Vers la guerre : le sens des 12, 13 et 14 juillet 2017
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il est des signes qui ne trompent pas. Lors du défilé du 14 juillet hier, le premier régiment de Tirailleurs d’Épinal défilait en portant un fusil d'assaut allemand, le HK 416. Cette arme va, en effet, devenir le standard de l'Armée de terre.
C'est un important symbole du moteur impérialiste franco-allemand et, justement, un conseil des ministres franco-allemand s'était tenu l'avant-veille, le 13 juillet.
Lors de la conférence de presse, le Président français Emmanuel Macron et la Chancelière allemande Angela Merkel ont annoncé de multiples choses :
a) un avion de combat franco-allemand va être mis en place. Emmanuel Macron a souligné l'importance de ce choix :
« C'est une révolution profonde, mais nous n'avons pas peur des révolutions quand elles sont menées de manière pacifique, construite et dans la durée. »
b) le moteur franco-allemand va d'ailleurs se systématiser sur le plan de la défense, l'Union Européenne en étant un outil. Emmanuel Macron a été très clair dans ses propos :
« Nous avons aussi défini les critères et les modalités de financement du Fonds européen de défense, ainsi qu’une série d’initiatives : les études et programmes dans le domaine militaire qui nous engageront, nous, nos armées et nos industries, dans la durée sur des programmes que nous avons définis très clairement, les futurs systèmes de char et d’artillerie, l’aviation, les drones, les hélicoptères, les futures technologies de rupture, en particulier dans le domaine du numérique. »
c) la langue allemande va être largement promue. Là aussi, Emmanuel Macron a une position systématique :
« La France a rétabli les classes bilangues : ce seront 1.200 classes bilangues rouvertes dès cette rentrée, ce qui veut dire en collège à peu près 540.000 collégiens qui apprendront l’allemand. Ce qui signifie un niveau qui n’a jamais été atteint dans nos collèges.
De la même façon, c’est une augmentation de 50 % de l’enseignement de l’allemand en classe primaire qui sera actée dès la rentrée prochaine par l’action résolue du ministre sur ce sujet. »
Il s'agit là d'une convergence impérialiste qui est un pas très clair vers la guerre impérialiste ; nous avions déjà souligné à quel point le gouvernement français était, d'ailleurs, composé de manière à être très proche de l'Allemagne.
Il est également très parlant, naturellement, qu'Angela Merkel se soit empressée de quitter Paris afin de ne pas avoir à rencontrer Donald Trump qui arrivait. La concurrence germano-américaine a pris, ces dernières semaines, un tournant particulièrement agressif.
Comment alors comprendre l'accueil fait à Donald Trump par Emmanuel Macron (tant la soirée au restaurant Jules Verne, ce jeudi soir, au deuxième étage de la tour Eiffel, que le fait d'assister en commun au défilé du 14 juillet, après une poignée de mains de 25 secondes) ?
Il faut tout simplement en conclure que la France travaille à intervenir encore davantage sur le plan diplomatique et militaire. Il s'agit d'un interventionnisme tous azimuts.
La France est en effet une puissance impérialiste qui tente de maintenir son rang, mais qui n'en a pas les moyens historiquement : cela en fait justement le maillon faible.
Le scandale de l'affaire Pierre de Villiers est ici révélatrice. Celui-ci est général et même le chef d'état-major des Armées, c'est-à-dire la plus haute figure militaire du pays, après le Président censé être le chef des armées en général.
Mercredi, il était confirmé à ce poste jusqu'au 31 juillet 2018 et il en a profité, lors de son passage devant la commission de Défense, pour tenir des propos très violents, notamment un « Je ne vais pas me faire baiser comme ça ».
Il exprimait ainsi, avec l'agressivité dont on devine le sens, le refus par l'Armée de voir encore une fois son budget amputé en raison de la rigueur budgétaire, l’État bourgeois étant en faillite toujours plus grande.
850 millions d'euros vont ainsi être enlevés cette année à l'Armée, alors qu'en même temps Emmanuel Macron compte porter le budget de celle-ci à 2% du produit intérieur brut (PIB) en 2025, soit 50 milliards d'euros, contre 32,7 cette année.
C'est une augmentation de plus d'un tiers en cinq ans qui en dit long sur la direction prise : celle de la guerre impérialiste.
L'insubordination du général est donc incroyable. Malgré l'excellente perspective, il se permet d'intervenir sur des choix budgétaires du gouvernement ! Cela témoigne de l'autonomie toujours plus grande de l'Armée, censée être la « grande muette » dans la République.
L'affaire s'est même prolongée, puisque le lendemain, le jeudi 13 juillet, Emmanuel Macron a affirmé qu'il n'était « pas digne d'étaler certains débats sur la place publique », rappelant les militaires à leur « sens du devoir et de la réserve ».
Et que fait le général Pierre de Villiers, le même jour ? Il publie une tribune intitulée « Soyons fiers de nos armées françaises » dans Le Figaro.
C'est un signe : l'Armée suivra la fraction de la bourgeoisie la plus efficace ; si celle que représente Emmanuel Macron n'obtient pas de résultats, alors elle en suivra une autre…
Le poids de cette tendance est si fort qu'il faut ici parler de ce qui s'est déroulé lors du brevet des collèges, qui s'est tenu fin juin. L'exercice d’enseignement civique et moral a consisté en un document d'un think-tank libéral, l’Ifrap, avec un sujet appelant à faire l'éloge de l'Armée :
« Vous avez été choisi(e) pour représenter la France au prochain sommet de l’U.E. Vous êtes chargé(e) de réaliser une note pour présenter une mission des militaires français sur le territoire national ou à l’étranger. Montrez en quelques lignes que l’armée française est au service des valeurs de la République et de l’Union européenne. »
On marche vers la guerre impérialiste : le constat est évident, c'est inévitable de par la base du capitalisme. La compétition entre pays impérialistes pour l'hégémonie, pour un nouveau partage, ne peut amener qu'une catastrophe, à moins que les masses populaires mondiales fassent leur irruption historique et permettent une nouvelle époque.