Noël, une fête féodale, une fête capitaliste, une fête des masses
Submitted by Anonyme (non vérifié)On entend souvent dire que Noël est devenue une « fête commerciale », qu’elle est une fête de la consommation, une fête capitaliste et qu’elle doit à ce titre être rejetée.
Or, nous avons vu que Noël était à l'origine une fête féodale tirant ses origines des célébrations antiques du solstice et de la nature d’hiver. Ces aspects se sont maintenus en s'adaptant à la manière dont les percevaient les humains dans les étapes sociales supérieures.
La fête de Noël s’enrichit de nouveaux contenus avec le développement du capitalisme. Le capitalisme portant en lui l’émergence de la famille et de la notion d’individu, la fête de Noël est devenue aussi une fête de la famille.
Avec l’avancée de l’Humanité vers sa nouvelle étape, Noël a commencé à s’enrichir d’une nouvelle dimension, celle de la générosité propre aux masses.
Noël, du fait de sa popularité, exprime donc à la fois les rapports à la Nature, à la famille et à la générosité qu'entretiennent les masses françaises. Mais dans le contexte de la société française des années 2010, Noël est donc forcément l'expression des contradictions inhérentes à ces rapports dans le cadre du mode de production capitaliste. Et ce d’autant plus que Noël continue à charrier des scories négatives du passé féodal que la bourgeoisie n'a pas pu finir d'abolir.
Ainsi, dans le cadre du capitalisme, le rapport des masses avec la Nature est particulièrement perturbé du fait de l'exacerbation de la contradiction entre les villes et les campagnes.
Tout d’abord le lien avec le solstice d’hiver, pourtant historique et participant des fondements de Noël, est masqué par la date même de la fête. Comme nous l’avons vu, fêter Noël le 25 décembre est en fait la conséquence d’une erreur de calcul commise par un astronome de la Haute Antiquité ; erreur qui n’a pu être corrigée par le christianisme puisqu'il cherchait justement à se détâcher de la Nature et qui ne l’a pas été non plus par la bourgeoisie incapable d’assumer la Nature de manière concrète et matérielle.
La coutume du « Sapin de Noël » est elle aussi pétrie de contradictions. D'un côté, elle est au cœur de la célébration de la Nature d'hiver propre à Noël, de la célébration de la vie qui se maintient. D'un autre côté, en utilisant un arbre coupé, donc mort, elle ne respecte pas la plante comme matière vivante. 5,6 millions de « sapins » coupés sont ainsi achetés puis jetés aux ordures par les français tous les ans à Noël.
La contradiction entre les villes et les campagnes s'aiguisant avec l'avancée du capitalisme, une partie des masses sent que cet aspect est problématique. EIles cherchent à leur manière une solution, développant de nouvelles pratiques culturelles comme celle d'acheter des « sapins » en pots ou des Sapins de Noël artificiels.
Mais cela ne règle malheureusement rien puisque d'une part les conifères ne sont pas des plantes prévues pour vivre à la température élevée qui règne dans les habitations ; les 10 à 15 jours passés dans les maisons des humains leur sont malheureusement souvent fatals. Et d'autre part, les Sapins de Noël artificiels sont en général composés de matières extrêmement polluantes et sont de toute façon changés en moyenne tous les 3 ans par les français.
Quant à la pratique consistant à décorer des conifères vivant en extérieur, elle reste très marginale n'étant tout bonnement pas possible dans les villes et n'ayant pas le support culturel nécessaire dans les campagnes françaises.
Le moment familial fort de la fête de Noël est le repas du Réveillon. Celui-ci, dans sa forme actuelle, porte aussi des scories du passé féodal, époque de pénurie où régnait régulièrement la disette et les conditions de vie rudes en hiver.
Aujourd’hui, alors qu'il n'y a plus besoin de faire un « repas gras », le repas de Réveillon est un repas où l’on mange trop et de manière très déséquilibrée. C’est un repas durant lequel est souvent consommé avec abus des produits néfastes pour la santé, comme l’alcool, des plats beaucoup trop gras et en quantité trop abondante, au point que nombre de gens en tombent malade.
La surabondance de produits issus de l’exploitation animale la plus violente est un marqueur de ce rapport particulièrement contradictoire des humains avec la Nature et la vie sous le mode de production capitaliste. Les mets considérés comme les plus « luxueux » sont en fait ceux provenant de l'exploitation animale la plus barbare comme le « foie gras » (consistant en un foie d'une volaille rendue malade à cause du gavage au point d'en mourir) ou le « chapon » (des coqs dont les testicules sont arrachées à la pince lorsqu'ils sont petits et que l'on tue après à peine une centaine de jours de vie).
La consommation massive de poissons et d’œufs de poissons est un moteur à l'extension de l'industrie de la pêche qui est en train de vider petit à petit les mers et les océans des espèces vivantes vertébrées. Il en va bien sûr de même des huîtres ou des escargots - ces animaux que l'on peut côtoyer régulièrement y compris dans les villes et pourtant si mal aimés.
A cet égard, il est d'ailleurs notable qu'il soit pratiquement impossible de trouver les chiffres réels du nombre d'animaux tués pour le fête de Noël en France.
Le repas du Réveillon et les regroupements familiaux des jours le suivant sont aussi souvent le théâtre de « psychodrames » familiaux bien loin de la célébration de la joie d'être ensemble, par ailleurs souvent ressentie avec sincérité en cette période. Les contradictions et les luttes inhérentes à la forme bourgeoise de la famille explosent au grand jour durant la fête de Noël qui met justement en avant la famille basée sur l'amour et la générosité.
En effet, si la famille bourgeoise met en avant l'amour, la fidélité, le respect mutuel de ses membres dans ce qui fonde leurs personnalités, elle est en réalité bien souvent un lieu d'hypocrisie où l'adultère et le recours à la prostitution est fortement présent, où l'on apprend aux enfants à se soumettre à l'arbitraire et à accepter la domination des adultes. Les enfants servent bien souvent de faire-valoir et leurs réels besoins et personnalités ne sont pas pris en compte.
Cela est dû au fait que la famille bourgeoise est encore une forme sociale patriarcale fondée à la base sur l'intérêt et devant fonctionner comme unité économique en concurrence avec les autres. Elle est parcourue par la lutte entre la société capitaliste en train de mourir et la société socialiste en train de naître. Plus la socialisation des moyens de production progresse et plus progresse l'amour comme base de la famille. Mais le renversement n'a pas encore eu lieu.
De la même manière, plus la socialisation des moyens de production progresse, plus les masses se renforcent et se structurent et donc plus la générosité qui leur est propre est appelée à devenir une valeur dominante. Mais dans le cadre de la société bourgeoisie, elle ne peut s'exprimer pleinement et se retrouve déviée, enserrée dans dans le mode de production capitaliste. Il en va ainsi de la coutume de s’échanger des cadeaux.
Cette coutume est la base de toute une économie, les gens étant poussés toujours plus à la surconsommation. Dans les familles bourgeoise, on achète des cadeaux en nombre toujours plus grand, de manière de plus en plus délirante, afin de sacrifier au « paraître » sans fondement. Cette pratique s'est largement répandue dans les familles petites-bourgeoises des banlieues des villes et maintenant dans une large part des masses, poussées en cela par les publicités des trusts de l'industrie du jouet et de la grande distribution. La période de Noël est maintenant pour de nombreuses personnes le synonyme de l'endettement par des prêts à la consommation afin d'offrir plus de cadeaux plus chers à leurs enfants.
L'image du Père Noël est elle aussi accaparée par les monopoles agro-alimentaires ou de la grandes distributions. Au point que la légende, fausse, voulant que ce soit Coca-Cola qui ait créé le personnage du Père Noël est considérée comme une vérité par beaucoup de monde. Pourtant, la réalité est que Coca-Cola s'est juste servi du personnage du Père Noël pour pouvoir vendre des boissons fraîches en hiver en plus de l'été.
En s’accaparant ainsi le Père Noël, les monopoles cherchent à vider de son sens le principe de générosité en lui mettant comme contenu leurs propres activité qui ne consistent qu'à produire et vendre plus de marchandises.
En ce sens, il est vrai de dire que Noël est une fête capitaliste. Mais chaque chose a deux aspects et ceci n'est qu'un de ses aspects. La loi de la contradiction est la réalité de toute chose et la lutte de classe traverse donc tous les aspects de la société.
La fête de Noël est certes une fête capitaliste, mais comme toute fête, elle est portée culturellement par les masses qui la remplissent de leur contenu. Par le socialisme, les masses françaises libéreront Noël du capitalisme et des scories du féodalisme que cette fête porte encore. Elles l'instaureront comme fête consciente de la Nature et du solstice d'hiver, comme fête de la famille basée sur l'amour et la sincérité et comme fête de la générosité et du partage. Elles instaureront Noël comme une fête basée sur la joie, le raffinement et le respect de la vie pour elle-même.