16 mai 2013

Non aux « stades fervents et populaires » !

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Dans un article en ligne intitulé L’incapacité du PSG à dialoguer avec les ultras est une des raisons des tensions, le quotidien Libération donne la parole à Nicolas Hourcade, sociologue à l'Ecole centrale de Lyon.

Il s'agit, on l'aura deviné, d'un bourgeois « de gauche » qui, à l'instar du magazine So Foot ou de Nicolas Kssis-Martov, veut des stades de football remplis de supporters « populaires », faisant du football « leur » culture :

« La question, c’est de savoir comment construire des stades fervents et populaires. La grande mode aujourd’hui, c’est de vanter le modèle allemand. On ferait bien de s’en inspirer au niveau des tribunes. »

Ce discours est parfaitement exact : l'Allemagne, avec le triomphe de la social-démocratie durant les années 1950-1960, est le grand modèle de la mobilisation populaire aliénée en faveur de « son » club de football.

Le modèle anglais a toujours été différent, car le hooliganisme n'avait pas cette dimension « fanatique » du mouvement ultra, privilégiant finalement la violence comme exutoire social. Quant au modèle italien, le choix du soutien au club est un mélange de marqueur de classe et de féodalité, avec une certaine brutalité s'exprimant souvent.

Le modèle allemand, lui, est simplement populaire ; il n'est pas violent, il est celui d'un engagement populaire, voire franchement prolétarien, en faveur d'une équipe de football (à part l'exception « alternative » du club de Saint-Pauli à Hambourg).

C'est une réalité fondamentalement aliénée et aliénante, parallèle à l'aseptisation des caractères révolutionnaires de la classe ouvrière avec la social-démocratie. Le même phénomène prolétarien est d'ailleurs historiquement courant en Autriche et en Tchéquoslovaquie.

Des gens « aiment » leur club, qui est leur « seconde nature » ; cela n'a rien à voir avec les ultras, car on est ici dans un schéma qui va de père en fils.

Le phénomène ultra relève du choix individuel ; c'est un engagement personnel. En Allemagne, en Autriche et en Grande-Bretagne, on est dans la tradition filiale (Saint-Etienne, Sochaux ou Lens se rapprochent naturellement de ce modèle, de par leur nature de classe).

Une tradition filiale prolétarienne aliénée : au lieu d'avoir la révolution socialiste, on a des « stades fervents et populaires ».

L'exemple anglais est terrible : Manchester, ville ouvrière avec une énorme culture populaire (la Britpop et la techno en mode « Madchester », en passant Joy Division ou les Smiths), a vu son club bourgeois (Manchester United, à l'opposé de Manchester City) triompher de manière sidérante.

Pareillement à Turin en Italie : le Juventus a mobilisé de grandes masses, à l'opposé de l'AC Torino, populaire.

En fait, les clubs de football sont des entreprises, le club populaire échoue toujours devant le club bourgeois, et au final les masses se laissent entraîner dans une mobilisation tribale pour un club « familial » qui relève du capitalisme et de la contre-révolution.

Lorsqu'une partie des anarcho-trotskyste parisiens ont soutenu un phénomène ultra non fasciste à Paris, ils l'ont fait dans un imaginaire métissée et démocratique, mais en pratique ils ont été à l'avant-garde de la transformation capitaliste du Paris Saint-Germain.

Car il ne peut pas y avoir de football « populaire » dans le capitalisme, c'est impossible ; des « stades fervents et populaires » dans le capitalisme, cela s'appelle le fascisme, voilà tout !

La preuve en est que considérer des clubs comme Livorno, le Celtic Glasgow ou Saint-Pauli comme étant « progressistes », c'est nécessairement contribuer à renforcer la réaction auprès des autres clubs, par effet d'appartenance tribale.

Il est évident que ceux et celles qui ont mis en exergue Marseille comme un « modèle » antifasciste et populaire ont aidé la réaction au Paris Saint-Germain, tout comme ceux qui présentent le Celtic Glasgow comme « antifasciste » ont aidé les fascistes à élargir leur influence dans le club concurrent du Glasgow Rangers, dont les fans sont issus d'une tradition familiale du même type, même si « concurrente »...

Tout culte d'une « tribu » contre une autre – des « skinheads » contre les « gothiques », de l'Olympique de Marseille contre le PSG, etc. etc. - est opposé à la culture universaliste du communisme !

Finissons enfin sur un exemple terrible : le communiqué malheureux « parfaitement » anti-capitaliste romantique d'ultras parisiens d'extrême-droite.

C'est « bien tourné », cela présente un passé idéalisé (comme si le PSG de l'époque de Canal + n'était pas aussi capitaliste que celui de l'oligarchie qatarie), cela se veut mobilisateur. Un exemple de plus au passif de l'idéologie du football, une décadence impérialiste !

 

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