En ce début de semaine, le lundi 20 août pour être précis, est sortie la nouvelle version de Frugalware : la version 1.7, nommée Gaïa.

Frugalware est une distribution GNU/Linux communautaire, petite en comparaison d'autres comme Linux Mint, Debian, ou Ubuntu.

La distribution est ainsi dans les 50e dans le classement du site Distrowatch en terme de nombre de téléchargements sur les 12, 6, 3, et dernier mois. A l'image de Debian, elle est développée et soutenue par sa communauté, qui compte une large part de développeurs francophones.

Le nom Gaïa fait référence à la planète finale du cycle de Fondation, série de romans d'Asimov, où tout et tous sont reliés et ne forment qu'une seule et même entité. A l'exception de la toute première version, chaque nouvelle version porte aussi le nom d'une planète du cycle. Une démarche qu'il convient de saluer par son aspect positif et progressiste. Asimov reste une référence incontournable.

Cela est positif parce que la démarche voit plus loin que le simple monde du logiciel libre traversé de toutes ses contradictions parce qu'il ne sait, et ne peut, se départir se la société dans laquelle il est né : la société bourgeoise.

Linux (GNU/Linux) est l'expression de la contradiction entre la propriété privée dans l'informatique : les logiciels propriétaires et leurs fameux « copyright », et le caractère massif et social de l'informatique aujourd'hui où le monde entier est relié à travers l'internet.

Et, en retour, il est naturellement traversé de contradictions : en se positionnant d'abord contre, il n'est que l'expression négative de la contradiction. Il n'a pour vocation de dépasser complètement l'industrie propriétaire et donc le capitalisme, il ne pose pas la question du communisme.

Pourtant nous sommes à l'aube d'un monde nouveau, et le besoin de communisme est partout. Alors, il n'est pas étonnant qu'au sein de la communauté libre se développe des projets qui vont inconsciemment dans ce sens : Frugalware en fait partie. Aussi anodin que cela puisse paraître, choisir de se référer à une oeuvre majeure de science fiction comme le cycle de Fondation témoigne de ce tâtonnement.

Une distribution communautaire

Comme de nombreuses distributions, la distribution possède deux branches : une stable et une current, c'est-à-dire qu'on peut choisir entre la stabilité (stable) ou une version avec les derniers paquets mais qui en contrepartie peut souffrir de plus nombreux bugs, très rapidement corrigés, et ainsi de très nombreuses mises à jour.

Au sein du monde du libre francophone, Frugalware a su se faire une petite place grâce à sa communauté très ouverte et accueillante, loin d'autres où domine une atmosphère parfois élitiste, mais aussi grâce à sa capacité à proposer très rapidement les dernières versions de certains logiciels.

Frugalware fait partie de ces « petites » distributions avec une relativement petite communauté très active. Bien sûr, ses développeurs et ses utilisateurs cherchent à agrandir cette communauté, ne serait-ce que pour des raisons pratiques (moins de poids sur les épaules de certaines personnes, vision plus globale, meilleures détection et correction de bugs, etc.), mais aussi pour des raisons humaines : se retrouver autour d'un projet commun où chacun contribue selon ses moyens (temps, et connaissances).

Mais l'attrait de cette démarche et de cette situation est l'aspect presque « familial » en raison du peu (relativement) de personnes impliquées dans le projet. Cela peut paraître étrange au premier abord d'être d'un côté impliqué dans un projet comme celui-ci, en le faisant avancer grâce à internet : e-mails, forums, sites, blogs, et de tenir à sa communauté.

Un monde libre mais pas unifié

Comme nous le disions plus haut, linux est l'expression négative de la contradiction dans le monde de l'informatique, l'impossibilité d'avoir de véritable projets à l'échelle mondiale, cohérents et structurés en est une des manifestations : en ne s'opposant pas à l'anarchie de la production, linux ne peut s'extirper du morcellement capitaliste (comme une sorte d'individualisme), et en ne posant pas la question du communisme, linux se détourne d'une démarche véritablement synthétique et donc dialectique.

Il y a donc d'un côté les principales distributions comme Ubuntu, Debian, Fedora, Archlinux, Slackware, Gentoo...et les projets, extrêmement nombreux, en marge de celles-ci regroupant de nombres (beaucoup) plus faibles d'utilisateurs. Les deux se retrouvent de fait souvent opposées : à l'aspect massif de certaines est opposé l'aspect presque « familial » d'autres.

Au mieux les projets, communautés, en arrivent à poser des exigences démocratiques petite-bourgeoises, au pire, ils ne font que reproduire les travers de la société capitaliste avec l’appellation « logiciel libre ». Et ce ne sont pas forcément les plus grosses déclarations, les plus virulentes qui sont les plus positives. Parfois un simple choix de nom vaut bien plus que de longues tirades de puriste du libre - qui relèvent ni plus ni moins du gauchisme.

Malgré toutes ses contradictions liées au capitalisme et au poids de l'idéologie bourgeoise, Frugalware est un projet qui a le mérite d'aller de l'avant et auquel il convient de s'intéresser.

Les nouveautés pour les experts

Après avoir connu quelques mésaventures au niveau de son équipe de développement, Frugalware continue d'avancer près de 8 ans après la sortie de la version 0.1 « Genesis ». Voici la liste de quelques changements importants par rapport à la version 1.6 « Fermus » :

- Paquets mis à jour : Noyau Linux 3.4.8, serveur XOrg 1.12.3, GNOME 3.4, KDE SC 4.9, LibreOffice 3.5.4.2, Mozilla Firefox 14.0.1, pour nommer quelques uns des composants majeurs.

- slocate a été supprimé et est remplacé par mlocate.

- Catalyst a supprimé le support de toutes les cartes ATI Radeon HD avant les séries 5000.

- cpupower a remplacé tous les démons chargés de réguler la vitesse du processeur.

- Tous les paquets qui dépendaient encore de sysvinit ont été convertis pour utiliser systemd.

- grub1 a été remplacé par grub2.

- Le temps local devrait de nouveau fonctionner.

Et notons également que jeudi dernier, le projet Debian, et de fait la distribution Debian GNU/Linux, fêtait ses 19 ans : l'annonciation fondatrice a été faite le 16 août 1993. La prochaine version de Debian GNU/Linux, la 7.0, devrait sortir en 2013, elle est actuellement gelée pour corriger les derniers bugs, les dernières failles, etc.