L'un des apports de Mao Zedong au matérialisme dialectique est la compréhension du fait qu'il existe une contradiction principale et des contradictions secondaires.

C'est la raison pour laquelle, lors de l'invasion de la Chine par le Japon, Mao Zedong a considéré que la lutte anti-japonaise était l'aspect principal, la contradiction avec le Guomindang, qui pourtant avait massacré des communistes, devenant secondaire.

De la même manière, la Chine a entamé des pourparlers diplomatiques avec les États-Unis d'Amérique en 1972, le président américain venant à Beijing, alors que la contradiction principale était considérée comme étant désormais avec le social-impérialisme soviétique.

C'est là un apport essentiel, sur lequel il ne faut pas se méprendre, puisqu'il ne s'agit pas de nier les contradictions secondaires, dont par ailleurs l'une peut se convertir en l'aspect principal.

Son sens est que, à un moment donné pour un phénomène, la tendance de fond est guidée par un aspect principal.

En ce qui concerne la société française, la situation est caractérisée de manière principale non pas simplement par une « vague réactionnaire », ni même une « fascisation » diffuse, mais par la tendance à la guerre et le fascisme comme porte de sortie à la crise capitaliste.

C'est là quelque chose d'inhérent au capitalisme, qui porte l'expansionnisme de par sa base reposant sur l'accumulation toujours plus grande de profits. Il faut valoriser le capital à l'intérieur du pays, ainsi qu'à l'extérieur, cela signifie le fascisme et la guerre. C'est là une loi historique.

Or, comme Marine Le Pen est la principale représentante de cette tendance, alors par conséquent elle représente l'aspect principal.

De ce fait, les autres contradictions sont secondaires. Cela signifie que, si Marine Le Pen a une chance de l'emporter au second tour des élections présidentielles, alors les deux semaines entre les deux tours (les 23 avril et 7 mai 2017) doivent être marquées par une mobilisation contre elle.

Est-ce à dire que, au-delà de la propagande, d'une position de conflit avec l'extrême-droite, il faille également voter pour le candidat face à Marine Le Pen ?

Cela est tout à fait le cas, puisque la contradiction entre l'autre candidat et les masses populaires est secondaire par rapport à la contradiction principale.

Tout ce qui affaiblit Marine Le Pen est bon, tout ce qui la renforce est mauvais. Ce qui affaiblit l'ennemi principal renforce le camp des masses populaires, et inversement.

Est-ce là en contradiction avec la révolution ? Absolument pas, c'est en contradiction avec la « révolution permanente » prônée par l'ultra-gauche (trotskystes, anarchistes, faux maoïstes).

Une partie de l'ultra-gauche a d'ailleurs prôné le « boycott » des élections présidentielles, ce qui loin de mobiliser les masses dans le bon sens, a contribué à l'apolitisme, dans la mesure où le caractère anti-démocratique de Marine Le Pen forme la contradiction principale.

Car rien n'est statique et les forces anti-démocratiques se renforcent avec la crise du capitalisme, amenant par conséquent les communistes à s'aligner sur le principe de Front populaire, comme mobilisation démocratique la plus vaste contre le fascisme et la guerre.

Et, si l'analyse matérialiste dialectique est juste, alors le fascisme se voit opposé la démocratie populaire comme alternative historique. Ce qui, précisément, permet à la proposition révolutionnaire d'être alors formulée aux masses.

C'est là la conception qui est juste, qui se situe dans la perspective historique tracée par l'Internationale Communiste et Georgi Dimitrov, matérialisée notamment par le Parti Communiste d'Espagne en défense de la République en 1936 et le Parti Communiste de Grèce après 1945 avec la DSE (l'Armée Démocratique de Grèce).

C'est là le maoïsme authentique, par opposition aux multiples conceptions ultra-gauchistes niant l'importance centrale de la bataille pour la démocratie dans l'idéologie matérialiste dialectique.