Le collectif ODC d'Espagne et la question de la discipline idéologique
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le collectif Odio de Clase (Haine de Classe) d'Espagne, a publié une intéressante critique de la position du PCMLM sur le communiqué sur la Syrie du PC d'Inde (maoïste). Elle est intéressante de par ses contradictions fondamentales, très faciles à voir, et ô combien révélatrices.
Voici ce que dit ODC, publiant le communiqué indien :
Le document que nous publions est la première partie – la division en deux parties est d'ODC – du communiqué rendu public parle PCI (maoïste) sur les menaces impérialistes contre la Syrie.
Le communiqué exprime la position de la principale force de l'avant-garde communiste mondiale, en rapport avec l'un des principaux débats qui agite les détachements ML et MLM actuellement.
La position du PCI (maoïste) est essentiellement correcte et coïncide pleinement avec les positions que nous avons défendu à ODC.
Les contradictions qui se réunissent dans le conflit syrien sont clairement analysés à partir de l'idéologie prolétarienne, sans tomber dans les principales erreurs majeures qui se sont produites dans le Mouvement Communiste International dans ce conflit : ignorer que la contradiction principale fait se confronter un pays opprimés à l'impérialisme, assimiler l'agresseur et l'agressé, mettre sur le même plan l'impérialisme yankee et le régime syrienn, suivisme de l'impérialisme grand russe par des secteurs révisionnistes, identification d'al-Assad avec l'anti-impérialisme, identification entre agresseurs et agressés, identification des bandits pro-impérialistes avec le peuple syrien, etc.
A l'ODC, comme également le CPI (maoïste), nous soutenons que le droit de décider de l'avenir de la Syrie appartient au peuple syrien et rien qu'à lui.
Et à l'ODC, comme également le CPI (maoïste), nous soutenons la Résistance du peuple syrien à l'agression impérialiste.
Cependant, sont apparues les premières critiques contre le CPI (maoïste) de certains qu'ODC appelle « maoïstes cliché » et pour parler clair, nous nous référons au PCMLM de France:
http://lesmaterialistes.com/francois-hollande-neo-fasciste-dit-pc-inde-maoiste.
A ODC, nous ne pouvons pas comprendre qu'on s'arrache les cheveux parce que le CPI (maoïste) qualifié de « néo-fasciste » le président français François Hollande, quand les mêmes qualifiaient hier de « fasciste » Hugo Chavez.
ODC n'est pas partisan de faire une utilisation généralisée du qualificatif de « fasciste »: nous nous tenons à la définition du fascisme donné par G. Dimitrov et nous ne croyons pas que Hollande soit « fasciste » ou « néo-fasciste » au sens strict, mais une telle classification est bien comprise dans ce contexte particulier où il se comporte comme un fasciste belliqueux.
Mais c'est seulement à partir du chauvinisme petit-bourgeois de niveau le plus infime qu'on peut dire que Chavez l'était et que Hollande l'archi-impérialiste ne l'est pas.
A ODC, nous ressentons un mépris et une haine infinie pour Hollande et nous ne le mettons pas au même niveau que pour Chavez, bien que nous ne nous identifions pas politiquement avec ce dernier que nous considérons réformiste.
Il semble que le PCMLM français ressente davantage de haine pour Chavez que pour Hollande. En outre, il est très facile de critiquer à partir de l'absence totale de pratique et depuis l'intellectualisme bourgeois.
Nous réaffirmons : VIVE LE PCI (MAOÏSTE) ET SA LIGNE POLITIQUE INTERNATIONALE CORRECTE ! COMBATTRE LE MAOÏSME DE CLICHÉ AU SEIN DU MLM !
Le collectif ODC a-t-il raison de dire qu'il est en accord avec le PCI (maoïste) ? Tout à fait.
A-t-il raison de dire que comme nous mettons pas des drapeaux syriens en avant et que pour nous Hugo Chàvez était un fasciste, alors nous serions pour François Hollande ? Absolument pas.
Il y a trois points à saisir ici, très faciles à voir.
a) Tout d'abord, il y a quelques temps, le collectif Odio de Clase en Espagne avait participé à la bataille contre le centrisme au sein du mouvement maoïste international, contre le prachandisme.
Ce collectif a vu se répandre sur lui une haine implacable et des insultes en série, qu'il a affronté courageusement.
Or, depuis sa capitulation sur la question « semi-coloniale semi-féodale » (concept que le collectif ODC rejette), il est tombé dans les bras des ennemis auparavant insultés, et il en arrive à tenir le même discours.
Le collectif ODC est désormais en écho avec les « maoïstes » pragmatiques et anti-idéologie de « Maoist Road », qui n'hésite plus à soutenir le collectif ODC.
Et comble de l'ironie de l'histoire, les arguments utilisés hier contre ODC - blabla intellectuel, non existence, cela n'existe que sur internet, etc. -, ODC les reprend désormais contre nous.
Pourquoi ? Afin, naturellement, d'éviter d'aborder les questions idéologiques, de les contourner en prétextant que rien n'a d'importance.
Le collectif ODC nous a salué maintes fois, si nous n'existons pas alors qu'il fasse son autocritique pour ses actes passés...
b) Le collectif Odio de Clase étant en Espagne, il a bien entendu une connaissance certaine de ce qu'est le fascisme.
Pour cette raison, il sait très bien que Hollande n'est pas un fasciste, ni un néo-fasciste ou quoi que ce soit du genre. C'est une évidence.
Alors, comme on le voit dans son explication, le collectif ODC jongle dans son communiqué et précise qu'il s'en tient à Dimitrov, car évidemment la thèse du PCI (maoïste) est ridicule, d'autant plus alors que le fascisme progresse à grands pas en France, justement contre Hollande et en s'appuyant sur lui.
Voyons donc le point essentiel qui alors amène le collectif ODC à rompre avec l'antifascisme conséquent.
c) Le collectif ODC, comme on le voit dans le texte publié ci-dessus, reprend l'argument des « trois mondes » version Deng Xiao Ping.
Il défend un pays opprimé contre une intervention impérialiste, c'est-à-dire qu'en fait il défend un « État national » : le collectif ODC ne peut pas dire le contraire, puisqu'il met en avant le drapeau syrien.
Et d'ailleurs, le collectif ODC ne considère pas la Syrie comme semi-colonial semi-féodal, donc partant de là c'est forcément un État national... Et historiquement une telle définition est non-maoïste.
Ce n'est pas bien compliqué, cela n'a rien de subjectif, et pourquoi diable le collectif ODC a-t-il du mal avec cela ? Cela fait longtemps que nous leur avons dit qu'ils sont sur la même ligne que le DHKP/C en Turquie, qui « assimile » Mao et Guevara.
Leur refus à assumer l'évidence qu'ils ne sont pas maoïstes, mais des marxistes-léninistes ouvert à Mao et Guevara, les amène dans des situations inextricables et totalement regrettables.
Leur critique du « maoïsme de cliché » nous vise ainsi prétendument, mais en pratique il vise n'importe quelle organisation assumant les positions de Mao Zedong et de la Chine des années 1960-1970... Que nous ne faisons que répéter : nous sommes « dogmatiques », voilà le mot juste.
Que le collectif ODC ne soit pas d'accord, soit. Mais le fait d'essayer d'enterrer une simple réalité idéologique n'a aucun sens.
Enfin, notons que le collectif ODC caricature de manière éhontée, afin de ne pas se contredire. Car cela fait longtemps que nous avons dénoncé les pseudos révolutions libyenne et syrienne...
Nous avons toujours expliqué que ces pseudos révolutions étaient des complots impérialistes.
Seulement, à la différence d'ODC, nous n'en restons pas là et nous voyons les deux aspects. On peut très bien critiquer Hollande et rejeter Chavez, et le fait qu'il y ait un aspect principal – le rejet de notre côté en France de Hollande – ne signifie pas que l'on doive nier le second aspect.
Quand Chavez est mort, il y a une vague le mettant en avant comme le représentant du socialisme du 21e siècle – or, nous nous disons : hors le maoïsme, point de salut !
A ce titre, plutôt que de faire de grandes phrases anti « yankee », le collectif devrait cesser son cosmopolitisme les jetant dans les bras de Maoist Road – hier si méprisés et à juste titre - et enfin parler de l'Espagne, de sa culture, de son histoire, de ses luttes de classe.
L'époque a besoin du matérialisme historique, pas de la rhétorique populiste. Lors d'une récente traduction d'un texte indien, le collectif ODC n'a pas été en mesure de traduire « CBB » - en fait « bourgeoisie bureaucratique compradore », un élément idéologique de base pour décrire l'Inde.
Ce n'est guère étonnant : la science ne s'improvise pas, il faut du travail. Le collectif ODC, qui a prouvé sa rage contre l'injustice, ne pourra pas éviter ce travail. Il peut utiliser de la rhétorique anti-impérialiste comme il l'entend, la réalité espagnole le rattrapera.
En un sens, c'est un exemple classique de surestimation subjective de sa démarche et de refus de la disciplie idéologique. Le fait de ne pas reconnaître que le maoïsme dit autre chose est une preuve de la fausseté de la démarche.