Bruno Gollnisch le stratège, Marine Le Pen la populiste
Submitted by Anonyme (non vérifié)L’étude du discours d’investiture de Marine Le Pen ne doit pas nous faire oublier le discours de Bruno Gollnisch. S’il a échoué dans la course à la présidence du Front National, son niveau idéologique est plus développé que celui de Marine Le Pen.
Et sans nul doute il joue un grand rôle dans la mesure où il trace des frontières, des limites au populisme de Marine Le Pen, tout comme il est plus « franc » dans ses propos. Qu’exige-t-il ?
Tout d’abord, « l’instauration d’une grande politique familiale » ce qui veut dire une politique de natalité. Plus d’enfants, c’est plus de soldats, plus de chair à canon : c’est un thème classique du fascisme. Ensuite, « la réduction des niveaux d’administration, la simplification de la bureaucratie écrasante, la lutte contre le clientélisme et la corruption. » Voir ici un simple libéralisme est faux : tout cela est prétexte à un changement depersonnel au niveau de l’appareil d’État. Là encore, on a une exigence de type fasciste. Tout cela, bien entendu, allant avec un protectionnisme, condition absolument nécessaire au principe autarcique de l’État fasciste : « la protection raisonnable de notre marché, la taxation des produits fabriqués ailleurs dans des conditions d’esclavage et importés chez nous à vil prix, la taxation des mouvements financiers spéculatifs, mais surtout la suppression de l’impôt sur les revenus du travail. » Dans le dernier passage, il faut comprendre que le message s’adresse aux classes moyennes : par travail il faut comprendre surtout les commerçants et artisans.
Et inévitablement, l’ennemi doit être nommé. Il l’est... sans l’être : il n’est pas parlé des USA, mais uniquement de la « superpuissance. » Gollnisch y va carrément ouvertement dans la proposition de conflit impérialiste :
« l’exercice d’une politique étrangère indépendante de la super-puissance, l’utilisation, en tant que de besoin, de notre droit de veto à l’ONU, la restauration de nos anciennes alliances, notamment avec la Russie, la renégociation des traités européens. »
Et face à l’ennemi intérieur, Gollnisch est tout aussi clair : « la création d’un corps de réserviste capable notamment de tripler en 48 heures les effectifs de gendarmerie. » Soulignons pour finir une « proposition » de Gollnisch, au cas où l’on douterait encore du danger : « La constitution d’un contre-gouvernement composé d’hommes et de femmes dont on verra qu’ils sont aptes à mettre en œuvre ces mesures de salut national, aussi compétents et même plus que ceux qui sont actuellement aux commandes. »
Tout cela est très carré, et très défini... A l’opposé de Marine Le Pen, qui elle « surfe » sur les thèmes classiques du fascisme sur le plan culturel. Ce passage est véritablement très éloquent : « Qui pourra désormais empêcher les Français de voir la transformation de leurs villes, l’aveulissement de nos classes dirigeantes, et des super-riches qui vendent notre travail, notre patrimoine, l’injustice partout, l’injustice généralisée et la tyrannie du désordre et de la violence, le saccage de nos paysages et de notre qualité de vie, la marchandisation de notre culture, le règne déchaîné de l’argent, le renoncement devant les revendications liberticides de minorités qui cherchent à nous imposer leurs valeurs ? »
On retrouve ici la contradiction villes-campagnes et la contradiction travail intellectuel – travail salarié « critiqué » exactement sur le mode fasciste.
Ici, nous ne pouvons que souligner l’importance du PCMLM. Car Marine Le Pen parle des villes et des paysages, et qui le fait à part elle, si ce n’est le PCMLM ?
Et quand elle parle de « marchandisation de la culture » : qui parle de culture, à part le PCMLM ? Et quand elle parle du « règne déchaîné de l’argent », qui à part le PCMLM refuse la critique anticapitaliste romantique de l’argent, pour mettre en avant une critique scientifique du Capital et des rapports d’exploitation ? Pour faire face au fascisme, il faut renforcer le Parti de la science, qui seul sera guider les masses populaires dans le gigantesque bouleversement à venir !