15 mai 2013

Nicolas Kssis-Martov et Pierre Menès défendent les ultras : on a les amis qu'on peut

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Pierre Menès est un journaliste très connu dans le milieu du football, de par l'antithèse qu'il donne dans son image : celle d'un « gros » parlant sport. Il surjoue avec cette image en prétendant donner la parole vraie, oser dire les vérités, etc.

En bref et en clair : c'est un populiste à la française, jouant sur les valeurs à la « gauloise » en mode Astérix. Cependant, en pratique, il est une pièce importante du dispositif du capitalisme qatari.

Tout le monde sait très bien que le championnat français de football est mort par le fait que le Paris Saint-Germain ait investi des sommes colossales pour acheter des joueurs excellents. Les dés sont pipés à la base puisqu'il n'y a plus guère de comparaison possible.

Pierre Menès avait, en bon capitaliste servant la cause qatarie, expliquait alors « candidement » :

« L'impression laissée compte tout autant, et là on ouvre un débat sans fin qui touche presque à la philosophie footballistique. Ce que je lis depuis hier soir sur les réseaux sociaux oscille entre l'intéressant, le consternant et l'accablant. "C'est normal, ils n'ont aucun mérite avec autant de pognon", "C'est de la triche", et autres absurdités du même genre. On n'est même pas très loin du "Sales arabes" dans certains cas. »

Ce discours populiste en faveur de la toute-puissance qatarie est logique : journaliste sportif populiste, Pierre Ménès sait qu'il a tout à gagner à ne pas se mettre le PSG à dos, tout comme en Suède aucun média ne peut critiquer Ibrahimovic (ou en France personne ne peut critiquer Zidane).

C'est le principe du star system et du football à paillettes. C'est exactement ce que normalement les ultras détestent, ce « football moderne » qu'ils combattent. Pourtant, Pierre Ménès les défend.

Illogique ? Pas du tout : au-delà des différences, il y a la même idéologie du football sport prétendu populaire, voire révolutionnaire en soi de par ses qualités. C'est le discours du trotskyste Nicolas Kssis-Martov, répandu par le magazine So foot, etc.

Voici ce qu'a osé écrire Nicolas Kssis-Martov pour So foot, le 14 mai 2013 : 

« Qui a pris la peine de souligner que le fossé entre le PSG d'alors et celui d'aujourd'hui ne se limitait pas au seul étiage économique ou même sportif. Paname ne vibrait pas particulièrement ce soir de 1994.

La fête commença par l'envahissement du Parc après la victoire sur le TFC (et quelques bagarres sur la pelouse), une sorte de rituelle « entre soi », pour se terminer sur les Champs-Élysées, avec les maigres troupes qui portaient alors fièrement les couleurs du club. Le KOB régnait sur les tribunes, Auteuil émergeait à peine et les supporters de banlieue (déjà très présents, contrairement aux idées reçues) se savaient minoritaires dans leur environnement social et local, et presque fière de l'être.Le PSG c'était un choix de convaincus (parfois en deux mots). Une affaire de famille, qui ne concernait que les premiers concernés (…).

Le nouveau PSG a réussi sa mutation. Nous sommes passés de l'indifférence courtoise accordant aux fans du PSG une petite place à la grande foire du trône du foot populaire.

Équipe « spectacle » par excellence, le PSG représente désormais un des moteurs du rêve parisien, du « il se passe quelque chose ici », à la bonne page du guide Lonely Planet. La remise du titre devint donc un rassemblement digne de la fête de la musique ou d'une manif étudiante. Le PSG nourrit l'agenda de la vie parisienne, et logiquement la banlieue, fraichement convertie, s'y donne rendez-vous (…).

La tactique d'Anschluss [sic, Nicolas Kssis-Martov n'a peur de rien dans le négationnisme historique] de la banlieue du PSG a pleinement rempli son rôle et son office. Si les images ont pu légitiment choquer, il ne reste plus qu'à apprendre à gérer ce nouveau paramètre sécuritaire.

Mais paradoxalement, la soirée d'hier est presque encourageante pour les Qataris. Désormais quand le PSG vit quelque chose, c'est tout la région parisienne qui frémit, à tous les sens du terme. Le PSG a bel et bien changé de nature, de dimension et d'ambition. Hier soir, il fallait payer le prix du succès... »

Il n'est guère étonnant qu'un trotskyste tienne au final les mêmes discours que les fascistes, il est par contre assez original que ce soit pour parler football.

Ce ton du « avant c'était différent », avant les fans c'était les vrais, le bas-peuple est consumériste, les vrais fans font du club leur identité et forment une vraie élite, etc., tout cela est fasciste, car le phénomène ultra ne représente en rien une avancée culturelle humaine.

Les fresques de Michel-Ange, la peinture flamande, le château de Versailles, voilà de l'art, voilà du haut niveau, mais célébrer un club de football et en faire sa vie, c'est de l'aliénation, voilà tout.

Les ultras n'ont été que l'avant-garde du capitalisme, et ce n'est pas étonnant justement qu'à Paris la CNT ait aidé le phénomène. On est dans un avant-gardisme populiste typiquement sorélien.

D'ailleurs le discours de gens comme Nicolas Kssis-Martov comme quoi les ultras ne seraient pas des hooligans est un poker menteur : s'il est vrai que les hooligans se battent sans vraiment se soucier de soutenir leurs clubs, les ultras parisiens n'ont jamais été simplement des fans organisant des happenings colorés de soutien.

Tant à Auteuil qu'à Boulogne, les ultras ont toujours été des experts de bagarres, ce n'est un secret pour personne.

Il est donc absurde de prétendre que tout était mieux avant, alors que le phénomène ultra festif n'a été qu'une marche pour le capitalisme à grand spectacle des Qataris.

Voilà pourquoi Pierre Ménès défend lui aussi les ultras :


« Les Ultras sont en guerre avec le Paris Saint-Germain pour le plan Leproux, qui a décidé d’assainir le Parc des Princes suite à des incidents. Mais ces gens-là ne portent pas certains maillots du PSG, c’est-à-dire des maillots qui pour eux ne sont pas le symbole des couleurs du club, ou qui datent d’après le plan Leproux. On voit des casseurs qui ont des maillots que les Ultras, les vrais historiques, ne peuvent pas porter. Je ne dis pas que tous les Ultras n’ont rien fait mais il faut bien faire attention.[...] 

La sécurité ? 490 CRS pour 15 000 personnes…Est-ce qu’on est sérieux ? Et le préfet de police qui dit : « oui mais le PSG a été un peu inconséquent ». Mais qui est préfet de police ? C’est Nasser Al-Khelaïfi ou celui dont je ne connais même pas le nom ? Manuel Valls, le Ministre de l’Intérieur, a dit qu’il y avait un problème avec les supporters du PSG, ça lui permet de se dédouaner. Il y a des problèmes avec quelques supporters, qui n’apprécient pas d’être interdits de Parc des Princes, mais il pourrait avoir une discussion constructive avec des gens constructifs. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Ce qu’il s’est passé hier va encore plus reculer cette échéance. Tous les supporters du PSG que j’ai vus hier soir au Trocadéro étaient dégoûtés [..] Ils ont viré tout le monde du Parc, les historiques, et j’ai bien peur que ça soit réparti pour 10 ans.»

Pierre Ménès fait l'apologie des investissements qataris et de la modernisation du PSG, puis il défend les historiques. Contradictoire? Justement pas.

La dialectique permet de voir comment ces deux aspects coexistent, se nourrissent l'un l'autre. On a le même populisme patriarcal anti-culturel.

Au lieu d'avoir la révolution socialiste et une culture renouvelée, une nouvelle Athènes (sans les esclaves cette fois-ci), on la « passion du ballon rond » - qui n'est rien d'autre qu'une aliénation au service du micro-tribalisme du capitalisme pourrissant.

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