17 fév 2014

Les conséquences des inondations en Bretagne sont-elles inévitables ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis deux mois les tempêtes se succèdent dans l'ouest de l'Europe, provoquant la crue de la plupart des cours d'eau. La Bretagne est particulièrement touchée par les inondations qui provoquent de nombreuses perturbations et dégâts. Il est légitime pour les masses de savoir si cela est évitable ou non.

Quelle est la situation ?

Depuis la tempête Dirk fin décembre 2013, la Bretagne connaît un hiver particulièrement doux et venteux, ainsi que de nombreuses précipitations de pluie et de grêle.

Les sols surchargés d'eau n'absorbent pas les pluies qui s'accumulent et ruissellent, provoquant des dégâts importants dans les habitations humaines et animales ou les bâtiments commerciaux et publics, voir dans des quartiers entiers.

Les rivières et cours d'eau comme le Blavet, l'Oust, la Vilaine aval ou la Laïta ne parviennent pas ou difficilement à amorcer leurs décrues.

En janvier 2014, les précipitations ont été deux fois plus importantes que la normale saisonnière avec une moyenne régionale à 197,5mm contre 98,2mm normalement.

Durant les deux derniers mois, il y a eu des dizaines de milliers de foyers bretons privés d'électricité du fait de poteaux arrachés. Et des oiseaux vivant dans l'océan Atlantique meurent à cause des tempêtes. Ils sont en plus victimes, comme les plages, de pollutions au mazout provoquées par des criminels profitant de la tempête pour dégazer en toute discrétion leurs navires.

Les pluies incessantes perturbent les activités en plein air des sportifs (football, running, cyclisme, etc.), des promeneurs (de nombreux parcs ou chemins de promenades sont inaccessibles depuis plusieurs semaines).

L'activité agricole est ralentie voir carrément arrêtée dans certains cas du fait des surplus en eau dans les sols. Des artisans comme les paysagistes sont au chômage technique, de même que dans la construction et les travaux publics ainsi que pour les pêcheurs en mer (ce qui a l'avantage d'accorder un répit aux ouvriers du bâtiment particulièrement exploités et aux animaux marins massacrés en remontant par les filets des chalutiers).

Les crues occasionnent la fermeture de routes comme aux alentours de Redon ou sur le tronçon Nord du périphérique nantais.

Les conséquences les plus graves, celles occasionnant de gros dégâts, sont surtout causées par les inondations et la boue emmenée avec comme à Quimper, Morlaix, Landerneau et Quimperlé. Elles sont particulièrement spéculaires de par leur ampleur et leur « continuité » depuis la fin 2013.

Qu'elle est l'origine des inondations en Bretagne ?

Les inondations sont en général le résultat de la crue naturelle des cours d'eau. Si nous prenons par exemple, le lit de la Loire à son estuaire, on voit qu'il est particulièrement mobile. Non seulement, il évolue avec les marées, mais il y a aussi une grande différence suivant les saisons. C'est la même chose pour la Vilaine ou bien l'Élone qui se jette dans la rade de Brest.

Ce changement permanent est aussi valable pour toutes les rivières et les tous les fleuves. On distingue pour chacun d'entre eux :

  • le lit mineur, c'est-à-dire l'espace qui est normalement occupé par les eaux. Il est délimité par les berges de la rivière ou du ruisseau et il évolue, depuis le mince filet d'eau d'été jusqu'à l'abondance du printemps ;
  • le lit majeur, il s'agit là de l'environnement immédiat du cours d'eau, constitué essentiellement de prairies. Il est régulièrement recouvert par les eaux (normalement plusieurs fois chaque année à la même saison) ;
  • le lit majeur exceptionnel, se formant lors de grandes crues. Il est constitué de zones inondables, normalement non-constructibles.

Les inondations sont le produit du mouvement de l'eau sur la Terre. Ce mouvement se produit à différentes échelles géographiques et historiques, mais il est permanent :

  • à petite échelle, comme le disait le philosophe grec antique Héraclite, on « ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière » car les molécules d'eau ne stagnent pas mais forment un ou des courants ;
  • à l'échelle des rivières et des ruisseaux eux-même qui voient leur lit évoluer, des nappes phréatiques et des zones humides qui s'engorgent puis s'assèchent au rythme des saisons, des océans qui vivent avec les marrées et les littoraux façonnés par l'érosion ;
  • à grande échelle, avec les fleuves se façonnant de nouveaux lits à mesure que les reliefs se forment et se déforment, de la même manière que les océans épousent les contours des continents en mouvement.

Les inondations sont donc avant tout un phénomène naturel et nécessaire car l'eau a une place primordiale dans la biosphère (comme nous l'avons vu à propos de la zone humide de Notre-Dame-des-Landes).

Mais les inondations telles que les subissent aujourd'hui la Bretagne sont aussi amplifiées par le mode de production capitaliste.

Les inondations ne sont pas seulement naturelles

À mesure du développement des forces productives, les modifications de la nature par l'Humanité ont été de plus en plus importantes. Les destructions et modifications accumulées et mal ou pas du tout organisées aggravent les situations d'inondations.

Le sol des villes et des banlieues péri-urbaines est quasiment imperméable, les eaux s'y accumulent. Les systèmes de canalisation servent à contourner ce problème mais ils sont très vite saturés lors de grosses pluies.

Le tassement des sols agricoles est un problème assez similaire dans les campagnes : le passage répété des tracteurs, la présence animale et le travail en profondeur de la terre modifient leur structure, l'eau y pénètre de plus en plus difficilement.

L'asséchement des zones humides pour la construction de quartiers pavillonnaires ou de centre commerciaux, ou encore d'aéroport, perturbent de son côté l'organisation hydraulique naturelle. Les bassins naturels ne se forment plus convenablement en hiver (et sont vite asséchés en été), ce qui condamne les eaux à venir saturer les rivières.

La déforestation est un autre facteur renforçant les inondations car les végétaux ont un rôle important pour la circulation de l'eau (et inversement, ils ont besoin d'eau pour vivre).

Enfin, le changement climatique produit par l'activité humaine augmentent le taux de précipitation dans certaines régions comme la Bretagne.

Les inondations ne sont pas un problème pour l'Humanité reconnaissant la nature

Reconnaître la nature, c'est pour l'Humanité  reprendre sa place au sein de la biosphère. L'une des premières mesures à prendre est de faire reculer l'étalement urbain ; en priorité doivent être démantelées les constructions qui se trouvent dans les zones inondables et les zones humides.

Il y a également toute une réflexion à avoir sur le fait que dans une ville comme Quimperlé, des caves sont inondées chaque hiver : l'Humanité doit comprendre qu'elle ne peut pas s'installer partout dans la biosphère. Comme les autres animaux elle doit choisir des lieux de vie adaptés à sa réalité naturelle.

En toute logique, les plaines d'inondation naturelles doivent être respectées et leur territoire doit être étendu. Il est inacceptable que des permis de construire soit accordés là ou les eaux ont besoin de place pour circuler comme c'est le cas aujourd'hui.

Les logements ne doivent pas être de simples marchandises, construits et déconstruits selon les besoins capitalistes. La frénésie petite-bourgeoise en France qui fait du pavillon individuel avec jardin en périphérie des villes le modèle culturel à atteindre doit être combattu. Il est légitime de vouloir fuir les grands ensembles urbains, mais cela ne doit se faire au détriment et à l'encontre de la réalité naturelle.

L'agro-industrie capitaliste, responsable de bien des crimes contre la biosphère en Bretagne, doit également être au cœur de la réorganisation nécessaire vers le mode de production socialiste. Sans cela, les catastrophes s'accumuleront avec des conséquences de plus en plus désastreuses.

Il est légitime pour les masses de revendiquer de la protection et de s'insurger contre les dégâts provoqués dans leur vie par les inondations, d'autant plus que la bourgeoisie tente de masquer ses responsabilités.

En décembre après la tempête Dirk, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls en déplacement en Bretagne avait reconnu des dysfonctionnements dans la prévision de l'ampleur de crues. « Je vais demander aux préfets concernés, notamment au préfet de région, de tirer un certain nombre d'enseignements, faire un certain nombre d'évaluations (...) pour comprendre pourquoi le niveau d'alerte (...) un cran au-dessus n'a pas été donné » avait-il expliqué, avant que soit annoncé que l'état de catastrophe naturelle serait reconnu (c'est nécessaire vis-à-vis des assurances).

Est ici invoquer un « coup du sort » et l'Etat bourgeois prétend pouvoir mieux gérer la situation la « prochaine fois ». Mais cela est faux, les inondations provoqueront toujours des dégâts, et de plus en plus, tant que l'humanité refusera de reconnaître la biosphère et de changer de mode de production.

Il n'y a pas véritablement de catastrophe naturelle avec les inondations en Bretagne, il y a surtout un mode de production à bout de souffle qui n'est pas en mesure de s'adapter au changement climatique et d'organiser la vie conformément à la réalité naturelle.

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