CMLM[B], PCF(mlm) – Déclaration maoïste commune du premier mai 2017
Submitted by Anonyme (non vérifié)Ce 1er mai 2017 est marqué par le renforcement historique de la tendance à la guerre impérialiste. Chaque camp fourbit ses armes, renforce ses capacités d'action, promeut le nationalisme.
Le Royaume-Uni bascule dans la sortie de l'Union Européenne avec le Brexit ; en Inde, Narendra Modi organise un régime où l'hindouisme tourne au fanatisme.
Aux États-Unis, c'est Donald Trump, ce milliardaire grossier et borné, qui a pris les commandes ; en Turquie, Recep Tayyip Erdoğan a renforcé de manière générale ses prérogatives de président s'appuyant sur la religion.
La Chine renforce son armement, venant de lancer un porte-avion construit en toute indépendance ; la Corée du Nord multiplie les tests de missiles dans l’objectif de les doter de têtes nucléaires. Aux Philippines, Rodrigo Duterte dirige le pays avec un populisme nationaliste outrancier ; le Japon a augmenté pour la cinquième fois en 10 ans son budget militaire, arrivant à un niveau record de 1 % du PIB.
Cette tendance est générale, tant dans les pays capitalistes-impérialistes que dans les pays capitalistes bureaucratiques semi-coloniaux. La crise inhérente au capitalisme ne peut pas être résolue et la conquête de profits nécessite davantage d'exploitation à l'intérieur et davantage de tendance à l'interventionnisme.
Il n'y a plus d'autre sortie possible que la fuite en avant, la marche vers la guerre.
Le prix à payer, en cas d'incapacité à assumer cette orientation, est l'effondrement : des pays comme la Libye et l'Irak n'existent déjà plus, dépecés par les autres ; l'Afghanistan et le Venezuela basculent dans le chaos, alors que le Brésil a connu entre 2011 et 2015 davantage de morts par homicide volontaire qu’en Syrie qui connaît pourtant une guerre généralisée.
Vu cet arrière-plan, en ce 1er mai 2017, nous appelons par conséquent les masses populaires de Belgique et de France à être d'une vigilance constante et approfondie quant à la progression électorale de Marine Le Pen.
Son succès électoral au premier tour des élections présidentielles françaises, avec 7,7 millions de voix, renforce, en effet, une double tendance d'importance historique.
Il y a en France la tendance au nationalisme et au corporatisme, c'est-à-dire la soumission complète au capitalisme au nom de l'efficacité du pays sur le plan économique.
Mais il y a également une tendance à l'expansionnisme, au renforcement de la capacité de projection vers l'extérieur – ce qui est une base de l'impérialisme.
Or, la situation historique de la nation belge est connue : elle est marquée par les faiblesses sur le plan de son unification culturelle. Par conséquent, la France tend inévitablement à chercher à satelliser une partie de la Belgique : la Wallonie, voire Bruxelles elle-même.
Il y a ici une convergence d'intérêts entre l'impérialisme français et l'extrême-droite flamande, qui profiteraient tous deux d'une négation de la nation belge, la dépeçant pour se former de véritables fiefs.
Nous tenons à insister sur le fait qu'il ne s'agit pas ici de voir un complot ou d'imaginer une invasion française, mais de saisir une tendance de fond qui s'appuie d'un côté sur les besoins expansionnistes du capitalisme français en crise, de l'autre sur la tentative de capitalistes flamands de former des fiefs où le nationalisme leur octroierait la suprématie politique.
Il y a là une situation explosive et cela est d'autant plus vrai que l'Union Européenne, cette utopie capitaliste d'une Europe pacifiée, s'effondre toujours davantage sous les coups de boutoir des intérêts nationaux égoïstes, typiques de l'impérialisme.
Les capitalistes ont promis le progrès et la paix, mais chaque capitalisme national en crise ne connaît qu'une porte de sortie, inévitable : le fascisme à l'intérieur et la guerre à l'extérieur, alors que le monde a déjà pu voir les conséquences destructrices de cette loi historique, avec les Première et Seconde Guerre mondiale.
La question belge, à ce titre, n'attire pas seulement l'attention de Marine Le Pen : on peut constater que lors du premier tour des élections présidentielles françaises de 2017, l'ensemble des candidats « souverainistes » ou nationalistes avaient déjà exprimé une opinion favorable à l'intégration de la Wallonie dans la France.
Marine Le Pen avait déjà abordé la question de manière franche en juillet 2011, et cela d'autant plus facilement que l'extrême-droite flamande est très proche d'elle :
« Si la Belgique venait à éclater, si la Flandre prenait son indépendance, hypothèse de plus en plus crédible, la République française s'honorerait d'accueillir en son sein la Wallonie. Les liens historiques et fraternels qui unissent nos deux peuples sont trop forts pour que la France abandonne la Wallonie. »
En 2010 déjà, Nicolas Dupont-Aignan parlait « d'oser dire clairement à nos amis wallons que la France les accueillerait à bras ouverts » ; Jean-Luc Mélenchon expliquait qu'il était « un « rattachiste » comme on dit. Si les Flamands s'en vont, si la Belgique s'évapore, alors, que les Wallons viennent avec nous ».
C'est également le cas de François Asselineau (« dans l’hypothèse – actuellement peu probable mais pas invraisemblable non plus – où le courant « rattachiste » (ou « réunionniste ») finissait par rallier à lui une majorité des électeurs francophones, la République française devrait accéder à cette demande majoritaire »).
Il va de soi que les velléités expansionnistes françaises tentent de profiter de la profonde amitié franco-belge pour se justifier historiquement. Il est très important de démasquer une telle entreprise, afin de véritablement renforcer les rencontres authentiques entre les peuples, dans un long processus qui aboutira, en fin de compte, à la République socialiste mondiale.
Toutefois, il est évident que, de toute façon, aucun processus progressiste ne peut plus exister sur la planète sans être porté par la classe ouvrière, sans rompre avec le pouvoir grandissant des monopoles, sans être en mesure de briser les forces qui développent le fascisme.
Les communistes doivent être, pour cette raison, au premier rang du combat antifasciste, sachant que l'évolution inéluctable du capitalisme aboutit à la formation de deux camps : celui du fascisme, celui de la démocratie populaire, ce dernier étant le terrain naturel des communistes.
Cela demande bien entendu la capacité idéologique de ne pas céder à la démagogie pseudo-révolutionnaire du gauchisme, qui s'oppose à l'antifascisme considéré comme un « compromis » protégeant les institutions bourgeoises.
Le gauchisme se trompe ici, car rien n'est statique dans la société, en raison de l'instabilité inhérente au capitalisme en crise. La bataille pour la démocratie porte en elle, inévitablement, la rupture avec le pouvoir des monopoles qui se renforce de manière toujours plus tyrannique.
Au cours de ce processus, ce sera une tâche historique des communistes que d'organiser les masses de manière générale sur le terrain démocratique de l'antifascisme, avec l'affrontement incontournable, sur le plan militaire, de la réaction et de la révolution.
Il appartient pour cette raison aux communistes de connaître le patrimoine historique du combat antifasciste, notamment des expériences espagnole, grecque, italienne, allemande, belge, française.
La guerre du peuple contre le fascisme sera inévitablement la séquence historique à venir, qui balaiera la tentative du capitalisme de se maintenir malgré sa nature entièrement décadente et destructrice.
Il est évident, à ce titre, que la question de l'environnement sera un détonateur particulièrement important dans la mobilisation des masses. Cela fait partie du processus de compréhension matérialiste dialectique du monde que vont connaître les masses populaires dans leur opposition toujours plus frontale au capitalisme ne connaissant plus que la voie de la confrontation et de la destruction.
C'est toute une époque nouvelle qui s'ouvre ici, permettant un nouvel élan indéniable à la révolution, à la condition de saisir la réalité de manière adéquate, de bien connaître les caractéristiques historiques de son propre pays.
Voilà pourquoi, en ce premier mai, nous affirmons que l'avenir appartient aux masses populaires, pas au fascisme, et que les masses populaires organisées sauront mener la guerre contre les forces anti-démocratiques cherchant à les empêcher de maîtriser leur destin, d'établir la société socialiste qui correspond à leurs besoins.
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [Belgique]
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
1er mai 2017