MegaUpload revendiquait être à l'origine de 4% du trafic internet mondial. Ce qui déjà en soi est assez énorme au vu de la masse de sites et de l’émiettement qui est induit par la structure même d'internet.

Certains indicateurs montrent qu'en fait la part des plateformes de "direct download" (téléchargement direct) dans le trafic internet est bien plus importante que cela. Evidemment, les chutes de trafic ne sont pas dues à la seule fermeture des sites l'empire Mega, mais aussi au nettoyage qu'ont opéré toutes les plateformes de direct download pour ne pas qu'ils leur arrivent la même chose qu'à MegaUpload (fileserve, videoBB, etc...) et à la fermeture d'un grand nombre de plateformes regroupant des liens de direct download (comme les sites de la galaxie "allo" -alloshowtv, allostreaming, ...).

Tout d'abord, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, une baisse brutale de quasi 40% du trafic a été enregistré en Amérique du Sud dans les heures qui ont suivies la fermeture de MegaUpload.

En Europe, plusieurs sources venant des Fournisseurs d'Accès Internet (FAI) et des agences de supervisions d'internet font état d'une baisse brutale de 20% du trafic total.

C'est ce qu'on voit sur ces graphiques qui ont été diffusé aujourd'hui et provenant d'un gros fournisseur d'accès français souhaitant resté anonyme:

Le patron de Bouygues Telecom a quant à lui fait état d'une baisse instantanée de 12 % de son trafic. Le trafic serait revenu à la normal quelques heures après. Avec une forte progression des echanges peer to peer (comme on le voit sur le graphique ci-dessous).

Ceci nous éclaire sur plusieurs choses.

D'abord cela montre l'impact culturel énorme d'internet dans la société française. En effet, on voit qu'une part très importante du trafic d'internet vise à télécharger ou regarder des productions culturelles (films, séries, etc...).

Ensuite, on voit que le trafic est vite revenu à la normal, ce qui est normal : les masses ont horreur du vide et leur créativité est gigantesque. Ainsi, d'autres moyens ont été trouvé pour accéder à ces biens culturels.

Et très certainement, nous voyons là un retour du peer to peer (p2p).

En fait, l'émergence des sites de direct dowload comme MegaUpload est la conséquence directe des attaques menées par les monopoles capitalistes de la distribution de bien culturels (Sony, Universal, Amazon, la FNAC, etc...) et les gros artistes contre les sites communautaire de p2p. En effet, sous couvert de défense du "droit d'auteur", ils ont poussé les Etats capitalistes a mettre en place des mesures répressives à l'encontre des personnes utilisant des logiciels de p2p. En France, c'est l'arsenal de lois dites "Hadopi" qui a cette fonction.

Ces logiciels (emule, soulseek, DC++, les logiciels gérant les .torrent, etc.) fonctionnent sur le principe du partage : chaque personne qui se connecte partage des fichiers qu'elle a sur son ordinateur et les propose à télécharger aux autres.

Les attaques légales contre le p2p ont eu pour effet, non pas que les gens arrêtent de télécharger, mais qu'ils se tournent vers d'autres solutions plus centralisées comme les sites de direct download. Eux concentrent sur leurs propres serveurs l'ensemble des fichiers qui sont accessibles par tous avec des limitations de taille et de débit pour les versions gratuites et de manière payante pour être débridés. C'est ce fonctionnement qui faisait vivre les dirigeants de "l'empire Mega", et c'est leur position de plus en plus hégémonique qui a assuré leur gigantesque fortune.

Effectivement, en concentrant une telle masse du trafic d'internet et de distribution des biens culturels, MegaUpload était en train de devenir un monopole, mais un monopole illégal. Dans cette affaire, le FBI et la justice américaine ont été le bras armé des différents monopoles de la distributions de bien culturels afin d'éliminer un nouveau concurrent qui était en train de les submerger à grande vitesse.

Cette concentration du trafic en direction des serveurs de MegaUpload met en lumière un deuxième aspect de la problématique. Il est indéniable que cette concentration dans une seule direction d'une grosse part des connexions internet posait un soucis aux différents FAI.

En effet, sur internet, chaque FAI a son propre réseau. Pour pouvoir se connecter à un autre réseau, des accords commerciaux sont passés. En gros, chacun paie des droits de douanes à l'autre en fonction de la masse de trafic qui s'échange. Ce déséquilibre en direction d'un seul réseau permettait aux possesseurs des réseaux sur lesquels se trouvaient les serveurs de MegaUpload de faire monter les enchères. La guerre faisant rage entre les différents FAI pour contrôler le plus de trafic, cette entreprise illégale qui déséquilibraient les rapports de force entre trusts gênaient tout le monde.

Ce qui affleure derrière le p2p, MegaUpload, etc., c'est le besoin de communisme exprimé par les masses. Le besoin de culture, de diffusion de celle-ci de manière massive. Le besoin de libérer la création culturelle des impératifs des monopoles de la distribution et de la production (ce qu'on voit aussi par l'explosion de la création artistique grâce aux sites de vidéos en ligne).

Mais sans prise du pouvoir par la classe ouvrière, sans organisation à la base, sans financement public de la création artistique, on voit que ce besoin sera écrasé d'un côté par les monopoles qui mènent une guerre incessante contre les besoins du peuple pour en tirer le plus de plus-value possible et confisqué de l'autre par des entreprises de type maffieuse comme l'est "l'empire Méga".