21 Jan 2012

Fermeture de Megaupload: contradictions du capitalisme et accès à la culture

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Dans la nuit de jeudi à vendredi le site Megaupload a été fermé et ses principaux dirigeants arrêtés. Cela marque une étape supplémentaire dans la guerre que mène les monopoles. Alors que les contradictions s'aiguisent de jour en jour il est important de comprendre qu'il n'y a rien de bon à attendre du mode de production capitaliste.

Dans la nuit de jeudi à vendredi le site Megaupload.fr a donc été fermé sur ordres des autorités américaines. Et avec lui tous les domaines affiliés à ce que l'on pourrait appeler l' "Empire Mega" : Megastuff.co; Megaworld.comMegaclicks.co; Megastuff.info; Megaclicks.org ; Megaworld.mobi; Megastuff.org; Megaclick.us; Mageclick.com; HDmegaporn.com; Megavkdeo.com ; Megaupload.com ; Megaupload.org; Megarotic.com; Megaclick.com; Megavideo.com; Megavideoclips.com ; et Megaporn.com.

 
A peu près en même temps, à 6h30 du matin (heure locale), 76 officiers de police de Nouvelle-Zélande assistés de quatre agents du FBI ont procédé à l'arrestation de Kim Schmitz (connu aussi sous le nom de Kim Dotcom ou Kim Tim Jim Vestor), fondateur et dirigeant de l'Empire Mega. A l'arrivée de la police dans sa villa, il se serait réfugié dans une chambre forte armée d'un fusil.
 
Trois autres responsables du site ont été arrêtés à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Au total ce sont sept dirigeants qui font l'objet de poursuite pour "conspiration de racket, conspiration de violation de copyright et conspiration de blanchiment d'argent". Pour l'ensemble des chefs d'accusation ils encourrent 50 années de prisons.
 
Megaupload permettait d'héberger des fichiers et de les partager avec tout, en les rendant disponibles au téléchargement. Cette plate-forme dite de "téléchargement direct" était devenu incontournable sur les sites centralisant des liens pour télécharger films, séries, CD, magazines, jeux vidéos.
 
Cette fermeture marque un tournant dans l'histoire d'Internet et reflètent très bien l'actualité de la lutte de classe.
 
C'est en effet un signe marquant de la tendance à la dictature des monopoles qui en tant de crises mènent une guerre acharnée contre toutes concurrence.
 
Signe de l'importance de l'opération, c'est au totale une vingtaine de mandats d'arrêts qui ont été émis aux Etats-Unis et huit autres à l'étranger. Le FBI et le ministère de la Justice américaine ont d'ailleurs déclaré dans un communiqué commun qu'il s'agissait d'une des plus "grandes affaires de violation de droits d'auteur jamais traitées aux Etats-Unis"
 
Les forces de l’ordre ont saisi 60 serveurs Dell R710 et une collection de plus de 25 voitures de luxe et de sport. Huit millions de  dollars ont également été confisqués auprès de diverses institutions financières. 
 
Les fondateurs de la plate-forme de téléchargement direct sont accusés d'avoir entraîné plus de 500 millions de dollars de perte pour les ayant-droits et d'avoir généré 175 millions de dollars de profit par les abonnements et la publicité.
 
L'acte d'accusation fait également mention de rémunération de la part de Megaupload auprès des uploaders (les personnes mettant des fichiers sur le site) réguliers.
 
L'Empire Mega d'après le FBI c'était :
 
  •     150 millions d'inscrits
  •     50 millions de visiteurs par jour
  •     175 millions de dollars de recettes depuis 09/2005 (25 millions dans la pub et 150 millions avec les abonnements)
  •     110 millions de dollars reversé entre 2006 et 2011 sur un compte PayPal (utilisé pour payé les fournisseurs)
  •     42 millions de dollars uniquement Kim Schmitz
  •     25 péta-octets (1péta =un billiard ou un million de milliards) de données hébergées chez Carpathia Hosting, sur plus de 1000 serveurs dont 525 à Ashburn, en Virginie
  •     Des serveurs en France accessibles via le fournisseur de transit Cogent
  •     630 serveurs hébergés par l'hébergeur néerlandais LeaseWeb
  •     Une facture d'hébergement de serveurs et de bande passante de 65 millions de dollars depuis 2005
  •     30 employés répartis dans 9 pays
 
Megaupload se plaçait d'ailleurs à la 13ème place des sites les plus visités au monde. C'était devenu une vraie entreprise, versant même dans la pornographie avec des domaines comme Megaporn.com.
 
Ce qui est clair c'est que les ndustries cinématographique et musicale, qui se sont félicités de ces arrestations, ont voulu mettre les choses aux clairs après la journée de protestation contre les lois SOPA et PIPA dont nous parlions jeudi. Et le président américain Barack Obama, s'il s'est dit contre ces lois, ne s'est pas opposé à la fermeture de Megaupload.
 
Notons aussi que quelques heures après l'annonce de l'arrestation des dirigeants de l'Empire Mega, les sites français de téléchargement et de streaming (le streaming permet de regarder des vidéos en ligne, sans les télécharger) "Allo" ont fermé d'eux-mêmes. 
 
Ces sites faisaient l'objet de poursuite depuis quelques mois et la décision de justice avait en décembre été repoussée en mars. Les industrie du cinéma et de la vidéo en France demandaient aux FAI (Fournisseur d'Accès à Internet, comme Orange, SFR, Bouygues) de bloquer l'accès à ces sites, et aux moteurs de recherche de les déréférencer, c'est-à-dire de supprimer de leurs résultats les liens vers ces sites. Des moteurs de recherche, comme Google, n'ont pas attendu le mois de mars et ont effectué le déréférencement il y a déjà quelques semaines.
 
A peine quelques minutes après la fermeture de Megaupload des Anonymous ont lancé l'opération #OpMegaUpload. Des milliers de hackers ont attaqué les sites d'Universal Music, de la  justice américaine, de l'industrie américaine du disque (RIAA) et du cinéma  (MPAA), de la Maison Blanche, du FBI, d'hadopi.fr, de l'Elysée, etc.
 
Ces attaques ont surtout consisté en des attaques par dénis de service. Il s'agit d'inonder un serveur de requête à tel point qu'il ne peut plus y répondre.
 
Cela ne s'attaque pas au contenu du site ciblé, mais cela le met hors-service pendant une durée indéterminé. Hier soir le site d'Hadopi était toujours indisponible.
 
D'après les Anonymous plus de 5000 hackers ont participer à l'opération jeudi dans la nuit, ce qui est une chiffre d'une rare ampleur.
Cependant, comme nous le constations mardi et jeudi, les Anonymous restent très marqué par la social-démocratie. Dans une vidéo au sujet de la fermeture de Megaupload ils déclarent :
 
"Notre réplique est que nous ne resterons pas assis pendant que le gouvernement prend les droits que nous lui faisions confiance de garder"
 
 
De la même manière on peut lire depuis hier de nombreux appellent à rouvrir des dizaines de megaupload et d'alloshowtv.
 
Ces sites étaient devenu un phénomène social d'une importance énorme. La facilité de ces sites, permise par la centralisation et la rapidité de téléchargement, avait largement pris le dessus sur les sites de partage de pair à pair (ou peer to peer, P2P). Cela facilitait aussi grandement les choses pour les séries et les équipes de sous-titrages à tel point que à peine quelques heures après la diffusion d'un épisode de série aux Etats-Unis, celui-ci était disponible en sous-titré français. Avec tous les excès que cela peut entraîner chez une jeunesse complètement désenchantée, qui peut alors s'enchaîner quasiment à l'infini des séries et régler sa vie sur les sorties des nouveaux épisodes des nombreuses séries qu'ils suivent.
 
Hier, on pouvait donc trouver sur internet énormément de sujets tourner autour de ces fermetures. Il y régnait un mélange de panique et d'espoir que cela entraîne l'ouverture de nouveaux sites du genre. Ou au pire un retour au peer to peer.
 
Mais en réalité c'est bel et bien une page qui se tourne, car ce genre de fermeture ne peut que se multiplier, les monopoles ne pouvant plus permettre l'existence de tels sites avec une telle audience.
 
On voit alors comment le capitalisme freine le développement des forces productives et de la culture. Car malgré tout c'est une énorme bond en arrière, revenant presque à l'époque où il fallait connaitre quelqu'un avec l'album en cassette ou en vinyl, se le faire prêter afin de pouvoir le copier durant la durée de l'album. Alors que dernièrement il fallait compter à peine 1 minute 30 pour se procurer un album entier.
 
De la même manière ,nous en revenons au stade où des séries et des films sont impossible à visionner, car jamais diffusé en France, alors que des centaines de team de sous-titreurs permettaient l'accès à cette culture.
 
Il s'était développé une large communauté d'internautes, profitant des failles de la juridiction bourgeoise pour se partager la culture.
 
Mais cela le mode de production capitaliste ne peut plus le permettre.
 
A l'inverse le socialisme représentera un vrai bon en avant, avec une production culturelle directement soutenue par l'Etat comme pouvais l'être par exemple le théâtre, la littérature, l'opéra en URSS et sous la République Populaire de Chine de Mao. Il y avait alors une production culturelle faites par les masses et pour les masses.
 
Pour que chaque personne humaine soit ingénieur, artiste, écologiste, et ouvrière ! Pour que se formeune communauté universelle qui enrichit et partage la culture au lieu de la limiter et de l'appauvrir ! Pour le communisme, construisons le PCMLM !
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