A propos des réactions politiques à la fermeture de MegaUpload
Submitted by Anonyme (non vérifié)Nous parlions récemment ici, là et là, de la fermeture de MegaUpload. Cet évènement n'est pas d'une importance capitale en soi, il ne s'agit là que de la fermeture d'une entreprise illégale.
Mais nous sommes des scientifiques et notre connaissance part de la pratique.
MegaUpload est un cas pratique, concret, qui nous permet d'étudier et de comprendre l'industrie informatique dans son lien à la culture, les contradictions qui la traversent et le mouvement qui l'anime, sa manière de fonctionner.
Connaître les réactions des différents lobbys, partis politiques et associations suite à la fermeture du site nous permettra d'y voir plus clair.
Sans surprise, à travers la MPAA (Motion Picture Association of America) et la RIAA (Record Industry Association of America), les industries du disque et du film américaines se félicitent de la fermeture de MegaUpload.
Et il l ne s'agit pas d'une question proprement américaine, mais bien d'intérêts du capital.
En effet, de la même manière en France, la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), le SNEP (Syndicat national de l'édition phonographique) et l'ARP (Société civile des Auteurs Réalisateurs et Producteurs) ont salué la fermeture du site.
MegaUpload représentait une menace directe pour les intérêts des monopoles de l'industrie cinématographique et musicale. Une fois de plus il ne s'agit pas de liberté d'expression mais de lutte entre les classes et de conccurence entre capitalistes !
Au passage, il faut être clair : Bien que son existence s'appuyait sur le besoin de communisme et d'accès à la culture, MegaUpload n'avait rien de progressiste. Ses fondateurs étaient motivés par les énormes profits liés à la publicité et aux abonnements.
La preuve en est le style de vie décadent et fascisant de certains de ses dirigeants.
Rappelons aussi que les séries et les films diffusés sur MegaUpload n'avaient pas tous un contenu progressiste faisant avancer la civilisation ; au contraire deux des sites qui marchaient le mieux dans la "galaxie Méga" étaient des sites pornographiques.
Ajoutons à cela que films et séries sont souvent consommés comme un moyen d'échapper à la réalité, de s'immerger dans un autre monde, de supporter la vie dans l'enfer capitaliste.
On a donc d'un côté les masses qui veulent l'accès à la culture et le partage ainsi que la mise en commun par le travail collectif. Par exemple les collectifs éditant les sous-titres et les proposant gratuitement quelques heures seulement après la sortie d'un épisode.
D'un autre côté, on a les monopoles qui veulent s'approprier et privatiser la production culturelle. Ces aspirations contradictoires se résolvent dans un mouvement. Ce mouvement c'est la lutte entre utilisateurs et monopoles.
Pour mener cette lutte, les masses ont besoin d'une forme, d'un cadre et d'une idéologie. Les masses veulent l'organisation et ont besoin d'une structure. En l'absence d'un parti communiste puissant et d'une analyse scientifique correcte, les masses sont aspirés par le citoyennisme républicain.
N'ayant pas bien conscience de ce contre quoi elle se battent les masses brandissent la liberté d'expression comme étendard de leur lutte.
C'est pourquoi nous voyons les anonymous qui affichent une grande radicalité en apparence, qui bloquent des sites entiers et en même temps se présentent comme des citoyens respectueux de la loi se battant pour la liberté d'expression. Alors que cette même loi reconnait la propriété privée et de là les droits d'auteurs et l'hégémonie qui va avec.
Ces contradictions entre les aspirations populaires et les intérêts des monopoles sont particulièrement limpides en période d'élections.
En effet, la politique est le reflet de la base économique, et agit sur cette base en retour.
D'un côté on une industrie de plus en plus agressive en temps de crise qui protègent la propriété privée et qui annonce clairement qu'ils ne lâcheront rien à travers la voix de Nicolas Sarkozy :
"La lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des oeuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création. C'est le financement des industries culturelles dans leur ensemble qui est mis en cause par ce type d'opérateurs"
Mais le besoin de communisme, d'accès à la culture et au partage est grand dans les masses et il se renforce en période de crise. Les candidats sociaux démocrates, dont le but est de calmer la colère des masses et de maintenir les intérêts du capital, ne peuvent attaquer frontalement sur de telles questions.
D'un autre côté c'est le pouvoir est entre les mains de la bourgeoisie, tout candidat doit présenter un projet viable du point de vue de la bourgeoisie.
A travers Fleur Pellerin, responsable du pôle "Société et économie numériques" du Parti Socialiste, François Hollande montre ainsi qu'il est bien un candidat défendant les intérêts de la bourgeoisie, tout en modérant légèrement son discours n'attaquant personne en particulier dans une posture "molle" typiquement sociale-démocrate, :
"Ce qu’a fait la justice américaine confirme ce qu’a dit François Hollande dans son discours de Nantes ce jeudi.
On peut s’en prendre aux acteurs illégaux et au piratage sans s’en prendre aux internautes. C’est le contraire que ce que fait la droite depuis cinq ans : la lutte contre le piratage peut être menée efficacement sans passer par des régimes d’exception comme Hadopi.
La lutte contre le piratage doit passer avant tout par une action contre les acteurs économiques qui font commerce de contenus illicites. Il faut veiller à ne pas mettre dans le même sac des acteurs de ce type là et Dailymotion, Deezer ou d’autres starts-up françaises qui jouent le jeu."
Il faut donc favoriser l’innovation et l’offre légale."
Tout comme la sociale-démocratie, le fascisme a pour but d'encadrer les masses, de les dévier de la révolution socialiste et de les mobiliser autour de la bourgeoisie. Mais le fascisme doit donc paraitre radical et révolutionnaire aux yeux des masses, car il représente la mobilisation de masse autour de la fraction la plus agressive de la bourgeoisie.
Ceci est particulièrement flagrant avec la réaction de Marine Le Pen et montre à quel point le besoin de communisme est pris au sérieux par la bourgeoisie.
"L’enthousiasme manifesté par Nicolas Sarkozy hier soir à l’annonce de la fermeture par le FBI du site Megaupload a de quoi laisser songeur. Parlant de « criminalité » au sujet du site de téléchargement, Nicolas Sarkozy en a profité pour appeler à un renforcement de l’Hadopi.
Nicolas Sarkozy fonctionne avec les internautes comme avec les automobilistes en les rackettant pour colmater les brèches laissées par sa gestion dispendieuse des deniers publics.
Ce faisant, Nicolas Sarkozy se fait l’ami des majors et des multinationales qui font des marges hallucinantes sur le dos des artistes et des consommateurs, et n’encourage absolument pas la créativité. L’Etat a vocation à garantir aux citoyens français un accès équitable et libre à la Culture, pas à les ponctionner et les sanctionner."
Il s'agit d'un discours d'une grande radicalité apparente qui pourrait avoir un impact énorme dans les masses, en fait bien plus que le discours social démocrate. Notons au passage que Marine Le Pen est la seule à avoir soulevé la question de la créativité, de la culture et de la liberté à son accès.
On voit bien ici que les fascistes sont les conccurents des communistes en tant qu'alternative à la révolution socialiste. Mais ce sont de faux révolutionnaires ayant pour but de permettre à la bourgeoisie de se maintenir.Comme on le voit dans la suite du communiqué:
"Candidate à l’élection présidentielle, Marine Le Pen proposera immédiatement l’instauration d’une licence globale pour les échanges privés sur Internet, qui doivent rester libres sans que cela ne prenne en otage les ayants droit, producteurs, auteurs-compositeurs et interprètes.
La liberté sur internet sera fermement défendue contre toute tentative (HADOPI, LOPPSI 2 Traité ACTA) visant sous divers prétexte à la restreindre."
Il s'agit bien là de protéger les profits de la bourgeoisie et notamment les monopoles que sont les majors qui, à aucun moment, ne sont attaqués comme responsable des atatques contre la circulation des oeuvres culturels.
Nous, communistes, savons que la culture est une production collective des masses. Nous savons que les masses sont la source où les artistes puisent leur créativité.
Les innovations culturelles et la créativité ne sont pas le fruit du travail d'un individu isolé mais le fruit d'une synthèse. L'artiste est un produit de la société dont il structure la culture en retour.
Dans le socialisme la production culturelle sera mise au service des besoins des masses. Les artistes ne seront plus étranglés par les monopoles qui finissent par les couper de leur source d'inspiration.
En abolissant la propriété privée des moyens de production culturels, en mettant ces moyens de productions au service des masses nous libérerons l'artiste de la pression des monopoles, de la nécessité de vendre. Nous partirons du besoin des masses d'accéder à une production culturelle de qualité et internet sera un formidable outil pour le satisfaire.
Sous la direction de son Parti le prolétariat expropriera les moyens de production et de circulation des oeuvres artistiques, libérant ainsi la culture et faisant ainsi faire un bond à la civilisation.