27 mar 2012

Les masses juives de France face au pogrom comprennent que les comptes n'ont pas encore été réglés

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les personnes juives de France ont été très profondément choquées par le massacre nazi du Lundi 19 Mars. Cependant, personne n'a compris cela comme un coup de semonce dans un ciel clair. Car au long de ces 10 dernières années déjà, elles avaient largement toutes pris conscience de la montée de l'antisémitisme dans la société capitaliste française.

D'autant plus que si l'antisémitisme est largement prégnant dans la petite-bourgeoisie, avec la crise capitaliste il tend à reprendre au sein des masses populaires. Où qu'on aille dans la société française, l'antisémitisme s'exprime d'une manière ou d'une autre.

Mais là, c'est un cap qui est passé. Avec la matérialisation sanglante de cette montée de l'antisémitisme, le sentiment de l'urgence d'une réponse est aujourd'hui très fort dans les masses juives.

C'est ce qui explique la rapidité et l'importance de la mobilisation populaire spontanée le soir même du massacre : les personnes juives de France ont immédiatement perçu la dimension génocidaire de l'attentat perpétré par Mohamed Merah.

Plus particulièrement, ce sont les masses juives progressistes qui ont subies électrochoc le plus important. Ici, c'est un vrai traumatisme, une catastrophe psychologique.

En effet, ces 10 dernières années, la gauche et l'extrême-gauche ont largement abandonné les masses juives de France à leur sort, alors que celles-ci leur étaient jusque là très majoritairement acquises. Ces 60 dernières années en France, les masses juives ont toujours été massivement dans le camp de la social-démocratie ou bien celui de la révolution socialiste. Il suffit de rappeler le nombre de personnes rien que parmi les dirigeants des organisations d'extrême-gauche en 1968 pour avoir une idée de ce que cela représentait.

La césure a donc été un choc profond, qui a donné des ailes aux personnes juives de la bourgeoisie pour prôner l'alliance avec Sarkozy ou bien le sionisme à la « Ligue de Défense Juive. »

Pour comprendre l'origine de cette césure dans toute sa mesure, il suffit de se rappeler des réactions face aux provocations antisémites de Dieudonné (allant du soutien au simple désintérêt), à l'antisémitisme affirmé de certains groupes de pseudo-soutien de la cause palestinienne, ou encore de se rappeler le silence assourdissant à la suite du meurtre barbare d'Ilan Halimi.

Seule à gauche le Parti Socialiste continuait à donner le change, mollement, pour ne pas se couper d'une partie de sa base et de sa tradition récente.

Ainsi, une partie importante des masses juives s'est retrouvée comme tétanisée et s'est repliée sur elle-même, dans la religion ou bien dans une forme d'identitarisme juif pro-israélien.

Des groupes d'extrême-droite ont pu donc se re-développer comme la « Ligue de Défense Juive » qui organise des jeunes issus du lumpen-proletariat juif derrière des cadres de la haute bourgeoisie sur un projet nationaliste français pro-israélien violent.

Des intellectuels dans la plus pure tradition du fascisme français ont pu gagner une renommée particulièrement importante comme Eric Zemmour ou Gilles-William Goldnadel. Et ce même si la bourgeoisie juive française reste majoritairement libéral-démocrate.

Cela, les organisations de gauche liées au Parti Socialiste l'ont bien compris. Et elles ont aussi compris l'urgence de mobiliser pour ne pas laisser se développer l'extrême-droite dans les masses juives. En effet, ces derniers ont acquis un prestige certain en étant pratiquement les seules à mettre en avant l'antisémitisme islamiste (présenté de manière fausse comme faisant partie de la substance de la religion islamique) et surtout en étant les seuls à avoir dit ouvertement dès le jour même de l'attentat nazi du Lundi 19 Mars qu'il pouvait être le fait d'un groupe djihadiste.

De son côté, l'extrême-gauche tentait de se relancer de manière idéaliste en mettant absolument tout en jeu dans un « pari » sordide comme quoi seul un nazi aurait pu faire le coup. C'en était un, mais pas dans la variété d'extrême-droite française traditionnelle.

Cette orientation du Parti Socialiste explique le court-circuitage des mobilisations organisées par le Conseil Représentatif des Institutions juive de France ce week-end.

En effet, même si les grandes organisations sociale-démocrate juive (l'Union des Etudiants Juifs de France, la Ligue Contre le Racisme et l'Antisémitisme, les Éclaireurs et Éclaireuses Israélites de France, l'Hashomer Hatzaïr, le Centre Medem, etc.) font toute partie du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France), elles n'y ont plus l'hégémonie culturelle, le CRIF étant devenu une simple voix conservatrice pro-sioniste.

Ainsi, le CRIF a suspendu la marche commune avec le Conseil du Culte Musulman Français dès l'identité de Mohamed Merah connue ; il savait bien évidemment que cette marche aurait été lieu de provocations de la part de groupes comme la LDJ ou d'islamistes.

Cela a laisser le champs libre aux organisations sociale-démocrates d'organiser une démonstration de force ce Dimanche 25 Mars. En effet, à l'appel de l'UEJF, de SOS Racisme, de la LICRA et de « l'Association Française des Victimes du Terrorisme », à peu près 20 000 personnes ont manifesté à Paris et plusieurs milliers en province. Le CRIF lui s'est contenté de co-organiser la marche de commémoration de Toulouse sous le patronage du maire PS de la vile.

20 000 personnes, c'est autant que la marche spontanée du Lundi 19 Mars mais avec une population très différente. En effet, si Dimanche il y avait essentiellement des jeunes juifs et juives, il y avait une présence massive des associations religieuses et de groupe de droite et d'extrême-droite. Ce sont essentiellement des personnes laïques de gauche qui ont manifesté.

Tous les mouvements de la gauche juive était représenté (UEJF, LICRA, Shalom Archav, ...) mais pas seulement. En effet, toute la galaxie d'associations sociale-démocrate avaient mobilisé: SOS Racisme, le MRAP, le mouvement du scoutisme français dans de nombreuses composantes, l'UNEF, la CE, le Parti Socialiste, le milieu culturel et artistique…

On voit là une aspiration forte à défendre un projet de société progressiste, à lutter contre le racisme et l'antisémitisme dans son ensemble. Une aspiration qui émane non-seulement des masses juives de manière urgente, mais aussi des masse populaires métissées des grandes métropoles françaises.

Mais nous savons que la mobilisation derrière les sociaux-démocrates est vaine. En effet, seuls des représentants des courants authentiquement sociaux-démocrates étaient présents lors de ces marches. Mais comme nous l'avons analysé ceux-ci ont subi une défaite historique lors de l’élection de François Hollande comme candidat du Parti Socialiste. C'est le magma néo-socialisme populiste qui est aujourd'hui au commande. Celui qui comme nous l'avons démontré utilise toutes les figures classiques antisémites sur l'Argent et la Finance apatride pour mobiliser les masses.

Voici par exemple ce qu'il dit dans l'introduction de son document « 60 engagements pour la France » :

« A cette situation, il y a des responsables. Il y a la finance, bien sûr, qui a pris le contrôle sur l'économie, la société et même nos vies. »

Cette conception d'une force « obscure » venue d'on ne sait où prenant d'abord le contrôle de l'économie (par l'argent), puis de la société (des opinions, des médias) puis de la vie quotidienne, est une forme classique de raisonnement de l'anti-capitalisme romantique antisémite.

Aujourd'hui à l'inverse et plus que jamais, c'est d'un vrai projet socialiste dont ont besoin les masses. D'un vrai Parti authentiquement fidèle à la tradition internationaliste du mouvement socialiste. D'un Parti qui lutte de manière conséquente contre l'antisémitisme.

Donc d'un Parti capable d'assumer le matérialisme dialectique. Seul le PCMLM a su prévoir et analyser la montée du fascisme en France depuis 10 ans. Seul le PCMLM a su comprendre la progression de l'antisémitisme et mettre en avant la nécessaire organisation des masses juives contre lui. Seul le PCMLM a effectué une analyse de l'antisémitisme comme moteur de l'anti-capitalisme romantique, du fascisme, dans le cadre de la crise générale du capitalisme.

La social-démocratie, quant à elle, n'est pas seulement incapable de prévoir, elle montre aussi qu'elle est incapable de comprendre. Elle remplace la raison par l'émotion, car elle est dépassée. C'est un signe, un signe historique qu'il faut aller plus loin : il faut prendre le problème à bras le corps. Et le problème, c'est le mode de production capitaliste, avec la contradiction entre villes et campagnes, entre travail manuel et travail intellectuel.

Les masses juives le savent, au plus profond de leur être. Les comptes n'ont pas été réglés avec l'antisémitisme, et pour cause: seule la révolution socialiste peut anéantir le monstre exterminateur!

 

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