17 oct 2013

A propos de l'élection de Niort comme "capitale de la bioversité"

Submitted by Anonyme (non vérifié)

En France, peut-être moins que dans d'autres pays impérialistes, une partie de la bourgeoisie cherche à contourner la contradiction ville/campagne en prétendant qu'il serait possible de rendre le capitalisme « durable ». Une initiative nationale comme celle d'élire chaque année depuis 2010 une « capitale française de la biodiversité » sert directement à cela.

Le concours est organisé par Natureparif, « l'agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France » et est soutenu par plusieurs régions : Aquitaine, Basse-Normandie, Bretagne, Centre, Midi-Pyrénée, Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côte-d'Azure et Rhone-Alpes. Le groupe GrDF, gérant du réseau du distribution de gaz en France soutient financièrement ce concours.

Cette année c'est la ville de Niort (dans les Deux-Sèvres) qui a été désignée « capitale française de la biodiversité », succédant à Lille (dans le Nord) en 2012 , à Montpellier (dans l'Hérault) en 2011 et à Grande-Synthe (dans le Nord) en 2010.

C'est une initiative qui reste assez confidentielle car en France l'écologie n'intéresse pas. Mais pour autant c'est une initiative importante, qu'il faut être en mesure de comprendre.

Résoudre la contradiction ville/campagne, cela signifie dépasser le mode d'organisation social et productif que forment actuellement les villes et les campagnes. Cela signifie que l'humanité doit pénétrer dans une ère nouvelle grâce à un mode de production qui n'est plus en conflit avec la nature.

Ce mode de production, commençant par le socialisme, ne peut qu'être porté par le prolétariat contre la bourgeoisie car il est contradictoire avec l'accumulation du capital vitale à la bourgeoisie.

La bourgeoisie peut reconnaître en partie l’aggravation de la crise écologique, elle est capable de percevoir une menace pour l'accumulation du capital, mais elle est incapable de saisir la nécessité historique de reconnaître la biosphère.

La raison est simple : la bourgeoise ne peut pas exister sans les villes et les campagnes. Et la réalité même des villes et des campagnes entre en contradiction avec la biosphère.

Le concours de capitale française de la biodiversité est particulièrement intéressant à ce sujet. Ils vise à pousser le plus loin possible, par des micros exemples, l'idée qu'il serait possible de concilier les villes et les campagnes capitalistes avec les besoins de la planète Terre.
Cette année le thème du concours était « L’eau, la ville, la vie ! »  et il est expliqué que

« le jury a apprécié la volonté politique de la ville [de Niort] de stopper l’étalement urbain, sa démarche stratégique sur la trame verte et bleue urbaine et des actions exemplaires pour préserver et restaurer les cours d’eau et zones humides en ville. »

Effectivement, comme nous l'avons vu à propos de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, la question de l'eau et des zones humides est essentielle. Les villes produites par le capitalisme sont des monstres qui assèchent les sols, le béton et le bitume empêchant l'eau de pénétrer la Terre. Dans les campagnes les eaux sont souillées par l'agro-industrie.

A travers ce concours, la bourgeoisie prétend pouvoir contourner cela en expliquant qu'il y aurait des villes qui permettraient la « préservation de la biodiversité ». Seulement c'est impossible. Niort est présentée comme une ville qui aurait décidé de stopper l’étalement urbain (mais il n'est rien présenté à propos des zones humides). La question n'est pas aujourd'hui d’arrêter l’expansion urbaine, il s'agit de dépasser les villes, comme nous le montre l’étude des enseignements de Karl Marx et Friedrich Engels à propos de la contradiction ville/campagne.

La ville de Niort vante une « gestion écologique des espaces publics » avec « zéro pesticide sur les espaces verts et la voirie » (sauf les terrains de sports) ainsi qu'un « passe à poissons migrateurs » sur un seul des ouvrages hydrauliques de la Sèvre sur le territoire de la ville.

Cela est peut-être une bonne chose en soi, mais qu'est ce que cela signifie par rapport à l'agression généralisée contre la biosphère, y compris dans la ville de Niort elle-même ? Quand est-il des milliers d'automobiles y circulant, des bouchons quotidiens aux abords de la rocade avenue de Nantes, des zones commerciales glauques à la périphérie de la ville, des tonnes de déchets polluant produits chaque jour et des milliers d'animaux y survivant tant bien que mal ?

Cela ne signifie bien sûr pas grand chose, ce sont des micros aménagements à la marge dans une petite ville française principalement pavillonnaire et à l'économie tertiaire ayant décidé de miser sur une image « verte ».

La meilleur preuve que cette prétention bourgeoise à des villes écologiques est une escroquerie est l'attribution du lauréat de la catégorie « Grandes villes »... à la ville de Paris !

Il est expliqué, de manière assez osée, que

« le jury a souhaité récompenser Paris pour son action de protection de la ressource en eau en dehors des limites de la ville et le développement de milieux humides et de mares intra-muros. »

Les exemples donnés pour justifier cela sont :

- quelques trous d'eau artificiels dans des parcs au milieu des boulevards et des tours de bétons de la ville (l'une des plus dense du monde), ce qui serait censé favoriser la biodiversité ;

- autour des lieux de captage d'eau de la ville de Paris (ailleurs en France qu'à Paris donc), l'environnement serait préservé par des agriculteurs « bio » et « le maintien en herbe des bords de champs » avec « des bandes de 10 m au lieu des 5 m règlementaires le long des cours d’eau ».

Le fait que l'on puisse se satisfaire de mesures aussi anecdotiques, alors que dans la réalité la ville de Paris et sa banlieue est un monstre qui nécessite toute une agro-industrie écocidaire pour l'approvisionnement de sa population, montre bien que la bourgeoisie n'a aucune solution ni ambition pour faire face à la crise écologique.

La bourgeoisie française n'acceptera jamais d'abolir la ville de Paris et sa banlieue qui sont une insulte à la nature en ayant déboisé des milliers d'hectares de forêt dans la région, en ayant recouvert toute une rivière qui traversait la ville (la Bièvre, affluant de la Seine, a entièrement disparu du paysage parisien).

De la même manière, tant que le mode de production capitaliste et sa culture individualiste domineront, il sera impossible de changer une ville comme Niort où 65 % de l'habitat est constitué de pavillons avec jardin individuel.

Les villes et les campagnes d'aujourd'hui ne sont pas compatibles avec les exigences de la biosphère. L'humanité doit reculer dans des Communes Populaires cherchant l'harmonie avec leur biotope.

Des zones de nature de plus en plus importantes doivent être sanctuarisées. Dans un pays comme la France, à l’exception de certaines zones montagneuse, il n'existe aucun lieu où l'humanité organisée dans le mode de production capitaliste n'impose pas sa trace. Cela doit changer.

La contradiction ville/campagne forme avec la contradiction entre le travail intellectuel et le travail manuel les deux contradictions principales du mode de production capitaliste. Avec l'aggravation de la crise écologique, en fait de l'écocide mené par le capitalisme, la contradiction ville/campagne prend toujours plus d'importance à mesure que l'humanité avance dans le 21e siècle.

Comprendre la contradiction ville/campagne, c'est comprendre que l'on ne changera pas la situation en aménagement les villes et les campagnes mais en les abolissant.

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