guerre de religions

29 juin 2017

L'échec du calvinisme est l'expression de l'échec du sud de la France à former une nation, malgré certains éléments constitutifs présents. Théodore Agrippa d'Aubigné lui-même vient de Pons, dans la région de Saintonge dans le Sud-Ouest de la France.

Friedrich Engels le constate bien, en comparant la situation du Sud de la France à celle de la Pologne au XVIIIe siècle. La Pologne a réussi à se maintenir en tant que nation par la dimension anti-féodale de son action, là où la France du Sud, de par le maintien complet du féodalisme, n'a pas pu se développer...

23 juin 2017

En tant que recueil poétique, Les Tragiques reflètent à la fois une démarche de rupture avec le féodalisme porté par le calvinisme, mais également l'échec du calvinisme français de par la base de sa direction largement soumise à des fractions aristocratiques.

C'est une œuvre significative de tout un processus historique ayant eu une importance capitale en France, puisque conditionnant les modalités de l'affirmation de la monarchie absolue...

22 juin 2017

Les Tragiques sont ainsi une œuvre exprimant une défaite, et c'est cela qui fait son intérêt, Théodore Agrippa d'Aubigné étant une figure historique d'une grande importance pour la France du XVIe siècle.

Il fut, en effet, un des principaux activistes de la cause protestante en France, tant sur le plan militaire que sur le plan intellectuel.

C'est en ce sens qu'ont une valeur historique les écrits de Théodore Agrippa d'Aubigné synthétisant cet épisode historique que furent les guerres de religion : Les Tragiques, écrits en vers et publiés en 1616), l'Histoire Universelle, publiés dans la période 1616-1620, en prose et d'une approche plus formelle...

20 juin 2017

Nous sommes en 1616 lorsque Les Tragiques sont publiées, alors que Henri IV s'est fait assassiné en 1610, malgré qu'il ait abjuré le protestantisme en 1593. Son auteur, Théodore Agrippa d'Aubigné, figure du protestantisme et historiquement très proche de Henri IV, ne peut plus alors faire qu'un constat désabusé : « ce siècle n’est rien qu’une histoire tragique ».

Son parti, celui du calvinisme qui s'est lancé dans une grande offensive anti-cléricale, n'a pas réussi sa percée, alors que son chef même, son proche ami qu'il a toujours valorisé comme le chef des protestants, a capitulé pour devenir Roi. L’Édit de Nantes qu'il a formulé est d'ailleurs terriblement bancal et un piège se refermant sur les calvinistes...

24 mai 2017

Michel de Montaigne est donc prisonnier d'une contradiction : il veut des consciences organisées, mais a une lecture pessimiste de la nature humaine.

N'étant pas calviniste, il ne croit pas en la rationalité de tout un chacun. Il représente uniquement les intérêts rationalistes de l'appareil d'État. C'est l'averroïsme politique au sens strict.

Ce faisant, Michel de Montaigne n'a pas le choix : il va attribuer à son époque les faiblesses empêchant l'avènement de ce qu'il conçoit...

22 mai 2017

L'averroïsme politique prône la rationalité, et donc, avec la critique de l'Espagne catholique et la séparation de l'Église et de la pensée d'État, on trouve le rejet des superstitions et de la torture. Cela témoigne du fait que sur le plan de la civilisation, la monarchie absolue représente une étape nouvelle.

Parmi les superstitions, Michel de Montaigne classe bien entendu la confiance aveugle en les médecins. Ce qui est préfiguré ici, c'est la critique de Molière. Voici comment Montaigne se moque de la nature des médicaments proposés : « Même le choix qu’ils font de leurs drogues a quelque chose de mystérieux et de divin. Le pied gauche d’une tortue, l’urine d’un lézard, lafiente d’un éléphant, le foie d’une taupe, du sang tiré sous l’aile droite d’un pigeon blanc...»

11 mai 2017

Michel de Montaigne travaillait dans sa bibliothèque, dans une tour de son domaine et y avait fait graver des phrases sur les poutres et les solives du plafond. On lit ainsi cette citation de Pline :

« Il n’est rien de certain que l’incertitude, et rien de plus misérable et de plus fier que l’homme. »

On y lisait aussi cette sentence de Sextus Empiricus :

« Il n’y a aucun argument qui n’ait son contraire, dit la plus sage école philosophique. »...

23 nov 2016

Nous avons donc une œuvre, le Discours de la servitude volontaire, qui dénonce non pas une forme générale de pouvoir comme la monarchie, mais bien spécifiquement la tyrannie. Il est parlé du pouvoir et ce sont des exemples historiques qui sont donnés, mais on peut très bien appliquer ce qui est expliqué à l’Église catholique et dénoncer le Pape, pour aboutir à une forme d'organisation comme celle des protestants.

Cet appel à rejeter la tyrannie s'appuie, par ailleurs, sur un principe d'autonomie individuelle propre au protestantisme et à l'humanisme...

16 nov 2016

Lorsque dans les Essais, Michel de Montaigne annonce que c'est Etienne de La Boétie qui a écrit le Discours de la servitude volontaire, il fait une révélation à laquelle personne ne s'attendait. En feignant d'avoir voulu le publier, mais de ne plus le pouvoir, il attire l'attention de manière précise dessus.

En plaçant 29 poèmes à la place du Discours, il souligne bien l'importance de ce dernier, par son absence dont il est pourtant parlé, et qu'il faut même combler. En en parlant au sein d'un vaste discours philosophique sur l'amitié, il se couvre : s'il parle du Discours de la servitude volontaire, ce n'est qu'en référence à son ami… qui fut comme une partie de lui-même... Michel de Montaigne a de plus bien souligné par ailleurs qu'il a connu Etienne de La Boétie parce qu'il avait connu son Discours

11 nov 2016

Nous sommes au XVIe siècle et en août 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy propage une violente onde de choc anti-protestante. La terreur catholique s'instaure, sanglante.

Voici comment l'un des plus grands juristes de l'époque,François Hotman, témoigne de son émotion dans une lettre du 30 octobre 1572, alors qu'il se réfugie à Genève :

« Hier soir, je suis arrivé ici, sauvé par la Providence, la clémence et la miséricorde de Dieu, échappé au massacre, œuvre de Pharaon…

11 nov 2016

Influencé par le Discours merveilleux, La France-Turquie, c’est à dire, conseils et moyens tenus par les ennemis de la Couronne de France, pour réduire le Royaume en tel état que la tyrannie turquesque fut publié en 1575, en trois parties distinctes tout d'abord.

La première, Conseil du Chevalier Poncet, donné en presence de la Royne mere & du Conte de Retz, pour reduire la France en mesme estat que la Turque, consiste en la présentation des conseils donnés par un chevalier Poncet à Catherine de Médicis après avoir visité l'empire ottoman...

9 nov 2016

Aux côtés de François Hotman comme grande figure monarchomaque, on trouve Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623), grand érudit protestant maîtrisant parfaitement le latin, mais également le grec, l'hébreu, l'allemand, ayant des connaissances larges en néerlandais, en anglais, ainsi qu'en italien.

Il sera ainsi un proche conseiller de Henri de Navarre, avant que celui-ci ne devienne Henri IV, cherchant à propulser celui-ci comme roi protestant maintenant une tolérance vaste pour les deux religions chrétiennes. La trahison de Henri IV l’amènera à gérer la situation inverse avec la négociation de l'Édit de Nantes, lui-même étant mis de côté par la suite, alors que s'intensifiait la vague monarchique anti-protestante...

7 nov 2016

Avec l'opposition entre protestantisme et catholicisme, la situation était explosive ; avec l'existence de la faction italienne au sein de la royauté, le besoin d'une rupture devenait complet pour les protestants.

La Francogallia eut donc un impact retentissant ; en pleine guerre civile, l'appel de François Hotman possédait un sens dépassant le simple cadre protestant. C'est toute l'option ultra du catholicisme et de la faction italienne de la royauté qui apparaissait comme précipitant le pays dans le chaos...

4 nov 2016

Le problème historique de la France est qu'elle a été influencée tant par l'humanisme et le protestantisme d'un côté, que par la Renaissance italienne et le baroque de l'autre. Or, cela est résolument contradictoire, de par les bases historiques de chaque mouvement, le premier étant progressiste, le second ancré dans le catholicisme, l'aristocratie, la réaction.

Pire encore, la nation française étant née à travers l'unification de ces deux pôles antagoniques, leur antagonisme est pour cette raison profondément masqué, inconnu, alors qu'il est justement à la source de profonds déséquilibres et fournit la base à maints événements historiques de notre pays...

2 nov 2016

Au XVIe siècle, tout un courant de pensée se développe sur la base du protestantisme (mais la dépassant largement) développant une conception politique qui sera, par la suite, qualifiée de monarchomaque, c'est-à-dire d'opposant à la monarchie.

Cette irruption d'une démarche politique était inévitable, pour deux raisons. Tout d'abord, il y avait l'affrontement entre le pouvoir royal et l'aristocratie, avec en arrière-plan la tendance à la formation de la monarchie absolue, pour centraliser et moderniser le pays...

30 aoû 2016

Les masses n'aiment pas la religion, cette abstraction flottant au-dessus de la réalité. Ils apprécient, au mieux, un sens de l'universel et de compassion qu'elle peut prétendre porter.

Mais le clergé, ses interdits, ses explications irrationnelles… seuls les secteurs les plus arriérés peuvent les apprécier. Et les apprécient, car il y a un grave retour en arrière depuis 20-30 ans, sous l'effet des coups de boutoirs religieux...

27 sep 2015

L'Édit de Nantes est promulgué le 13 avril 1598. Il a fallu deux années de négociation pour arriver un texte acceptable ou tout au moins relativement gérable par le pouvoir royal, aux dépens des factions catholique et protestante.

Trente années de troubles provoqués par d'incessantes guerres de religion et d'influences extérieures imposaient au pouvoir royal, pour se maintenir, de stabiliser à tout prix la situation, au moins pour un temps. La dimension nationale l'emporterait : en pratique, c'est sur la bourgeoisie que mise la monarchie absolue...

23 sep 2015

Successeur de Henri III, Henri de Navarre procède par étapes. Tout d'abord, il lui faut trouver un terrain d'entente avec le pape et les catholiques, tout en contournant la faction catholique française alliée au roi d'Espagne.

C'est la seule possibilité de rétablir une stabilité politique et économique relative, et par là relancer le processus de monarchie absolue...

18 sep 2015

Au moment de l'Édit de Nantes, le pouvoir royal dispose d'une base nationale permise par la naissance d'un marché mis en place par le capitalisme naissant. Il s'élance dans la monarchie absolue par la synthèse nationale, à travers l'administration et l'armée.

Toutefois, autant le catholicisme semble une force sociale toujours plus faible, autant le protestantisme a une base problématique pour la monarchie absolue, dans le cadre français...

12 mai 2013

La religion est toujours le masque idéologique d’une classe sociale, le reflet d’une époque bien déterminée. Les luttes de classes en France ont donc, du XVe au XVIIe siècle, pris l’apparence de guerres de religion.

Ces guerres ont été nombreuses : huit dans la seconde moitié du XVIe siècle, avec des prolongements aux XVIIe et XVIIIe siècles. La raison en est que le protestantisme s’est largement développé, mais pas assez pour asseoir une hégémonie...

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