Le sens corporatiste du projet de la réforme du code du travail
Submitted by Anonyme (non vérifié)La principale caractéristique sociale du capitalisme connaissant sa crise générale est le basculement dans le corporatisme, c'est-à-dire l'organisation technocratique, par en haut, de l'économie, avec une mobilisation de la base populaire en faveur des projets d'« unité sociale », d'amélioration de la production « nationale ».
Si la révolution socialiste ne vient pas bloquer ce processus, le renverser, le corporatisme avance inévitablement, porté par le fascisme qui n'est, à ce titre, que l'expression politique la plus cruelle et sanguinaire visant à réaliser ce corporatisme, avec la tendance à la guerre impérialiste qui en forme l'arrière-plan.
Le projet de loi pour un nouveau Code du travail, porté par Myriam El Khomri, ne doit par conséquent pas surprendre. Il appartient bien à la « nouvelle » gauche, c'est-à-dire la gauche post-moderne, de contribuer à liquider tout le mouvement ouvrier afin de préparer le terrain pour le fascisme.
C'est une démarche qui correspond au corporatisme que de vouloir que chaque entreprise puisse, sans justificatif aucun, signer des accords amenant une hausse du temps de travail, une baisse des salaires… En s'appuyant, pour cela, sur un « référendum » qu'il serait possible d'organiser dès le soutien par un ou plusieurs représentant 30 % des voix.
Ce n'est ni plus ni moins qu'une opération visant à instaurer le syndicalisme corporatiste dans les entreprises. C'est exactement ce qui correspond au besoin du Front National pour passer un cap et organiser le nationalisme sur le terrain économique.
C'est là aussi le fruit de la tendance au « syndicalisme révolutionnaire » qui s'est développée dans les années 1990 dans l'extrême-gauche, jusqu'à avoir l'hégémonie totale. La CNT, avec son fameux slogan « ni droite ni gauche », avec son syndicalisme « apolitique », a joué un rôle fondamentalement négatif, tout comme Lutte Ouvrière et son discours économiste fondamentalement réducteur, et bien sûr la Ligue Communiste Révolutionnaire qui s'est liquidé pour devenir le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti Communiste Internationaliste qui s'est liquidé pour devenir le Parti Ouvrier Indépendant, etc.
La révolution a été abandonnée comme concept, les luttes de classes remplacées par les mouvements sociaux, les élections, les manifestations et le syndicalisme sont devenus les seuls terrains d'une extrême-gauche aux abois.
Le capitalisme en crise peut profiter de cette vaste opération de liquidation des idéaux issus de mai 1968 pour lancer une opération tous azimuts. Le corporatisme va, cela va de soi, également avec une offensive contre tous les acquis.
Le projet de réforme du Code du travail prévoit qu'un accord peut faire passer le travail de 10 à 12h maximum par jour sans autorisation de l’inspection du travail (amenant donc le maximum du temps de travail possible sur une semaine à 60h et abolissant l'obligation d'avoir 11h de repos entre deux plages de travail consécutives), tout salarié pourra être licencié s'il refuse la modification de son contrat de travail issu de ce néo-corporatisme. Les heures supplémentaires pourront être cinq fois moins rémunérées, les appentis mineurs travailler 10 heures par jour, 40 heures par semaine !
Même en cas de licenciement illégal, l'indemnité accordée aux prudhommes ne pourra pas dépasser 15 mois de salaires et, d'ailleurs, le licenciement pourra être justifié légalement désormais sur la simple base d'une baisse du chiffre d’affaire ou encore d'un montant des commandes.
Les 35 heures avaient servi à renforcer la flexibilité du travail en amenant l'annualisation du temps de tavail et augmentant de manière importante les cadences en « échange » de la réforme ; désormais le capitalisme peut conserver cette flexibilité tout en allongeant le temps de travail. Tel a été le rôle ignoble des réformistes, soutenus par une extrême-gauche heureuse de remplacer le principe de révolution par l'illusion qu'on pourrait travailler moins dans le capitalisme…
Il est plus que temps d'assumer le matérialisme dialectique, le marxisme le plus orthodoxe, et notamment la formulation scientifique de la chute tendancielle du taux de profit expliqué par Karl Marx dans Le Capital.
Face à l'effondrement du capitalisme, aux idéologies relativistes, au révolutionnarisme « expérimental », il faut défendre la science expliquant le monde et le changeant : le matérialisme dialectique. C'est le noyau pour s'opposer à la réforme du Code du travail et son sens corporatiste.