29 sep 2011

Orelsan, le retour sordide du branché décadent

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Orelsan, un rappeur qui s'était signalé en 2009 par des textes ultra patriarcaux reflétant bien la progression du fascisme à notre époque sort à présent un deuxième album. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la bourgeoisie lui a contacté un plan com' en béton. Orelsan est ainsi devenu « branché », a droit à une pub gigantesque dans Libération et son deuxième album est regardé par les commentateurs bourgeois comme l'œuvre d'un artiste à fleur de peau, un véritable auteur incompris. 

Le message est en fait à peu près le même. Orelsan prétend qu'il incarne des personnage de fiction et qu'il leur fait tenir des propos volontairement outrageants, correspondant à la vision du dit personnage. C'était la même chose avec « Sale pute » où il fallait comprendre que la brutalité patriarcale du texte était celui du personnage en prise à un « dépit amoureux » (selon les termes du ministre de la culture Frédéric Mitterrand, adepte du tourisme sexuel, autre brutalité patriarcale abominable engendrée par le capitalisme et l'impérialisme). 

 

Pour rappel, voici un extrait de la chanson en question :

« Tu es juste une putain d’avaleuse de sabre, une sale catin

Un sale tapin tout ces mots doux c’était que du baratin

On s’tenait par la main on s’enlaçait on s’embrassait

On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée

On verra comment tu suces quand j’te déboiterai la mâchoire

T’es juste une truie tu mérites ta place à l’abattoir ». 

Le reste du texte est du même acabit.

 

A l'époque aussi, la polémique s'était focalisée sur cette seule chanson et les médias bourgeois répétaient partout qu'Orelsan ne la chantait plus sur scène, signifiant par la même qu'il ne revendiquait pas ses paroles et était victime d'une incompréhension.

 

En réalité, toutes, absolument toutes ses autres chansons s'inscrivaient dans la même veine patriarcale avec des textes orduriers assumés du type « J'aime les peaux mates, car leur couleur fait ressortir le sperme » ; « Sens-moi dans ton estomac, t'es belle comme une double-anale » (sur « Saint-Valentin »); « si tu baises sans capote, évite de cracher pendant l'action » (sur « 50 % »).  

 

La stratégie commode d'Orelsan qui prétend incarner des personnages, est celle de la fuite en avant dans un nihilisme de plus en plus assumée. Et cette stratégie de fuite correspond à l'attitude de la petite-bourgeoisie qui panique dans le contexte de la crise générale du capitalisme.  

 

Comment peut-on savoir qu'Orelsan ment quand il prétend incarner des personnages et que ses textes reflètent sa véritable façon de penser ? Parce que les textes ignorent la dialectique. Orelsan n'incarne jamais un personnage positif prenant le contre-pied du patriarcat. Orelsan ne se confronte pas à la brutalité patriarcale pour la combattre. Non, Orelsan valide la brutalité patriarcale, il vit dedans, il en est un des véhicules. Orelsan est le produit de la putréfaction du capitalisme et adopte une attitude passive qui lui fait exprimer toutes les abominations de notre époque. 

 

Que les artistes expriment le glauque de notre époque, cela est complètement normal, car la décadence du capitalisme sous fond de crise générale est véritablement glauque. Mais les artistes sont en mouvement dans l'histoire et ne se contentent pas de décrire une sombre réalité mais l'inscrivent dans une dynamique de progrès. Le monde est glauque mais il pourrait sortir – et sera sortie par la révolution socialiste - du glauque. 

 

Le monde d'Orelsan est glauque et ne peut être autre chose que glauque. A l'opposé des communistes qui célèbrent la vie et la nature, Orelsan préfère se donner un genre en rejetant tout, absolument tout, et sa vision désastreuse des animaux est à l'image du monde dépourvu de sensations dans lequel il vit. 

« Adieu la campagne et ses familles crasseuses

Proche du porc au point d'attraper la fièvre aphteuse 

[...]  

Béééh, tous ces moutons pathétiques 

[…]

Adieu les banquiers véreux

Le monde leur appartient

Adieu tous les pigeons qui leur mangent dans la main 

[…]

les bouseux dans leur étables » (Suicide social).

Quant aux femmes, elles se font régulièrement traiter de chiennes dans les textes d'Orelsan.

 

Les chansons d'Orelsan ne font que tourner en rond dans leur nihilisme. Les soi-disants « personnages » d'Orelsan lui servent de paravent bien pratique pour affirmer ses idées fascistes sur un arrière-plan de dépression haineuse typique de la petite bourgeoisie perdant pied dans la crise générale du capitalisme.   

 

D'ailleurs, « suicide social » sur le nouvel album répond à la chanson « entre bien et mal » du précédent opus. 

 

Dans « entre bien et mal », on peut entendre :  

« Entre bien et mal, au pied du mur t'as le choix, y'en a qui marchent droit, y'en a qui pètent un cable

Entre bien et mal j'peux gagner le respect en trimant, ou faire pareil en trichant

Car toute ta vie tu sera partagé entre bien et mal...

Entre bien et mal, au pied du mur t'as le choix, y'en a qui marchent droit, y'en a qui pètent un cable

Ou bien tu fais le mal au final, t'es le seul déçu, ou bien t'es dans le droit chemin et tu t'fais marcher dessus 

[…]

Si les bons partent en premier j'compte vivre longtemps

Prendre du bon temps, baiser la vie avec ou sans consentement

Choisis ton camp moi j'marcherais jamais dans le droit chemin

J'taferais jamais comme un chien parce qu'on peut tout perdre du jour au lendemain »

On voit bien ici ce que l'on a expliqué plus haut, à savoir qu'Orelsan valide la brutalité patriarcale comme une donnée indépassable et qu'il faut bien accepter pour survivre (ou bien t'es dans le droit chemin et tu t'fais marcher dessus).

 

Orelsan est un produit de la décadence capitaliste qui en reproduit tous les codes mais il n'en revendique pas moins une attitude de rebelle solitaire (« j'marcherais jamais dans le droit chemin

J'taferais jamais comme un chien parce qu'on peut tout perdre du jour au lendemain » ). 

 

Dans « suicide social », sur le nouvel album donc, on peut entendre :

« Adieu lesbiennes refoulées, surexcitées

Qui cherchent dans leur féminité une raison d’exister

Adieu ceux qui vivent à travers leur sexualité

Danser sur des chariots ? C’est ça votre fierté ?

Les bisounours et leur pouvoir de l’arc-en-ciel

Qui voudraient me faire croire qu’être hétéro c’est à l’ancienne

Tellement, tellement susceptible

Pour prouver que t’es pas homophobe faudra bientôt que tu suces des types »

Cette chanson est en quelque sorte la suite d'« entre bien et mal ». Le ton de la chanson est celui d'un homme dégoûté de tout, méprisant le peuple dans toutes ses composantes et mettant bourgeois et prolétaires « dans le même sac ». Loger bourgeois et prolétaires à la même enseigne  (car ceux-ci ne vaudraient pas mieux comme le suggère la chanson) correspond pleinement à l'attitude de la petite-bourgeoisie qui se croit en dehors de classes et qui en vient à nier purement et simplement la lutte de classes. 

 

Dans l'extrait ci-dessus s'exprime une violente diatribe patriarcale contre les féministes et les personnes homosexuelles. Les premières sont perçues à travers le prisme habituel de l'hystérie s'expliquant par le complexe par une sexualité échappant à la norme hétérosexuelle. Quant aux  personnes homosexuelles, elles sont perçues comme une menace à l'hétérosexualité, selon l'habituel vieux couplet réactionnaire et paranoïaque.  

 

Au passage, Orelsan semble à un moment s'en prendre au fasciste, mais comme le petit-bourgeois qu'il est, déconnecté de la réalité de la putréfaction capitaliste dont il est pourtant issu, il ne voit en eux que des personnes désœuvrées jouant un rôle :

« Adieu ces nouveaux fascistes

Qui justifient leur vie de merde par des idéaux racistes

Devenu néo-nazis parce que t'avais aucune passion

Au lieu de jouer les SS, trouve une occupation »

Mais finalement, tout le texte d'Orelsan, empli de nihilisme destructeur, tend logiquement vers l'affirmation d'idées fascistes directement lié à la notion d'anti-capitalisme romantique. 

« Adieu la nation, tous ces incapables dans les administrations

Ces rois de l’inaction

Avec leurs bâtiments qui donnent envie de vomir

Qui font exprès d'ouvrir à des heures où personne peut venir 

[...]

Adieu les politiques, en parler serait perdre mon temps

Tout le système est complètement incompétent »

L'anti-capitalisme romantique consiste à adopter une posture contre le capitalisme qui au lieu d'être scientifique et d'affirmer le besoin de la révolution socialiste, se complaît dans une fausse rébellion contre le « système », lequel n'est jamais défini, et contre des symboles, comme l'argent (au lieu de la marchandise) ou bien les patrons (au lieu de dire « la bourgeoisie »). 

 

Pourquoi l'anti-capitalisme romantique est-il typiquement (bien que pas exclusivement) petit-bourgeois ? Parce que les petits-bourgeois sont en réalité déçus que le capitalisme ne fonctionne pas, c'est-à-dire en fait qu'ils n'en profitent plus. Voilà pourquoi Orelsan, en guise de rebellion anti « système », appelle de ses voeux des administration qui ouvrent le soir et regrettent que la nation soit aux mains d'«incapables ». Ceci rejoint le discours classique du fascisme qui veut régénérer la nation, alors que les communistes – eux – veulent la dépasser pour aller vers la communauté universelle.  

 

Etant donné que cette posture est romantique, elle s'accompagne forcément d'une haine du « monde moderne » assortie à une nostalgie envers le monde ancien qui disparaît peu à peu. C'est le sens de l'hétérosexualité qui serait ringardisée par la « mode » des homosexuelLEs, selon la vision petite-bourgeoise d'Orelsan.

 

Orelsan diffuse la crispation d'une petite-bourgeoisie affolée par la crise générale du capitalisme, incapable d'assumer la révolution socialiste et donc prête à tout détruire dans un élan nihiliste. 

 

Et ce n'est pas un hasard si son album s'intitule « Raelsan » en référence à la secte Raël. Orelsan critique les sectes au détour d'une phrase mais dans « suicide social » mais éprouve une fascination pour les délires tripés qui permettent de s'échapper d'une réalité que la petite-bourgeoisie nihiliste ne supporte pas et n'a pas les moyens de dépasser par la révolution. 

« Faut qu'on s'offre une nouvelle vie

Faut qu'on s'ouvre l'esprit 

[...]  

J'ai une soucoupe en double file

Je te ramène avec oim

Raelsan ». 

Orelsan est bien une figure fasciste de notre époque qui bénéficie d'ailleurs de l'appui du frère jumeau du fascisme, la social-démocratie, comme le montre l'énorme campagne de pub autour de son deuxième album et l'interview dans « Libération-Next ».    

Publié sur notre ancien média: 
Mots clés: