Sur une affiche réactionnaire d'André Fougeron
Submitted by Anonyme (non vérifié)André Fougeron a été un artiste au service du communisme, mais le problème est qu'en France, le communisme a été bien surtout un jauressisme « dur », sans base matérialiste dialectique. Tel a été le prix à payer pour l'absence historique de social-démocratie.
L'affiche d'André Fougeron employée par des « marxistes-léninistes » est ainsi une véritable honte, elle rappelle à quel point la base idéologique du communisme en France est faible. Il ne faut pas s'étonner que le « Parti Populaire français » de Jacques Doriot a pu se construire à partir de renégats du Parti Communiste, quand justement on voit la faiblesse idéologique à la base.
Ce qui frappe déjà, dans cette affiche, bien entendu, c'est la main crochue sur la troisième image. C'est absolument frappant ! On est là dans une propagande nazie tout à fait traditionnelle, et il est difficile de penser que les communistes français aient été, malheureusement, si mauvais idéologiquement, qu'ils n'aient pas remarqué cela.
L'image de l'homme fort, viril, « sain », opposé à la main crochue d'une figure inhumaine appropriatrice, est absolument typique de l'idéologie national-socialiste, pour qui l'ennemi ne vient pas du mode de production, mais de l'extérieur de la société, en parasite.
C'est la base même du national-socialisme de réfuter le caractère interne de la contradiction, et de trouver un ennemi « inhumain » comme « cible ».
D'ailleurs, la seconde image reflète cette idéologie, la même que Dieudonné ou Alain Soral. Le « riche » se cache derrière un soldat. Évidemment, l'erreur d'André Fougeron vient que les mineurs se voyaient confrontés à l'armée juste après 1945.
Mais là est le problème : en résumant – et une affiche politique synthétise, de fait – la lutte à un combat contre une oppression « extérieure », un peu naturellement comme une sorte de prolongement de la Résistance, on aboutit à quelque chose n'ayant rien à voir avec le matérialisme dialectique.
On reconnaît ici à quel point la démarche de Maurice Thorez témoigne d'un très grand pragmatisme, d'une sorte de sauve-qui-peut général : si le Front populaire a été une excellente chose, il s'est retourné en son contraire, en jauressisme « radical » aboutissant au « programme commun », à la trahison complète : en capitulation devant la bourgeoisie.
La bourgeoisie est à ce point absente de l'affiche ne vise qu'une sorte d'oligarchie, symbolisée par l'être inhumain à la main crochue « abusant » l'armée, mais également donc, sur la première image, par le coffre-fort, qui semble ensanglanté.
Le thème du sang est éminemment marqué : l'antisémitisme médiéval n'a cessé d'accuser les Juifs de crimes rituels où des enfants se voient vider de leur sang, à Pâques. Toute la propagande pseudo antisioniste, en fait antisémite, reprend ce thème du meurtre d'enfants.
C'est une démarche classique des Frères Musulmans, par exemple, mais en fait tous les antisémites se focalisent sur cette argumentation du Juif « tueur d'enfant », suceur de sang, comme par exemple ce petit poster marxiste-léniniste parlant d'Israel noyant les peuples dans le sang.
Il serait bien absurde, en effet, d'oublier, de nier l'histoire culturelle et de ne pas comprendre comment justement il y a une bataille de positions culturelles et idéologiques.
Si on prend justement la première image, avec les gens portant un coffre-fort, il s'agit d'une référence évidente dans un pays comme la France. Il est impossible, dans un pays de culture catholique comme la France, de ne pas penser à l'arche d'alliance des Hébreux.
Ainsi, l'allusion antisémite est patente. Les « humains » se voient esclavagisées par une force obscure, avec comme référence en apparence un coffre, mais en allusion au judaïsme.
Prise de manière isolée ce serait totalement discutable, associée aux deux autres images, celle-ci devient évidente.
Et en tout cas il est évident que sur le plan de l'économie politique, il n'y a strictement rien de matérialiste dialectique. Le communisme ne raisonne pas en termes de forces d'occupation, sauf justement quand un pays est occupé par une armée étrangère !