Anticapitalisme romantique et antisémitisme de Marine Le Pen
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Marine Le Pen veut le pouvoir. Cela est clair net et précis, elle l’a dit et répété à maintes reprises durant ces derniers jours. Et dans son discours d’investiture au Front National, elle ne parle bien entendu pas d’élections. Nous avions dit qu’avec la crise les parties les plus agressives de la bourgeoisie impérialiste sentaient que leur temps était enfin venu et que donc son mouvement, le fascisme, allait monter en puissance. Chaque déclaration de Marine Le Pen revêt donc aujourd’hui une extrême importance. Et il est totalement faux, comme l’ont fait les commentateurs petit-bourgeois d’extrême-gauche (et d’extrême- droite !) d’affirmer que Marine Le Pen serait une simple « conservatrice radicale », une « occidentaliste », et nullement une fasciste.
Si l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN annonce un tournant, ce n’est pas du tout dans celui de la « normalisation » répétée par ces commentateurs petit-bourgeois, et désormais par tous les journalistes de la presse bourgeoise.
Non bien au contraire, si l’on étudie le congrès du FN on se rend compte que Marine Le Pen impose un tournant clairement fasciste au FN, et par conséquent assumant de manière revendiquée l’anticapitalisme romantique et l’antisémitisme qui va avec.
Marine Le Pen n’est pas simplement « d’extrême-droite » ou de « droite extrême »; Marine Le Pen est une fasciste.
Par exemple, une telle déclaration (dans son discours d’investiture) est tout à fait limpide : « De manière plus générale, nous devons avoir le courage de dénoncer la logique consumériste. En effet, à l’image de tous les totalitarismes, le mondialisme nous propose de forger un homme nouveau. L’homme nouveau est ce pauvre type égoïste, en errance permanente, qui n’est uni aux autres que par le partage de pulsions consuméristes.
Non, la consommation ne peut pas être l’alpha et l’oméga de nos existences, transformant les citoyens que nous sommes en simple consommateurs.
Non, nous ne voulons pas d’une société où l’avoir est plus important que l’être, où l’argent érigé en absolu est devenu une fin en soi, le critère principal d’appréciation de l’homme. Une société dont l’horizon se limite à voir nos enfants se chercher leur identité et leur fierté au travers des marques commerciales des habits qu’ils portent, plutôt que dans la famille dont ils sont issus oùdans le peuple auquel ils appartiennent. Oui, il est un exigence pour nous de garder notre capacité d’indignation quand l’on prétend n’évaluer le bonheur des français qu’à l’aune de leurs projets de consommation. Oui, il faut en finir avec le règne de l’argent-roi. »
Le refus de la « vie commode », la volonté de régénération de la société, le vitalisme rentre totalement dans la filiation du fascisme français, qui est d’ailleurs le premier fascisme, comme l’a expliqué l’historien Zeev
Sternhell. Ses appels à la « relocalisation » et à la « démocratie directe » rentrent d’ailleurs directement dans la tradition de l’Action française, de Barrès et Maurras. A côté de cela, Marine Le Pen révèle totalement son fascisme, c’est dans sa mise en avant d’un anticapitalisme romantique.
En effet, elle ne cesse de s’en prendre aux « super-riches », aux « forces de l’argent », etc... Mais de manière typiquement fasciste, Marine Le Pen ne parle ni de bourgeoisie, ni même vraiment du capitalisme, et simplement
de ... l’Argent. Et plus précisément de « l’Argent-Roi ». Bien évidemment, ce genre de discours est typique d’une large partie de la gauche et de l’extrême-gauche. Mais justement : il s’agit d’un discours fasciste. Parler d’argent-roi, c’est utiliser cette expression est un double coup politique pour Marine Le Pen.
D’abord tout simplement par l’antisémitisme évident qu’il sous-tend. D’ailleurs s’il y a bien un spectre qui a flotté sur le congrès du FN c’est celui de l’antisémitisme, sous-entendu dans les déclaration de Marine Le Pen et Bruno Gollnish ou éclatant dans la bouche de Jean-Marie Le Pen avec son « bon mot » typiquement nazi sur le « nez » des juifs (en expliquant au sujet dun journaliste rejeté : « il a cru bon de dire qu’il était juif et que c’est pour cette raison qu’on l’avait expulsé, ce qui ne se voyait ni sur sa carte ni, si j’ose dire, sur son nez »). Ensuite, utiliser l’expression « Argent-Roi » est un appel du pied non seulement à la petite-bourgeoisie irrationnelle qui veut contrer la bourgeoisie, sans s’allier à la classe ouvrière... mais également aux parties du peuple encore marquée par la propagande révisionniste du P »C »F. En effet, la thématique de l’Argent-Roi a été centrale dans la propagande du PCF durant les années 1990 et 2000. En utilisant ce terme, Marine Le Pen sait ce qu’elle fait : elle cherche à récupérer les bribes dégénérées de ce qui reste du P « C » F dans les couches sociales populaires. La social-démocratie du P « C » F a servi d’aide au fascisme.
Un autre aspect du discours d’investiture de Marine Le Pen qui révèle sa nature fasciste est le proposition stratégique d’expansion qu’elle fait à la bourgeoisie impérialiste. « Les Français sont un grand peuple qui possède un grand pays. La France n’est pas petite, elle n’est pas seulement ce pourcent de la population mondiale comme le disait avec dédain Valéry Giscard d’Estaing.
Sa langue, notre langue nationale, rayonne sur les cinq continents, privilège qu’elle partage seule avec l’anglais.
La francophonie doit vibrer à nouveau, sur les terres d’Asie, d’Amérique, d’Europe et d’Afrique. La France est présente dans les trois océans, elle possède le deuxième espace maritime du monde, 11 millions de kilomètres carré, elle possède une richesse inexploitée que constituent nos collectivités d’Outre-Mer, en n’oubliant jamais qu’ils sont des territoires français et qu’ils doivent le rester ! » Ce passage de son discours pose clairement un objectif : la lutte pour l’hégémonie contre l’impérialisme américain et une politique impérialiste agressive (c’est pour cela qu’est critiqué Valéry Giscard d’Estaing, représentant de la bourgeoisie traditionnelle tout comme Sarkozy).
Or, l’impérialisme américain est « nécessairement » présenté dans l’argumentaire fasciste comme étant le contraire du modèle « national » qu’il faut adopter. L’ennemi ne peut que être « universaliste » et « cosmopolite »,« multiracial », « métissé », etc.
L’antisémitisme ne peut que suinter toujours davantage de l’idéologie typiquement fasciste de Marine Le Pen.
Seul le PCMLM a prévu par avance cela. Aucune autre organisation n’a prévu cela. Evidemment, aujourd’hui et par contre, tout le monde prétend « avoir compris » cela, et ce parfois même depuis longtemps !
Pur mensonge ! Aussi voici un florilège des propos sur le Front National, des propos qui datent de ces derniers mois ou ces dernières années, et qui tous ont en commun de ne rien comprendre à la dynamique du fascisme.
Tous les points de vue suivants sont faux, simplistes, mécaniques. Tous, sans exception, ne comprennent rien à la transformation de la quantité en qualité, le saut qualitatif ; ils vivent dans un monde statique qui ne changerait pas depuis trente, quarante, cinquante ans.
Ils n’ont rien compris de ce qu’est le fascisme : un anticapitalisme romantique ! Ils ont pensé que le Front National était en train de « crever » avec la venue de Sarkozy au pouvoir, alors que justement – ce que seul le PCMLM avait alors compris – les progrès du Front National et de l’extrême-droite étaient inévitables, de par la concurrence entre bourgeoisie impérialiste et bourgeoisie traditionnelle ! En appliquant l’équation social-démocrate Sarkozy = Le Pen en version soft, ces gens ont désarmé le peuple face au fascisme !
« Aujourd’hui le FN reste l’ombre de ce qu’il fut jusqu’en 1999 (...). Il a renoncé à ses ambitions de renouvellement intellectuel (fortes dans la décennies 1990) (...). Le Front national ne pèse directement sur aucun débat, aucun enjeu. » (Novembre 2010, Entretien avec René Monzat dans le journal du NPA)
« Le Front national est depuis ses origines et reste pour le moment un parti d’extrême droite classique, c’est-à-dire parlementaire, même si la rivalité avec la droite parlementaire traditionnelle et l’ostracisme de cette dernière vis-à-vis de lui l’ont écarté de certaines des institutions de la bourgeoisie, le Parlement en premier lieu. Écarté donc du Parlement, le Front national n’est pas pour autant un parti antiparlementaire, au sens de combattre le Parlement pour le remplacer par un régime plus autoritaire. L’habitude gauchiste de l’assimiler à un parti fasciste dénote seulement une profonde ignorance de ce qu’a été le fascisme. » (2009, Lutte Ouvrière : Au lendemain des élections régionales)
« Car le FN n’a rien de patriotique : ses dirigeants ne veulent surtout pas fâcher le grand patronat pro-européen, c’est pourquoi le FN ne réclame pas la sortie de la France de l’UE. Non, le but de ces grands amis du capitalisme ultra-libéral, dont Sarkozy applique le programme anti-ouvrier, est d’aggraver sur tous les terrains la néfaste politique antinationale, antisociale et fascisante de l’actuel pouvoir UMP, s’inspire déjà en tous domaines du programme ultra-patronal de Le Pen. » (Juin 2009, PRCF : Appel du PRCF aux travailleurs et aux électeurs républicains d’Hénin-Beaumont) « Ayant volontairement abandonné d’une part les attaques personnelles en raison de la « popularité » de Sarko, et d’autre part les provocations pour accréditer l’idée qu’il est un parti de gouvernement, le FN, et avec lui son leader, ont bien du mal à exister dans le débat politique, tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas proposer d’alternatives à la politique de Nicolas Sarkozy : et pour cause, sur l’essentiel, c’est la leur. » (2005, Reflex : Le Front National sarkophage) « Le « sarkozysme » et le « lepénisme » sont l’expression de la crise du parlementarisme bourgeois (...). Le « sarkozisme » signifie le renforcement du pouvoir arbitraire de l’Etat au détriment des sauvegardes démocratiques, le recours aux moyens policiers « musclés » et à l’appareil répressif en général. Il constitue un premier pas dans la direction de ce que les marxistes apellent le « bonapartisme parlementaire » (...). Le Front National représente la même tendance bonapartiste parlementaire (...). Face à la réaction massive suscitée par le passage au deuxième tour du Front National, en 2002, les capitalistes et politiciens de droite ont pris peur. » (Mars 2007 : La Riposte : Front National, « sarkozysme » : crise du capitalisme et du parlementarisme) « Nationalistes et fascistes comme Le Pen et de Villiers, visent à « lepéniser » les esprits, à semer leracisme et la division chez les travailleurs. » (2007, URCF : La question électorale et les positions des communistes)
« Sur le plan politique, par la sous-estimation de l’État policier et de la montée du fascisme moderne (bien que récemment dans « contre-informations » il soit écrit « Le fascisme est un mouvement vers l’arrière qui se présente comme moderne », souligné par nous [Note de CI : Ce qui n'a strictement rien à voir avec le propos !]), il surestime le danger du Front national et des groupes extrémistes fascistes comme les Identitaires. » (Mai 2010, Drapeau Rouge au sujet du PCMLM) « L’inquiétant résultat du Front national est d’abord la conséquence du travail de son meilleur agent électoral, le ministre Besson. » (Mars 2010, PCF : Déclaration de Marie-Georges Buffet et Pierre Laurent)
Cette liste pourrait consister en les positions de toutes les organisations, sauf le PCMLM. Rejoins le PCMLM, qui prouve son caractère d’avant-garde !