13 mai 2015

Julien Coupat : le subjectivisme agent du fascisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le fascisme est un mouvement qui prétend régénérer la société, ré-impulser l'économie, l’État, la vie intellectuelle et culturelle, par l'intermédiaire de mobilisations « révolutionnaires » fondées sur un anticapitalisme romantique.

Telle est notre thèse, qui nous est propre ; encore serait-elle partielle s'il n'y avait pas une juste compréhension du fascisme dans sa spécificité française. Dans chaque pays, en effet, les modalités d'expression du fascisme sont différentes.

Dans notre pays, le fascisme doit tout à l'école d'Uriage, ainsi qu'à Pierre Drieu La Rochelle qui appartenait au PPF de Jacques Doriot : on est dans le style chevaleresque, dans l'aventurier qui s'interpose face au « mal » qui gangrène la base « saine » de la société.

Le national-socialisme avait la même démarche, mais dans le cadre allemand ; en France, le fascisme a une posture plus littéraire, plus anarchiste de droite, plus chevalier voyou au service d'une noble cause, plus aventurier à la mode pirate ou corsaire.

Telle est exactement la démarche de Julien Coupat ; on s'en doutait hier, c'est encore plus net aujourd'hui avec ses propos tenus à la radio, sur France Inter, parallèlement à une interview écrite dans le journal L'Obs sortant aujourd'hui.

A l'occasion donc d'une interview « exclusive » à la radio réalisée par la journaliste Léa Salamé, Julien Coupat ne sait faire que deux choses : bafouiller systématiquement à coups de « euh » et dénoncer la surveillance étatique, en présentant l’État comme une entité malfaisante.

Il n'y a ni méthode, ni style, ni contenu, ni esprit. C'est tellement surprenant que Léa Salamé, qui a pris soin d'étudier ses fiches, demande à Julien Coupat s'il est pour un « soulèvement généralisé ». Il ne fait que répondre un sobre « oui ».

On est dans l'attitude typiquement fasciste du rebelle sans cause, du chevalier s'interposant face au « mal », sans jamais que le contenu ne soit présenté.

Léa Salamé sait pourtant à qui elle affaire et cela la perturbe : à la base Julien Coupat et toute sa clique étaient censés avoir les mêmes objectifs que nous. Il y a l'affirmation de la révolution, c'est-à-dire la destruction de l’État par la violence révolutionnaire.

Léa Salamé s'attendait à des envolées lyriques, seulement voilà : pour cela il faut l'idéologie communiste, de type marxiste-léniniste-maoïste, l'élan idéologique du matérialisme dialectique, l'affirmation de la guerre populaire comme théorie universelle du prolétariat. Or, Julien Coupat n'est pas Gonzalo...

Désappointée, Léa Salamé tend alors une perche énorme, demandant à Julien Coupat s'il se sent « l'héritier du marxisme des années 1970 en Italie, par exemple »…

Dossier sur Trotskysmes et néo-socialismes françaisC'est une allusion bien entendu au mouvement autonome italien de l'époque, avec entre autres l'autonomia operaia, ou encore aux Brigades Rouges, mais surtout à l'autonomie donc puisque c'est la véritable tradition dont vient Julien Coupat et sa clique insurrectionnaliste synthétisée dans L'insurrection qui vient, les écrits du Comité invisible, de Tiqqun, etc.

Dans la tradition autonome, « toto » pour reprendre l'argot parisien, on vise à propager le principe de la révolte permanente contre le « système », avec de multiples variantes réformistes comme révolutionnaires, ainsi que pré-fascistes voire pratiquement fascistes.

On a ici affaire à ce dernier cas, à ce nihilisme petit-bourgeois servant les intérêts du fascisme. Julien Coupat ne peut pas de ce fait assumer le parcours de la gauche révolutionnaire, quelle qu'elle soit. Il peut jongler avec des images, comme des adolescents sur un blog tumblr avec des images d'émeute, mais c'est vain, idéaliste, subjectiviste, purement esthétique.

Ses propos délirants sur le mouvement du 11 janvier en témoignent : il ne se plaint que de l'affirmation policière et militaire alors qu'il rentrait en avion du Mexique, où il était allé voir les zapatistes, dont la faillite depuis plus de 20 ans saute aux yeux de tout un chacun…

Pire, et de manière typique à l'ultra-gauche, Julien Coupat dénonce comme un complot le mouvement du 11 janvier, marchant dans les pas d'Emmanuel Todd. Il tente même de faire de l'humour, franchement sordide de par son égocentrisme, son déni de la réalité :

« Si Cabu, pour la génération de 1968, c'est L'Enragé, Hara Kiri, etc., pour la mienne, c'est Récré A2. Faut-il que la sagesse de ce monde soit devenue complètement folle pour être contemporain d'un attentat à l'arme lourde contre le Club Dorothée ? »

On est là dans une position niant pratiquement la réalité, sa complexité ; on est surtout dans la posture, comme dans une interview d'il y a quelques semaines donnée par le « Comité invisible » à un quotidien allemand, Die Zeit, traduit et publié par Rue89/L'Obs : aux questions du quotidien, il n'est répondu que par des citations (Karl Marx, Michel Foucault, Friedrisch Nietzsche, Auguste Blanqui, le mystique chrétien Reiner Schürmann ou encore Thomas Münzer auteur du fameux slogan écrit sur les murs de Poitiers il y a quelques années lors du saccage du centre-ville).

C'est là une belle stratégie littéraire, sauf que le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de Julien Coupat et des autres gens de Tarnac…

Julien Coupat a beau considéré cela comme « hilarant » et traiter les fonctionnaires anti-terroristes d'« auteurs ratés de polars », il va se fracasser contre la réalité, parce que l’État n'est pas dupe du jeu pratiqué par lui et sa clique : passer pour de beaux rêveurs afin de se cacher derrière les socialistes et les médias de gauche pour éviter la répression.

C'était là une erreur terrible, alors que ces socialistes consistent désormais en François Hollande et en Manuel Valls, qui tiennent très à cœur de satisfaire les exigences républicaines d'écrasement de l'affirmation révolutionnaire, que de toutes manières Julien Coupat n'est même pas prêt à assumer.

Il aurait dû être un tribun, un dirigeant révolutionnaire : au lieu de cela, il n'aura été qu'un avatar bourgeois littéraire anti-démocratique ayant prétendu à l'échappée révolutionnaire insurrectionnelle, un agent au service du fascisme par ses rodomontades, ses provocations stériles, son confusionnisme mystique, son subjectivisme post-moderne.

Rubriques: 
Resume page accueil: 
Avec Julien Coupat, on est dans l'attitude typiquement fasciste du rebelle sans cause, du chevalier s'interposant face au « mal », sans jamais que le contenu ne soit présenté...