrate, membre d'une social-démocratie corrompue, qui gagne de justesse avant d'encore plus, de par sa démarche, enfoncer les masses dans le désenchantement. Les arrestations d'antifascistes menées dans la foulée hier soir à Hénin-Beaumont sont là d'ailleurs pour rappeler que rien ne doit venir troubler la machine « démocratique », masque d'une société bourgeoise en perdition et ouvrant les vannes aux idées fascistes.

C'est un boulevard qui est déroulé pour les fascistes, qui clairement sont mis en avant comme « recours » en cas de cul-de-sac de la démocratie bourgeoise.

La France de 2012, c'est ainsi celle où Marion Maréchal-Le Pen peut devenir, à 22 ans, la plus jeune députée de l'histoire de la cinquième république bourgeoise. Étudiante en master de droit public à Assas (Paris-II), elle gagne dans le Vaucluse à Carpentras, deux ans après avoir été candidate aux municipales en 2010 à Saint-Cloud, très chic banlieue parisienne.

Un parachutage en règle donc, qui est purement et simplement le produit d'un bricolage idéologique et culturel. Le but étant bien sûr de moderniser le Front National. Désormais, élue à Carpentras, donc, Marion Maréchal-Le Pen se déclare « heureuse d'être la porte-parole de cette jeunesse française qui sera demain le fer de lance de la nouvelle espérance incarnée par le Front National et par Marine. »

Il n'est pas difficile de voir l'impact que cela aura sur une jeunesse déjà tournée en large partie vers la réaction, le repli sur soi, l'attentisme le plus complet.

Marion Maréchal-Le Pen rejoindra d'ailleurs à l'assemblée l'avocat Gilbert Collard, qui applique une ligne anti-parlementaire à la mode de l'extrême-droite. Il déclarait en mai 2012 :

C'est quoi, un parlementaire ? Un homme qui vote en appuyant sur un bouton, aux ordres d'un parti ? Non, c'est un casse-couille démocratique. On va foutre un tel bordel dans l'hémicycle que peut-être ils n'y dormiront plus !

De manière intéressante, il faut voir que Collard vient de la « gauche », conformément aux analyses de Sternhell. Dans son autobiographie, Collard raconte ainsi, parlant de son père :

À la fois camelot du roi, dans l'esprit d'abattre la République, notaire de la fille adoptive de Maurras, puis communiste, pourchassé par la collaboration, destitué de sa charge puis réintégré à la Libération, résistant dans le maquis de Clermont-d'Auvergne.

Puis, après avoir parlé de sa mère, membre de la bourgeoisie réfugiée à Vichy et estimant Pétain, il explique :

En somme, j'ai reçu une éducation anarchisante dans un milieu de droite, où j'ai lu à la fois Maurras et Marx.

C'est très révélateur. Dans un même genre, à Arles / Istres, Valérie Laupies a perdu en obtenant tout de même 48,71%. C'est une directrice d’école et enseignante en ZEP à Tarascon, passée par l'altermondialisme d'ATTAC.

Ce qui fait qu'on passe très près de la correctionnelle : si Valérie Laupies avait été élu, si Marine Le Pen avait été élu à Hénin-Beaumont qui est une zone populaire et ouvrière, c'est une offensive « sociale » qu'aurait mené la « vague bleu marine », permettant au FN de se placer en opposition directe avec le Parti Socialiste.

Car là se situe un second problème. L’ensemble des candidats « de gauche » (PS, radicaux de gauche et divers gauche, Front de gauche, EELV) fait 50,99% au second tour, or c'est une « gauche » sans projet, jouant simplement le rôle de modernisatrice pour la bourgeoisie.

Le Parti « Communiste » a encore perdu des députés ; le Front de Gauche n'est qu'une social-démocratie à côté de la social-démocratie. Il faut d'ailleurs noter l'échec final de deux figures historiques du municipalisme « communiste » : Jean-Pierre Brard à Montreuil et surtout Patrick Braouezec en Seine Saint-Denis.

Ce qui se profile, c'est qu'il n'y a plus de place que pour la social-démocratie moderniste et le fascisme. Tout le reste se voit absorbé, aspiré, liquidé.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste, commentant le succès du Parti Socialiste hier soir, expliquait que :

Le Parti socialiste obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale mais l'abstention record, plus forte qu'au premier tour des législatives, vient souligner le peu d’enthousiasme que recueille la nouvelle majorité du PS et de ses alliés en soutien à François Hollande.

(…)

Les travailleurs, les classes populaires, les jeunes ne peuvent laisser l'opposition à la politique de Hollande entre les mains de leurs ennemis, la droite et l'extrême-droite populiste.

Oui, mais comment ? Car le NPA n'a pas la solution, et d'ailleurs parler d'extrême-droite « populiste », c'est nier que c'est du fascisme qu'il s'agit.

La seule solution, c'est que l'avant-garde assume un haut niveau culturel et idéologique, avec une pratique progressiste dans la vie quotidienne. Ce n'est que cela qui peut se propager au sein des masses et provoquer une cassure dans la société bourgeoise en perdition qui, sinon, va précipiter les masses dans le fascisme et la guerre impérialiste !

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