26 avr 2017

Le refus de voter contre Marine Le Pen : Jean-Luc Mélenchon en populiste sud-américain

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En 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen était au second tour des présidentielles, sans représenter pour autant une véritable menace, Jean-Luc Mélenchon avait exprimé un avis sans ambiguïtés aucune :

« Mettez des gants si vous voulez, des pinces ou ce que vous voulez, mais votez. Abaissez le plus bas possible Le Pen ! »

Il s'agissait alors de voter Jacques Chirac, le représentant du gaullisme.

Cependant, à la suite des résultats du premier tour des élections présidentielles de 2017, Jean-Luc Mélenchon a refusé de prendre position, au nom du fait que son mouvement, la « France Insoumise », serait participatif :

« Je n’ai reçu aucun mandat des 450 000 personnes qui ont décidé de présenter ma candidature pour m’exprimer à leur place sur la suite. »

Pourtant, la puissance politique de Marine Le Pen en 2017 est incommensurablement plus forte que celle de Jean-Marie Le Pen en 2002.

Et il y a un autre fait marquant : qu'a fait Jean-Luc Mélenchon en 2012, à l'occasion du second tour des élections présidentielles ? Il a appelé à voter François Hollande, pour battre la Droite. François Hollande, dont il était évident qu'il représentait quelque chose de catastrophique !

Alors comment comprendre ces zig-zags politiques de Jean-Luc Mélenchon ? Pourquoi a-t-il combattu Jean-Marie Le Pen qui était isolé et ultra-minoritaire, mais pas Marine Le Pen qui a pratiquement la moitié des ouvriers qui votent qui le font en sa faveur ?

Pourquoi ne soutient-il pas Emmanuel Macron, alors qu'il a soutenu François Hollande ?

C'est qu'étant donné qu'il a reçu 19,6 % des voix au premier tour des élections et qu'il ne croit pas en la menace fasciste, il prend une posture de populiste sud-américain.

Il s'imagine qu'aux élections législatives, il peut porter une « vague » populaire l'amenant au pouvoir comme premier ministre, qu'il forcerait alors un changement de constitution au moyen d'une « révolution citoyenne ».

Lien vers le dossier : Les pays semi-coloniaux et semi-féodaux

C'est une stratégie de populiste sud-américain : par le discours « révolutionnaire » et l'appel aux « valeurs », la mobilisation du « peuple » permettra inexorablement un changement de régime.

Il s'imagine que ce modèle est reproductible et il existe toute une littérature populiste, dont celle de la philosophe belge Chantal Mouffe, qui en dresse une théorie pour l'Europe de l'Ouest.

Cependant, ce qui se déroule en réalité en Amérique latine, du point de vue matérialiste dialectique, ce sont des coups d’État d'une bourgeoisie bureaucratique contre une autre, grâce au soutien massif d'une puissance impérialiste désireuse d'en chasser une autre en place.

Le Venezuela de Hugo Chávez a ainsi fait basculer le pays d'une soumission aux États-Unis à une dépendance chinoise, avec une dette massive envers la Chine, des investissements chinois à coups de milliards d'euros, etc.

En clair, une partie de la bourgeoisie bureaucratique se vend à une autre puissance que celle pour qui elle travaillait auparavant. Les rapports de force se modifient, cela tangue dans le régime, jusqu'à éventuellement un coup d’État.

C'est cela qui explique les incessants bouleversements politiques dans le tiers-monde, avec les généraux putschistes, les colonels prétendant représenter le peuple, etc.

Toutefois, la France n'est pas un pays du tiers-monde... À moins d'avoir une vision du monde nationale-révolutionnaire.

Et c'est précisément la vision du monde de Jean-Luc Mélenchon. À ses yeux, la France est victime d'une oligarchie et de l'impérialisme américain.

Lien vers le portail "Front populaire, Démocratie populaire"

Il ne remet en cause ni le capitalisme, ni la bourgeoisie. Et les crimes contre la Nature, la pauvreté, l'exploitation, tout cela est attribué simplement à l'oligarchie, à l'impérialisme américain, à la Loi Travail El Khomri.

Jean-Luc Mélenchon est un populiste qui reprend tous les thèmes où une colère s'exprime, pour la dévier dans un mouvement non pas contre le capitalisme en général, mais contre l'impérialisme américain et ses appendices dans le monde.

L'oligarchie qui dominerait la France serait alors « le monde de la finance » liée aux États-Unis.

Tel est le sens profond de la démarche de Jean-Luc Mélenchon. Et c'est ce qui explique qu'il ne peut pas voir la menace fasciste de Marine Le Pen, car lui-même relève de l'anticapitalisme romantique, comme Marine Le Pen elle-même.

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