15 avr 2012

Arthaud de LO : un mois après le massacre de Toulouse, un négationnisme ouvert concernant les camps de concentration

Submitted by Anonyme (non vérifié)

C'est à croire que Mohamed Merah a vraiment réussi à ouvrir la boîte de Pandore de l'antisémitisme. La décadence du capitalisme amène un flou, voire une négation ouverte des définitions, qui va droit à la barbarie.

Nathalie Arthaud a ainsi contribué d'une manière particulièrement « remarquable » au négationnisme, en réussissant à faire en sorte que vacille la définition de « camp de concentration. »

Sous prétexte de la différence réelle entre camp d'extermination et camp de concentration, elle assimile de manière totalement erronée camp de concentration et prison à ciel ouvert.

Nathalie Arthaud témoigne ici de sa culture trotskyste, de son idéologie contre-révolutionnaire, alliée objectif du fascisme.

Car un camp de concentration n'est pas une simple « prison », c'est un lieu où les personnes sont confinées en groupes dans des locaux militarisés, dans des conditions de vie d'une précarité extrême et le plus souvent avec le travail forcé.

Il existe des différences notables entre les camps de concentration, selon le degré de répression et de mortalité, c'est-à-dire selon le degré de militarisation. Mais la mort est toujours proche ; elle n'est pas systématique, mais elle arrive relativement facilement.

A cela s'ajoute la définition sociale et politique des camps de concentration. Ainsi, les camps de concentration nazis étaient ainsi plus terribles que les bagnes français, mais leur caractère répressif organisé était relativement similaire.

Mais les bagnes français n'emprisonnaient pas des personnes assimilées à des personnes à « sortir » de la société en raison de leurs orientations culturelles et politiques, et là est une grande caractéristique des camps de concentration : leur dimension idéologique.

Une prison réprime des crimes à l'encontre de la loi, alors que les camps de concentration concentrent des individus idéologiquement « inassimilables » par la société non pas seulement parce que ces personnes ne voudraient pas de la société, mais parce que la société décide de les refuser sur des critères non pas personnels, mais culturels et idéologiques.

Les personnes dans les camps de concentration nazis n'ont pas été choisies individuellement : elles ont été choisies sur des critères « généraux » : appartenance au Parti Communiste d'Allemagne, appartenance à des réseaux de résistance, homosexualité, appartenance aux Témoins de Jehovah, etc.

On pouvait terminer en France au bagne en raison d'un crime précis commis personnellement ; pour terminer dans un camp de concentration nazis, il n'y avait pas besoin d'un acte précis.

Ici, on en arrive à la question de pourquoi Nathalie Arthaud a expliqué que prison à ciel ouvert et camp de concentration étaient des synonymes.

Tout part d'un message de soutien à « Europalestine », structure se présentant comme pro-palestinienne et, comme nous l'avons déjà expliqué, largement poreuse à l'antisémitisme.

Cette structure, fondée par d'anciens trotskystes, a donc reçu le message suivant de Nathalie Arthaud :

« mon parti, Lutte Ouvrière, a toujours dénoncé avec détermination la politique du gouvernement d’Israël qui pousse les Palestiniens hors de leurs terres, enferme les populations derrière des barbelés et des murs de béton et des kilomètres de barbelés, qui transforment les territoires palestiniens en camps de concentration à ciel ouvert, et en particulier dans le cas de Gaza ».

Interrogée à ce sujet dans une émission de télévision (extrait vidéo ici), elle a répondu de manière très agressive, prétendant connaître « à fond » la question, et jouant sur les mots en prétendant qu'elle connaissait très bien la différence entre camp d'extermination et camp de concentration, et qu'elle ne pouvait donc pas se tromper.

Elle cite par exemple la guerre en Afrique du Sud où la Grande-Bretagne a placé des Boers dans les premiers camps de concentration assumés tels quels.

Or, dans un camp de concentration, les individus enfermés doivent travailler et la mort rôde. Dans le camp nazi de Dachau, l'un des plus connus, sur 200 000 personnes enfermées, au moins 30 000 sont décédées.

A Mauthausen, autre camp tristement célèbre, 95 000 des 195 000 personnes prisonnières moururent. A Ravensbrück, ce fut la moitié des 150 000 prisonnières.

A Dora-Mittelbau, 20 000 personnes sur 60 000 succombèrent. A Flossenbürg, 30 000 sur 100 000. A Neuengamme, 55 000 sur 106 000.

Il y eut bien entendu des camps de concentration où la mortalité fut moins grande. A l'opposé donc, des camps d'extermination où les personnes amenées là-bas par les nazis étaient assassinées de manière systématique.

En parlant de Gaza comme s'il s'agissait d'un camp de concentration, Arthaud raconte donc absolument n'importe quoi. Gaza est bien une vaste prison à ciel ouverte, l'Etat israélien maintenant les masses qui y vivent dans un étau terrible.

Les conditions de vie y sont très difficiles ; Gaza est une cible importante du sionisme : dans les années 1970, c'était le grand bastion de l'extrême-gauche palestinienne, et si désormais ce sont les islamistes qui dominent, c'est parce que l'Etat israélien a fait en sorte de maintenir une pression énorme afin que tout « pourrisse sur pied. »

60% des personnes à Gaza ont moins de 18 ans ; sur les 1 500 000 personnes qui y vivent, un tiers vit dans des camps de réfugiés. C'est l'Etat israélien qui possède le contrôle de l'eau, de l'électricité, maintenant un blocus géré à son envie.

Gaza est un symbole d'oppression, et est à ce titre largement « utilisé » par les pays impérialistes d'Europe pour exercer une pression sur l'Etat israélien.

Parler de « prison à ciel ouvert » pour Gaza est ainsi une vérité bien établie, largement reconnue à part par les sionistes et les pro-sionistes. Même les médias français le reconnaissent, justement en raison de la « politique arabe de la France. »

Par conséquent, Arthaud était en terrain connu ; sa langue n'a pas « fourchée » (surtout qu'il s'agit d'un message envoyé). Son emploi du terme « camp de concentration » vise clairement à assimiler la politique coloniale sioniste aux méthodes nazies.

Une telle assimilation – totalement erronée malgré le caractère brutal et meurtrier du sionisme – est totalement courante dans l'extrême-gauche française pétrie d'antisémitisme, et ayant fait, dans une tradition à la fois catholique et impérialiste française, de la Palestine une cause non plus simplement nationale, mais ouvertement symbole de « justice », l'Etat israélien devenant la mal « par excellence. »

Normalement et jusqu'à présent, Lutte Ouvrière était l'une des rares organisations à éviter cela. Il y avait deux raison à cela : tout d'abord, une présence importante de personnes juives.

Ensuite, en raison du trotskysme, Lutte Ouvrière a toujours refusé d'appuyer les mouvements de libération nationale, ce qui fait que LO n'a jamais rejeté totalement le sionisme politiquement, louvoyant entre l'appel à des « accords de paix » et la revendication d'un seul Etat laïc, voire d'un Proche et Moyen-Orient « socialiste. »

Mais Lutte Ouvrière connaît une période cruciale de son histoire, comme nous l'expliquions au sujet des élections (Arthaud comme « candidate communiste » : le va-tout de L.O.), et déjà Arthaud avait montré que le terme « juif » lui posait problème (voir Pour la porte-parole de Lutte Ouvrière, le mot « juif » est une insulte).

Là, on passe un cap. On est en pleine décadence, en plein désarroi intellectuel, en plein populisme. Une logique de la déraison tout à fait dans l'esprit de l'époque : celle de la montée du fascisme.

Même pas un mois après le massacre de Toulouse, assister à cela est absolument terrible.

 

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